יצא־נא אבי ואמי אתכם
yēṣēˀ-nāˀ ˀābî weˀimmî ˀittekhem
Avant d’aller à Abu Gosh, on est allé à Hadassa Ein Karem,
le grand centre hospitalier de Jérusalem. La synagogue de l’hôpital a été
décorée par douze vitraux de Marc Chagall, représentant les douze tribus d’Israël.
La couleur dominante de chaque vitrail est celle de la pierre fine qui
symbolisait la même tribu sur le pectoral du grand prêtre. Une petite lecture
des bénédictions de Jacob (Gn 49) nous a aussi aidés à interpréter les images
des vitraux. En repartant, on a hésité à passer aux toilettes et nous avons
bien fait de ne pas y aller. Le Pervenche local était en train de verbaliser à
quelques voitures de là. Il a fallu démarrer sans stress (attention à la boîte
automatique !) pour repartir. Nous avons dû bien nous en sortir…
Puis repas à Ein Feshḥa, à peu de distance de Qumrân. Le
site est d’ailleurs lié à Qumrân. Quand l’eau manquait à Qumrân, on pouvait
descendre à Ein Feshḥa pour y faire ses ablutions rituelles à la source qui
coulait abondamment. Enfin, je me disais que l’été, quand on remontait à Qumrân
après ces ablutions à Ein Feshḥa, on était peut-être pur mais on devait avoir
fait une bonne suée…
Le site est une sorte de ferme (tannerie de peaux, indigoterie ?) Ce qui est sûr, c'est que la structure du bâtiment est semblable à celle du carré central de ceux de Qumrân... Le lien est bien attesté.
yēṣēˀ-nāˀ ˀābî weˀimmî ˀittekhem
Chers amis,
Depuis une semaine vous êtes entrés en carême et vous avez
un peu dû jeûner de blog. Et oui, les visites familiales sont peu propices à la
rédaction de billets…
Mercredi des Cendres, comme je vous l’ai dit, j’ai dû m’abstenir
de bibliothèque. Le matin, j’ai célébré la messe pour les Frères avec
imposition des Cendres. Du coup, j’ai un peu pris le temps de la solitude. Je
suis allé prier au Saint-Sépulcre le matin ; j’avais cette habitude en
2007 et mon emploi du temps actuel ne me permet pas vraiment de le faire
régulièrement. Je n’aime pas la foule qui s’y presse en journée et qui nuit au recueillement.
L’après-midi, après un repas léger, j’ai fait une petite sieste puis je suis
parti me balader. J’ai fait un tour immense, de près de 17 km. Je suis parti du
Collège, j’ai rejoint le Pont de Cordes (aussi appelé Harpe de David), puis le
terminus de la ligne de tramway, sur le Mont Herzl. Là, j’ai traversé un
quartier récent peuplé de juifs orthodoxes (des yeshivoth – pluriel de yeshiva –
partout !). Puis j’ai rejoint la fameuse Tour Holyland… elle a fait parler
d’elle ces jours-ci puisque c’est à cause de supposés pots-de-vin touchés pour
la construction de cette tour que l’ancien premier ministre israélien, Ehud
Olmert, est allé en prison hier. Puis j’ai rejoint le stade Teddy Kollek, et de
là, j’ai emprunté l’ancienne voie ferrée que je connaissais déjà mais pas si
loin de l’ancienne gare. Je suis rentré juste pour les Vêpres.
Le soir, je suis allé accueillir mes parents à la descente
du Sherout. Il faisait bien froid… Ils ont passé cinq jours ici. Au programme,
quelques nouveautés.
Jeudi, visite du musée Rockefeller. Nous avons pu comparer
le musée avec les scènes du film le Tombeau (2001). L’après-midi, le tramway
nous a déposé à son terminus et nous avons visité le Musée du Yad Vashem. C’est
le nom du mémorial construit pour honorer le souvenir des victimes de la Shoah.
Le nom provient d’un verset du livre d’Isaïe : « Je leur donnerai
dans ma maison et dans mes remparts un monument et un nom (Yad vaShem) meilleurs
que des fils et des filles » (Is 56,5).
Le musée de la
Shoah est construit dans un long couloir qui traverse l’arête rocheuse des
collines de Jérusalem. Le musée est très intéressant, exhaustif et ne se complait
pas dans les horreurs dont cette période a été l’occasion. Après le musée, nous
avons visité la vallée des Communautés, c’est une sorte de labyrinthe creusé
dans la roche et dans lequel sont inscrits les noms de villes où des
communautés juives ont été persécutées à cette époque à travers l’Europe.
Carpentras est mentionné. Il était un peu tard pour aller se recueillir à la
salle de la mémoire. À la boutique, j’ai vu un gros livre où le seul texte
écrit est le mot JEW reproduit 6 millions de fois. On touche un peu du doigt ce
que cela représente…
Retour avec le
tramway mais sans aller jusqu’au bout : nous avons descendu la rue de
Jaffa à partir du marché de Maḥane Yehuda. Puis baguenaude dans la ville. Après
le repas à la Casa Nova, où mes parents logeaient, je suis allé me coucher tôt.
En effet, le
lendemain matin, il a fallu se lever vers 4h30, j’avais réservé une messe au
Saint-Sépulcre dans la tombe… Je n’avais pas célébré là-bas depuis mon arrivée.
Dans la matinée,
nous avons visité le tunnel du Mur occidental. Pour y accéder, nous avons pris
le temps de passer le long des remparts et d’aller voir la Dormition et le
Cénacle. Pour la visite du tunnel du Mur, on remonte le Mur occidental vers le
nord. J’avais visité en 2007, sous la direction de Dan Bahat, l’archéologue qui
a dirigé les fouilles. On traverse un peu toutes les époques de l’histoire de
Jérusalem (hasmonéenne, croisée, hérodienne, islamique, croisée)…
Malheureusement, il n’y avait pas de visite en français au cours du séjour de
mes parents, j’ai donc réservé une visite en anglais et nous avons eu du mal à
suivre le débit de mitrailleuse de la guide, doublé d’un accent américain à
couper au couteau. Difficile à suivre. Et on avait envie de se cotiser pour lui
offrir une jupe neuve : la sienne était déchirée sur une bonne vingtaine
de centimètres. En plus, je pense que nous n’étions pas les seuls à ne pas tout
comprendre car lorsqu’elle posait des questions, les gens restaient amorphes…
Elle devait s’attendre à un public américain, toujours prompt à s’enthousiasmer,
comme lors de notre visite au petit musée sur la Jérusalem à l’époque du
premier temple.
Arrivés à la
piscine du Strouthion, nous ne sommes pas sortis par la porte devant le couvent
de la Flagellation mais nous avons rebroussé chemin pour ressortir par l’entrée.
Du coup, petit tour dans le quartier musulman avec quelques beaux bâtiments
mamelouks.
Dans l’après-midi,
nous avons profité de la voiture louée ce matin-là pour aller admirer le désert
qui avait revêtu son manteau hivernal. Les biquettes et les brebis s’en donnaient
à cœur joie pour brouter ici et là. En passant, je me dis que c’est peut-être l’occasion
de visiter le parc de l’auberge du Bon samaritain. Il était 3h15 et le gars
nous a fait de grands signes pour nous dire que c’était fermé… J’étais un peu
sceptique et j’en ai eu confirmation aujourd’hui.
Nous avons
finalement admiré le monastère de Saint-Georges de Choziba. Puis nous sommes
allés à Nebi Musa. Le lieu était calme et paradisiaque… En voulant entrer dans
la mosquée, Papa (bien que déchaussé) s’est fait virer comme un malpropre par
un jeunot mal élevé.
Descente jusqu’à la
Mer morte, pour regarder Qumrân d’en bas et admirer la lumière du coucher de
soleil sur les Monts de Moab. Nous avons déposé la voiture devant le consulat
et avons fait un petit tour dans Yemin Moshe. Ce soir-là, repas chez Rossini.
Le patron devient un copain car l’apéro grandit de semaine en semaine…
Samedi, journée à
Bethléem. Visite de l’Hérodion en matinée puis pèlerinage à Bethléem. Nous
avons vécu la petite procession de midi avec les Franciscains. En revanche, j’étais
surpris de voir que presque rien ne signalait la Porte sainte de la Miséricorde
et le Jubilé, alors que l’église Sainte-Catherine est lieu jubilaire…
Repas à la terrasse
d’un restau sur la place de la Mangeoire. Le temps était en fait
incomparablement plus beau que pour la visite de mes deux sœurs… Après cela,
nous avons remonté la rue centrale pour aller visiter le Carmel de la
(désormais) sainte Mariam Baouardy. Petit instant de prière dans la chapelle,
devant ses reliques et visite du petit musée.
Retour à Jérusalem.
Dimanche matin, en
attendant les parents, j’ai vu passer la procession des Franciscains guidés par
les kawas qui allaient chercher le Patriarche pour le mener au Saint-Sépulcre.
Le frère Stéphane, qui fermait la marche, me demande : « Qu’est-ce
que tu fais là ?
– J’attends mon
papa et ma maman.
– Tu viens à la
messe au Saint-Sépulcre ?
– Non, on fait
comme les Français, on va à Abu Gosh. »
Nephtali, Joseph, Benjamin |
Arrivée en avance à Abu Gosh et célébration de la messe.
La communauté était revenue d’Égypte mais les fidèles faisaient défection :
seuls 10 avaient pris place dans les bancs de l’église. Tant pis ! la
messe était si belle et paisible.
L’apéritif a été très accueillant et fraternel. En
revanche, le repas au petit restau sur la route vers la sortie du village n’a
pas été marqué par une amabilité excessive de la part du serveur. C’est le
moins qu’on puisse dire…
Passage à Latrun (fermé !) puis à Emmaüs-Nicopolis
(fermé !) du coup nous sommes retournés vers Jérusalem et nous nous sommes
arrêtés à Ein Karem, le lieu traditionnel de la Visitation. Calme,
recueillement et silence. Merci Seigneur ! Fin d’après-midi dans les
quartiers arménien et juif (cardo, mosaïque, gros mur…)
Lundi matin, visite de la cité de David, comme la semaine
précédente avec mes sœurs. Nous avons évité le film en 3D qui donne le vertige.
Après la visite, nous avons rejoint l’École Biblique pour voir rapidement le
site.
Repas de midi avec les Frères.
L’après-midi, petit pélé à Gethsémani et au Dominus
Flevit. À Gethsémani, on a ramassé des rameaux d’oliviers (c’est la saison
de la coupe). J’ai filé ensuite à l’EBAF pour l’accueil des nouveaux étudiants
du second semestre, suivi d’un apéro.
Repas à la Casa Nova, soirée… Puis je suis allé me coucher… Leur taxi partait à 5h30...
Aujourd’hui, excursion de l’École Biblique. Nous devions
aller à Hyrcania, mais ce sera pour la semaine prochaine… Nous avons réédité la visite de Qumrân,
mais avec le P. Jean-Baptiste Humbert. Il nous a présenté son hypothèse sur le
site, hypothèse originale et qui contredit l'hypothèse traditionnelle même si elle est échafaudée à partir des documents originaux des
fouilles du P. de Vaux dans les années 50. Ce qui est amusant, c'est le détachement dont fait preuve le P. Humbert à l'égard de Qumrân. Depuis près de 70 ans, les biblistes et les archéologues sont hypnotisés par ce site et les manuscrits; notre professeur nous a d'abord dit que le lieu de Qumrân est moche et qu'on devait le remercier de nous avoir épargnés le film qui est "nigaud"...
Selon J.-B. Humbert, Qumrân reste un lieu juif, essénien même, mais on
sort d’une interprétation trop monastique et on va sur une sorte de
lieu de pèlerinage pour les communautés esséniennes réparties tout autour de la
Mer morte. Qumrân est relativement proche de Jérusalem et en Terre sainte, donc
convenable pour vivre la Pâque et les autres fêtes juives, sans pour autant se
fixer sur Jérusalem, dont le Temple était profané selon les esséniens. La difficulté que présente l'hypothèse traditionnelle est celle de la citerne centrale partagée par une faille sismique, traditionnellement associée au tremblement de terre de 31 av. J.-C. Or, si le lieu a été occupé jusqu'en 68 ou 70 ap. J.-C., elle aurait dû être réparée et elle ne l'a jamais été... Un mystère de plus. Je me plongerai
dans le livre qui sera publié l’été prochain et qui dit tout…
Selon J.-B. Humbert, Qumrân reste un lieu juif, essénien même, mais on
Citerne de Qumrân, partagée par un séisme |
Bâtiment d'Ein Feshḥa, autour d'une cour centrale |
Le site est une sorte de ferme (tannerie de peaux, indigoterie ?) Ce qui est sûr, c'est que la structure du bâtiment est semblable à celle du carré central de ceux de Qumrân... Le lien est bien attesté.
Nous avons terminé par l’auberge du Bon samaritain qui est
ouverte jusqu’à 16h… L’autre jour ça n’était donc pas fermé… Sale type ! Enfin quand nous sommes arrivés, il n'y avait personne dans la guérite et on leur a fichu une pagaille monstre pour récupérer les cartes d'accès aux sites... Tant pis pour eux.
Dans un bâtiment ottoman, on a installé des mosaïques
trouvées dans les Territoires palestiniens. Le lieu est géré par l’armée mais
fait partie des parcs nationaux. À l’époque byzantine, c’était le lieu qui
était vénéré comme l’auberge du Bon samaritain entre Jérusalem et Jéricho. En
lisant le livret du site, nous avons ri car la parabole de Jésus est citée in
extenso (Lc 10,25-37) mais il y a un petit commentaire qui affirme que Jésus
ne peut pas avoir donné en exemple un samaritain alors qu’ils étaient si
méchants et incapables de bonnes actions ! J’en suis resté comme deux
ronds de flans…
Finalement à trois heures j’étais à la maison. Sieste, tri
des photos et rédaction du message.
À bientôt,
Étienne+
1 commentaire:
Quel beau voyage les parents ont fait, et quel guide ! J'ai hâte de voir les photos... bisous Étienne
guilhemette
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