dimanche 24 novembre 2019

Gallion étant proconsul (Ac 18,12)

Γαλλίωνος δὲ ἀνθυπάτου ὄντος
Galliônos de anthupatou ovtos

Chers amis,
Semaine calme et week-end sur les chapeaux de roues !
Mardi, journée normale, je suis perdu entre les cités et leurs temples impériaux. J’ai concélébré la messe à l’École puisque les Frères allaient fête sainte Marie-AlphonsineGhattas, fondatrice des sœurs du rosaire. Mercredi matin, j’ai eu cours avec Anthony sur des questions de numismatique, la science des monnaies. On ne s’intéresse pas au cours actuel de ces monnaies mais au fait qu’elles fonctionnent comme des textes : quelqu’un les a produites pour que d’autres en fassent usage. Ces “textes” témoignent aussi d’un cadre culturel particulier et nous aident à comprendre le monde qui les a produits. J’ai par exemple lu un article dans lequel l’auteur s’interroge sur le sens du verset : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15,14) à la lumière d’inscriptions sur les monnaies qui disent que le roitelet qui les a frappées est philokaisar (ami de César) ou philorhomaios (ami des romains). Dans ces cas, le titre indique plutôt une soumission qu’une affectueuse amitié…
C’était intéressant et nous avons débordé le cadre prévu sans nous ennuyer.
Ce même jour, Frère Daoud et Frère Rafael sont partis quelques jours pour un conseil de district.
Vendredi messe à l’Ecce Homo, j’ai prolongé le petit-déjeuner pour pouvoir préparer les détails de la messe du lendemain. Du coup, je ne suis pas allé à la bibliothèque ce jour-là mais j’avais prévu de la lecture pour la journée. Les téléphones ont chauffé tout au long de la semaine pour trouver un diacre, un instrumentiste ou un thuriféraire. On y est arrivé !
Samedi matin, bibliothèque. Déjeuner calme, sieste, douche. La difficulté : comment se nipper pour une occasion consulaire alors qu’on n’a rien prévu en août au moment de quitter la France… Bon, on fait simple et classique.
J’arrive à l’Ecce Homo à 15 h. Le diacre et le thuriféraire arrivent ; on met en place les derniers détails. À 16 h, tout le monde est prêt et monsieur le Consul général arrive quelques instants après. Il est accueilli par Corinne qui est responsable de la Communauté du Chemin Neuf à Jérusalem et par Sister Bernadette, supérieure des sœurs de Notre-Dame de Sion (les deux communautés collaborent pour tenir et animer la maison). Monsieur le Consul général bénit la statue du Christ qui est dans le mini-cloître de la basilique. Et la messe commence…
Ce n’est après tout qu’une messe normale avec quelques particularités. En arrivant au pied des marches du chœur, le président salue d’un signe de tête le Consul général. Après la proclamation de l’évangile, le diacre porte l’évangéliaire au Consul qui le vénère. À l’offertoire, le président est encensé puis le diacre encense le Consul général. Et à la fin de la messe, on chante l’antienne Domine, salvam fac Rem publicam et exaudi nos in die in qua invocaverimus Te. (Seigneur, tiens sauve la République et exauce-nous au jour où nous t’invoquons). Ouf ! tout s’est bien passé !
Cela m’a rappelé les messes de la Sainte-Luce à Saint-Jean de Latran où les honneurs liturgiques sont rendus à l’ambassadeur de France près le Saint-Siège au cours d’une messe présidée par le cardinal-vicaire. Cela m’a aussi évité d’entarter le Consul général comme cela m’était arrivé à Rome.
En 2006, le cardinal Ricard avait pris possession de son titre cardinalice de Saint-Augustin (près de Saint-Louis des Français). À l’issue de la messe, une réception était organisée à laquelle le Séminaire français prenait part. Je me mets dans la queue pour garnir mon assiette au buffet. Devant moi une dame plus toute jeune, très chic. Encore devant un ecclésiastique vétilleux qui chipotait pour se servir : « Vais-je prendre le canapé de droite ou de gauche ? ». Derrière moi, un grand gaillard qui parlait en gesticulant à celui qui suivait. Le grand gaillard fait un geste ample qui me bouscule (mais il ne s’en est pas aperçu). Mon assiette valse, la part de quiche qui était dedans s’envole et je réussis à la retenir en la coinçant avec mon assiette contre le dos de la vieille dame chic. Elle se retourne, je rattrape la part de quiche et me confonds en excuses. Elle a les yeux bleus révolver. Un peu plus tard dans la soirée, on m’apprend qu’il s’agit de madame le Consul de France à Rome. Flûte ! Elle est splendide avec sa trace de quiche dans le dos...
La réception qui suit est très sympa. Je parle avec des gens qui sont là de passage et qui découvrent le pays ou ceux du Chemin neuf de Nazareth qui sont venus en force prendre part à la messe. Finalement, nous nous attardons. Le Consul a l’air détendu. Pour les photos, il faudra repasser. Le photographe du patriarcat devait être là mais personne ne l’a vu et le reste des gens était très recueilli ! [Addendum: finalement, une employée de l'Ecce Homo a pris quelques photos..., d'où l'illustration]
Je rentre à la maison avec le Frère Stéphane et le thuriféraire qui est volontaire à Mamilla. Frère Stéphane propose au thuriféraire de voir l’église Saint-Sauveur, je suis et finalement, nous voilà à aller farfouiller dans le chapier de Saint-Sauveur qui déborde de vieux ornements offerts par les cours européennes à la Custodie au cours de l’histoire. Louis XIII, Louis XV, la République de Venise, le duché de Milan, la cour d’Espagne, l’Autriche… Il y a même des pièces d'ornements liturgiques dont j'ignorais l'existence : chasuble pliée, stolon... Je vous mets une image d’un ornement en soie offert par la République de Gênes en 1686. Il faisait partie de l'expo à Versailles il y a quelques années. Ça en jette.
Je suis donc rentré juste pour le dîner avec Rémi. Je vous laisse là pour vous raconter mon dimanche un peu plus tard, je suis vanné.
À bientôt,
Étienne+

Aucun commentaire: