ὑγιαίνων ἔλθοις ἄδελφε
hugiainôn elthois adelphe
Chers amis,
Comme je le disais dans
mon dernier message, j’ai accueilli mon frère et ma belle-sœur. Ils ont voyagé
dans la nuit de samedi à dimanche et je les ai rejoints à la gare centrale de
Jérusalem. Ils avaient pris le premier train. Tout d’abord, nous avons pris un
café-croissant à la gare (bon, le croissant était local, c’est-à-dire
spongieux). Puis tramway jusqu’au Collège pour déposer les bagages et leur
laisser faire une petit sieste matinale pour éponger la fatigue de l’avion.
Venant de Bruxelles, ils avaient pour compagnie des diamantaires anversois
assez bruyants. À 9 h 30, nous sommes partis pour aller faire un tour
dans la Vieille Ville. Tout d’abord, le Saint-Sépulcre, toujours bondé… La
queue pour la tombe commençait à la pierre de l’onction. Puis souks,
curiosités, rues, églises, vieilles dalles… Nous sommes sortis par la porte de
Damas et sommes arrivés à l’heure pour la messe de l’École biblique. Roch a
même fait la deuxième lecture. Cela faisait très longtemps que je n’étais pas
allé à la messe du dimanche à l’ÉBAF (je pense qu’il faut remonter au 15 novembre 2015) et j’ai bien apprécié : assemblée qui chante, célébration
qui ne galope pas.
Après la messe,
mondanités pour saluer qui et qui… Puis nous nous sommes dirigés vers la rue
Ben Yehouda pour manger un bon déjeuner : la fameuse shakshouka. Puis nous
avons traversé Mea Shearim, l’emblématique quartier ultra-orthodoxe de
Jérusalem. Rues étroites, balcons en verrues transformés en vérandas, les
gamins en stabulation libre dans la rue… Puis nous avons récupéré la voiture
que Roch et Agathe louent ces jours-ci. Retour au Collège, récupération des
bagages et c’était parti pour Bethléem où ils vont crécher deux nuits. Mes amis
Denis et Dorothée avaient leur avaient ouvert leur appart’.
Comme c’était dimanche
soir, ils accueillaient en plus les volontaires de Bethléem. Un jeune couple
qui rend service à la crèche des Sœurs de Saint-Vincent de Paul et Maylis qui
est à la maternité. Cette dernière fêtait ses 24 ans ! Apéro, repas et
après-repas très sympa, même si certaines oreilles médisantes ont dû siffler.
On n’arrivait plus à se coucher mais j’étais un peu crevé et savait que le
lendemain serait lui aussi crevant… En fait, j’ai finalement dormi sur place
(l’appart est grand !) et n’ai pas entendu le muezzin.
Ce matin-là, nous avons
dormi un peu plus longtemps. Nous avions prévu de “faire” Bethléem. Vers 9
heures, nous voilà partis en voiture pour aller à la Basilique. Nous passons à
Bab el-Sqaq pour retrouver la rue de la Mangeoire. Je pensais que nous pourrions
nous garer sur la place du même nom, mais ça n’était pas possible ! Nous
avons déniché un autre parking, tenu par les Arméniens mais le temps de se
rendre compte de son existence, nous l’avions dépassé… Dans ces ruelles
sinueuses, impossible de faire demi-tour. Nous sommes passés sous le carmel,
avons récupéré la rue Nasser, la rue Muqata’a pour arriver à Bab el-Sqaq (le Times
Square de Bethléem, ne vous affolez pas !). C’était reparti pour un
tour. Nous n’avons pas raté le parking cette fois-ci.
Nous avons fait le tour
de la Basilique de la Nativité (deux heures de queue pour la grotte au bas
mot). Puis la grotte du lait. Je pensais que nous pourrions passer chez les
Petites Sœurs de Jésus mais elles étaient fermées… Emplettes chez mon ami Roni.
Puis petit tour dans le souk de Bethléem, le quartier des bouchers valait le
détour. Petit café ou thé à la menthe. Nous avons visité l’église syriaque qui
est dans la montée.
Retour à la Basilique
pour la procession de midi. Il faut arriver un peu à l’avance et attendre près
de la corde en velours. Je suis allé voir le franciscain et nous nous sommes
avancés. Avec nous, le groupe du P. Bonaventure avec lequel j’ai étudié au
Biblique et qui est prêtre du diocèse de Moscou (même s’il est
camerounais !) : une trentaine de saintpétersbourgeois. Une dame
parlait français. Dans la grotte de la Nativité, ils ont prié le Notre Père en
russe, les russes orthodoxes qui attendaient dans l’escalier de pouvoir vénérer
l’étoile de la Nativité ont fait une drôle de tête… Comme toujours, la
procession a été un beau moment, recueilli et émouvant.
Puis déjeuner au
restaurant The Square. J’ai pris la salade Square qui est super
bonne.
Puis route vers
l’Hérodion. Il y avait un monde fou. Nous avons acheté nos billets et admiré le
petit film : un péplum à (pas trop) gros budget sur les funérailles
d’Hérode. Musique dramatique, ralentisArrivés au sommet de la forteresse, nous
avons admiré la vue. La cour intérieure était bondée de gamins en sortie
scolaire. Je crois avoir compris que les enfants avaient préparé de petites
interventions orales sur divers aspects du site : ils parlaient tous en
même temps, aucun n’était assis et dans un coin, la maîtresse résignée et
franchement débordée par les événements attendait que ça se passe. Nous avons
exploré les souterrains au milieu de la marmaille tout émoustillée de la
présence d’étrangers : « Where are you from ? Hi
five !... » Devais-je leur avouer que j’avais mangé un curry de porc
la veille au soir ? En sortant des souterrains, petite déception : le
théâtre et la tombe présumée d’Hérode ne sont pas accessibles au public
contrairement à la dernière fois que j’y suis allé.
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2 qui bossent, 11 qui regardent... Qui dit mieux ? |
Passage au champ des
bergers. Ce fut l’occasion d’une scène drôlissime : pour créer un sens
unique que les gens respecteront, une équipe posait une herse anti-recul. Un
type se démenait pour la fixer sous le regard intéressé et engagé de tout un
groupe. Cela créait l’événement.
Ensuite, nous sommes
allés voir l’icône de Marie qui fait tomber les murs. Roch m’a laissé à proximité
du check-point 300. Une horde d’hommes rentrait en Palestine après la journée
de travail et courait de ci, de là pour rejoindre les taxis collectifs qui les
ramèneraient vers leur domicile. Je m’engage dans le check-point et sors mon
portefeuille pour trouver mon passeport… Et là, sueur froide… La veille,
j’avais bien pris mon portefeuille dans mon tiroir mais j’y avais laissé mon
passeport… Sésame indispensable pour franchir le check-point. Je commençais à
imaginer le micmac pour récupérer le passeport au Collège, etc. Finalement, je
me présente au contrôle, dans cet immense hangar vide et je fais celui qui se
rend compte qu’il n’a pas son passeport… Le gars dans sa guérite, me regarde
l’air blasé et fait signe à un autre qui vient me demander d’où je viens.
« Je suis français, mais j’habite à Jérusalem »… Il a ouvert la
barrière. Merci Seigneur ! Je me
suis dirigé vers la sortie qui m’a parue bien lumineuse.
Mardi, grosse journée !
Le Frère Daoud m’a emmené le matin et m’a déposé à Bethléem où j’ai retrouvé
Roch et Agathe. Nous avons quitté la ville sainte peu après sept heures en
direction du sud. Nous avons contourné Hébron et continué. Le paysage de
Cisjordanie était magnifique avec quelques couleurs d’automne. Puis nous sommes
descendus vers Tel Arad, puis la mer Morte.
Après deux heures de
route, nous arrivons à Massada. Pas le courage de monter à pied en suivant le
sentier du Serpent. Le téléphérique vient à point. Nous faisons le tour du
site. En 2007, avec le groupe de NDV dont Roch faisait partie, nous n’avions
pas pris le temps de voir le palais d’Hérode (s’il y a bien quelque chose à
voir à Massada, c’est bien le palais d’Hérode !). Nous descendons pour
aller vers Ein Boqeq pour tester la baignade dans la mer Morte. Agathe se
réjouit d’arriver à faire la planche ! Nous déjeunons après un apéro
improvisé à la Taybeh. Nous avons testé le McDo le plus bas de la terre. Le Big
Mac sans fromage… très bof !
Puis Ein Gedi, nous montons
jusqu’à la cascade de David. Nous avons vu quelques ibex et un daman malgré les
hordes de gamins sans bride qui arpentaient le site. Je suis estomaqué de l’attitude
des enfants (ados compris). Puis nous continuons vers Qumrân, que nous
visitons. Nous avons droit au film qui donne envie de vomir (les deux premières
minutes sont une sorte de grand huit au-dessus du désert de Judée avec des
effets panoramiques qui donneraient la nausée à un vieux loup de mer). Puis nous
faisons le tour du site… En allant sur la terrasse voir la grotte 4, j’entends
derrière moi : « Père Étienne, quelle surprise ! » Je me
retourne pour apercevoir Jacqueline, une paroissienne de Saint-Didier qui est
en voyage avec quelques amis ! Ça alors !
Puis nous reprenons la
voiture et faisons une brève halte à Nebi Musa. Cela faisait un petit moment
que je n’y suis pas allé, les travaux sont finis, c’est magnifique. Surtout
avec la lumière du soir. Encore un peu de voiture pour rentrer à Jérusalem,
installer Roch et Agathe chez Cathy qui les loge. Le soir, je n’ai pas fait
long feu !
Mercredi matin, je suis à
la bibliothèque, j’ai cours de 10 h à 11 h 15 avec Anthony mon
directeur. Le cours est intitulé Advanced Tools for New Testament Research.
Nous sommes six étudiants. J’ai un peu de mal avec l’accent américain d’Anthony
puis je m’y habitue. En fait, ce cours m’a fait rater la visite officielle du nouveau consul général de France au Saint-Sépulcre et son entrée solennelle à Sainte-Anne. J'ai ouï dire que le Te Deum à Sainte-Anne avait été particulièrement foireux puisque le ton utilisé sortait de l'ordinaire. Roch et Agathe y étaient et ont rencontré à peu près tous mes amis. Je les ai rejoints
après le déjeuner au Collège. Avec Denis, Dorothée, Guillaume, Claire-Marie et
Maylis, ils voulaient aller déjeuner à l’hospice autrichien, mais tous les
Français avaient eu la même idée et ils se sont repliés sur l’hospice arménien.
Finalement, nous avons fait une après-midi hiérosolymitaine, avec quelques
bâtiments mamelouks, le petit mur occidental, le cardo, le Cénacle, la Tombe de
David, la Dormition, Saint-Pierre-en-Gallicante, les remparts de Jérusalem, la
porte de Jaffa, la galerie marchande de Mamilla. Nous nous sommes séparés à cet
endroit et avec Roch et Agathe, nous avons passé un bon moment à la terrasse du
Dublin’s (un bar à bière). J’ai choisi une Weihenstephan (pouvais-je faire un
autre choix ?)
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Saint Antoine protecteur des voyageurs |
Messe au Collège, à
laquelle Roch et Agathe se sont joints puis dîner chez Cathy leur logeuse. Ce
fut – comme toujours – très sympathique. Elle avait aussi fait signe à Alain,
un prêtre de Versailles doctorant à l’ÉBAF.
Jeudi, j’ai croisé Roch
et Agathe alors que j’allais faire une course… Ils sont allés passer la journée
à Jaffa et Tel Aviv. Moi, je suis resté à la maison pour travailler mais j’ai
aussi pris un peu de temps pour admirer l’expo 500 ans après Léonard de Vinci, à la Custodie. Il s’agissait de livres anciens de la bibliothèque des Franciscains abordant des thèmes très léonardiens : architecture, anatomie, botanique,
science, géométrie… Le soir, Roch et Agathe sont venus à la messe puis dîner
chez les Frères. Puis nous avons fait un beau tour près du Consulat, King
David, Yemin Moshe.
Aujourd’hui, messe matinale
à l’Ecce Homo, puis je retrouve Roch et Agathe après leur petit-déjeuner. Ils
sont allés matinalement au Saint-Sépulcre et ont pu entrer dans la tombe !
Finalement, nous choisissons de visiter la Tour de David dont le musée est
vraiment bien fait. Petit tour au CIC, puis à la supérette de la rue
Saint-François pour acheter du pain : du pain du pays de Jésus pour les
trois garnements de Roch et Agathe.
Nous remontons au
Collège, précautions, eau… Et le sherout vient les chercher à 11 h 40.
À bientôt…
L’après-midi, une grosse
sieste et un peu de travail sur la bibliographie. Quel mescladis ! Je
croyais avoir fait les choses proprement, il y a du nettoyage à faire !
À bientôt,
Étienne+