vendredi 2 juin 2023

Ceux-ci sont ceux qui viennent de la grande épreuve

οὗτοί εἰσιν οἱ ἐρχόμενοι ἐκ τῆς θλίψεως τῆς μεγάλης
houtoi eisin hoi erchomenoi ek tès thlipseôs tès megalès

Chers amis,
Beaucoup, sachant que je suis en Terre sainte depuis quelques jours, attendaient que je reprenne la parole… Il y avait évidemment d’autres urgences qui m’ont fait retarder la mise à jour du blog.
J’ai donc quitté le Studium à l’heure où l’aurore aux doigts de rose colore les collines du Comtat Venaissin, après avoir célébré la messe. J’ai roulé jusqu’au parking de l’aéroport, ai réussi à trouver une place. Finalement, je suis entré à 8h dans le Terminal. Un peu d’attente pour enregistrer les bagages… l’hôtesse me demande si je parle anglais, je réponds que oui et elle me propose d’être assis près de la fenêtre devant une des issues de secours. Chouette, je serai bien à l’aise. Merci.
Passage des contrôles de sécurité, attente dans le hall, embarquement. L’avion décolle à l’heure dite. À mes côtés, un couple allemand qui échange en français !
Dans l’avion, j’en profite pour regarder le dernier Spielberg, The Fabelmans, disponible sur la plateforme vidéo de la compagnie turque. Un beau récit d’apprentissage autour du cinéma.
Nous atterrissons à l’aéroport d’Istanbul à l’heure dite. Pour entrer dans la zone de transit, je dois montrer ma carte d’embarquement pour confirmer qu’un autre avion m’attend. Je réalise que mes voisins vont eux aussi à Tel Aviv. Devant le panneau d’affichage, nous trouvons notre porte d’embarquement et faisons connaissance. C’est une équipe d’archéologues et d’historiens qui ont fait ces dernières années d’importants relevés architecturaux et archéologiques à Abu Gosh. Ils continuent le travail à Sainte-Anne désormais. Nous sympathisons.
Pour entrer dans la salle d’embarquement, il y a un contrôle de sécurité qui est rapide et pas trop pénible. Nous embarquons et je me retrouve au premier rang, avec, encore une fois de la place pour mes jambes. Je dors pendant une bonne partie du trajet.
Lorsque je me réveille, nous survolons la Terre sainte ; au loin, on voit Jérusalem qui s’étend et, derrière, l’Hérodion. Atterrissage sans encombre vers 19h10. Je sors parmi les premiers (privilège du premier rang) et, grâce à l’habitude, je fonce vers le tourniquet à bagage. Il faut attendre un peu mais… Je retrouve mes amis archéologues et nous passons la douane.
Petit moment de stress quand je vois le douanier s’avancer dans notre direction, mais il fait signe à la femme devant moi. Je passe… Ouf ! Ç’aurait été la première fois mais j’avais aussi 4 bouteilles de vin, quand les douanes ne permettent que deux litres.
Avec mes compagnons de voyage, nous trouvons un taxi qui a au moins le mérite de nous amener à destination assez rapidement. J’échange avec Nicolas, un archéologue et nous nous trouvons un intérêt mutuel pour l’abbé Pougnet, prêtre architecte du diocèse d’Avignon au XIXe s.
Deux heures après notre débarquement, j’arrive au Collège et je suis accueilli par Stéphane. Je retrouve ma chambre, mes affaires et l’incontournable couverture tigre.
Le repos tarde à venir, mais je finis par m’endormir.
Le samedi matin, je vais à la bibliothèque conformément à mon habitude. Je retrouve mes marques, consulte quelques ouvrages, notamment un qui n’a plus rien à voir avec mon sujet, l’Onomasticon d’Eusèbe de Césarée, une sorte de dictionnaire des noms de lieux bibliques.
L’après-midi, après la sieste, je rends visite au directeur de l’EBAF, nous discutons un bon moment. Il me félicite d’être arrivé au bout, on discute de la suite.
Puis je vais à la basilique où a lieu, à la veille de la Pentecôte, une prière œcuménique d’appel à l’Esprit Saint. C’est beau mais un peu long… Avec toutes les confessions présentes à Jérusalem, il faut que chacune ait son chant, son texte, son moment… donc c’est un peu décousu et ça traîne.
Je rentre à la maison, pour la messe avec les Frères, ce qui a permis à Stéphane d’aller à la Qehila. Vers 20h15, je descends dans la rue et m’assieds sur le banc juste en dehors de la porte Neuve. Je ne suis pas assis depuis 10 secondes que je vois arriver Roch et Blandine qui arrivaient un peu plus tôt que Guilhemette et mes parents. Nous montons au Collège pour poser le sac de Roch puis, vers le hosh Saint-Georges, où mes parents et les filles vont loger. Finalement, nous nous installons au café The Gateway pour prendre une bière en attendant les autres qui arriveront un peu plus tard.
Ils finissent par arriver ; ma mère en arrivant : « Bon, je suis cas contact ! » Je lui ai dit que comme de toute façon on allait passer la semaine ensemble, on pouvait s’embrasser. Finalement, il n’y a rien eu.
Nous trouvons à manger au Taboon, ce resto de la rue de la porte Neuve où avait eu lieu une échauffourée en janvier dernier. Le repas est bon et le service très sympa. Puis nous allons à Saint-Georges. Petite péripétie, le cadenas qui fermait l’accès à l’appartement que mes parents louent ne s’ouvre pas, alors que deux heures plus tôt, nous avions pu l’ouvrir… Grâce à la connexion WiFi nous contactons le proprio qui envoie un ami. Nous attendons un petit moment sous la pluie (inhabituelle pour la fin mai) avant de voir arriver un colosse aux cheveux longs (un peu comme Maui dans Vaiana). Il a une pince, un marteau et au bout de quelques tentatives, il pète le cadenas. Les parents peuvent entrer dans leurs pénates. Roch et moi retournons au Collège.
Dimanche matin, nous avons rendez-vous à 9h et nous allons à l’arrêt de tram, chacun achète sa RavQav (le pass Navigo israélien) pour pouvoir circuler. On prend le tram jusqu’à la gare centrale, puis le bus 185 et nous arrivons à Abu Gosh avec une bonne demi-heure d’avance, ce qui permet de prier dans le calme. La messe de la Pentecôte est belle, vous pouvez la retrouver sur Youtube !
J’embrasse les frères et salue les sœurs. Mais, à cause de la bénédiction abbatiale à la Dormition, un peu plus tard dans l’après-midi, il n’y a pas d’apéro ! Nous en profitons pour remonter à Jérusalem.
Rue Ben Yehuda, nous trouvons un restaurant de bagels où chacun trouve son compte. Puis nous reprenons le tram vers le terminus du Mont Herzl pour aller visiter le mémorial de Yad vaShem. Nous parcourons les allées du parc vers la vallée des communautés, cet énorme labyrinthe de blocs cyclopéens ménageant des espaces où les noms des villes où des communautés juives ont été persécutées et déportées sont inscrites. Puis nous passons dans la synagogue, devant la flamme du souvenir puis au bouleversant mémorial des enfants.

IYJLM (ce n'est pas un message politique)
Le soir, nous dînons chez Samara, près de la porte de Jaffa, après cela, nous faisons un tour en longeant le quartier arménien, sortant par la porte de Sion puis nous revenons en longeant les murailles de la Vieille Ville avant de rentrer par la porte Neuve.
Lundi de Pentecôte, fête de Marie, mère de l’Église, nous nous retrouvons au Saint-Sépulcre pour la messe.


Je célèbre au Golgotha et choisis donc la messe de Notre-Dame des Douleurs. Après la messe, petit tour du Saint-Sépulcre puis un café dans le Muristan. Je laisse les autres baguenauder et vais à l’EBAF, je retrouve Anthony et nous fourbissons nos armes. Et on me donne accès à la bibliothèque où je vais passer toute la journée, jusqu’à 18h. Je retrouve les autres qui ont parcouru la Vieille Ville : Mur occidental, esplanade des Mosquées, Sainte-Anne… Nous dînons chez Rossini ; j’y étais allé il y a sept ans et j’avais beaucoup aimé. Le repas était très bon, mais j’étais un peu triste : auparavant, la carte était plus orientée vers des plats palestiniens alors que là, on était plus dans le classique pour touristes (mixed grill, etc.) Puis petit tour : Mamilla, rue de Jaffa et retour.
Mardi, c’est le D Day… J’accueille Emmanuel Hirschauer qui arrive de Beth Shemesh où il a prêché une retraite pour les frères de Bethléem ; une demi-heure plus tard, c’est Pierre et Jean-François qui ont voyagé de nuit, je les installe et les Frères les accueille. Pour ma part, je file vers l’EBAF, dans la bibliothèque, j’imprime mon texte (une ultime vérification m’a permis de voir que, pour une raison inconnue, la dernière page n’était pas sortie !)
À 9h, je suis dans la chapelle d’hiver (reconvertie en salle de conférence le temps des travaux dans le bâtiment de l’École, mes parents sont arrivés (j’ai su plus tard qu’il y a eu un moment de stress puisque ma mère avait oublié son foulard, mais en fait non et qu’on l’a retrouvée près de la porte Mandelbaum ! Heureusement, ils étaient en avance et sont donc arrivés juste au bon moment).
La soutenance commence, je présente pendant une demi-heure mon travail. Vous remarquerez devant moi la petite bouteille isotherme griffée Studium. Puis chacun des quatre membres du jury dispose d’une demi-heure pour me poser des questions. Cela commence par le P. Alessandro Cavicchia, ofm, il fait quelques critiques et pose quelques questions. Vient ensuite, le P. Olivier-Thomas Venard, op, de l’EBAF. Il fait pas mal de critiques (mais je savais à quoi m’attendre puisqu’il m’avait transmis son rapport, j’ai donc pu apporter quelques réponses à ses objections, citer le bouquin magique qui lui plaît…). Ensuite, le P. Francesco Piazzolla, qui a publié une thèse sur les béatitudes de l’Apocalypse il y a dix ans en italien. J’attendais un dialogue un peu serré sur nos différences d’approche et la complémentarité de nos recherches. J’ai été un peu déçu parce que j’ai eu l’impression qu’il me reprochait de ne pas avoir fait le travail qu’il avait déjà fait… Tant pis.
Puis Anthony a fermé le bal avec quelques questions, je savais qu’il m’interrogerait sur l’hypothèse d’Aune sur les deux éditions, il m’a un peu titillé sur la datation de l’édition finale (Domitien ou Trajan ?). Puis le jury s’est retiré pour délibérer et le verdict est tombé, me voici docteur en Sciences bibliques avec la mention cum laude. C’est pas la mention de ouf mais mon ego peut le supporter.
Tout est terminé peu avant la messe méridienne que je concélèbre. Je dois confesser avoir un petit coup de mou. À la fin de la messe, un quiproquo (un pénitent impromptu) m’empêche de retrouver des amis qui n’étaient pas là le matin mais étaient présents à la messe. Je finis par les retrouver… dans la basilique que le P. Pérennès fait visiter à ma famille.
Puis c’est le repas à la salle-à-manger de l’EBAF. Je me retrouve avec trois des membres de mon jury. La tension retombe. Après le déjeuner, Lukasz nous fait visiter l’École et surtout la bibliothèque.
Nous rentrons au Collège où je comate un bon moment dans l’après-midi.
À 19h30, j’accueille au Collège où les Frères sont contents de faire la fête : le jury, les Frères, ma famille, mes frères de NDV, et quelques amis. Les employés des Frères se sont surpassés pour faire quelque chose de bons : des salades et des grillades, simple mais efficace. Mes sœurs, quant à elles, ont été heureuses de faire un bon crumble aux pommes (qui, dans la recette de ma grand-mère et la tradition familiale, s’appelle “croûte aux pommes”). Mes parents ont apporté “les bulles” et moi le vin (la production bio de la cave coopérative de Saint-Didier qui porte le nom prédestiné de B-Attitude !)
Soirée informelle mais sympathique : le P. Alessandro m’offre sa thèse sur l’évangile selon saint Jean et nous échangeons nos volumes respectifs de la mienne : il avait un des gros volumes cartonnés et imprimés seulement au recto et il repart avec la version brochée imprimée R/V dont je disposais. Je suis assez content de l’échange…
La nuit pourrait être reposante mais il y a toujours un peu de tension… En plus, les travaux de la voie de tramway arrivent devant la porte Neuve et se déroulent quand le tram ne circule pas (entre minuit et 5h).
Ce mercredi matin, pour la Visitation, nous allons tous (famille et NDV) à Ain Karem. Roch s’arrête à la gare centrale puisqu’il a son vol en tout début d’après-midi. Au sanctuaire de la Visitation, le custode préside la messe des Franciscains à 10h30. L’église est assez petite mais mes parents trouvent une place assise (mes sœurs n’ont pas eu ce courage). Au cours de la messe, une quinzaine de jeunes franciscains sont institués lecteurs et sept ou huit acolytes. La messe est immédiatement suivie d
une procession à la crypte  grotte de la Visitation  avec proclamation de l'évangile en latin et chant du Magnificat.
Comme toujours, dans ces messes stationnales, un apéro suit. Nous en profitons. Puis avec ma famille, nous continuons à pied vers l’hôpital Hadassah. L’approche est facile mais ensuite, il faut trouver l’entrée, c’est une gageure.
Nous arrivons au petit musée de l’hôpital où une jeune femme très avenante nous accueille et nous donne les audio-guides. Nous passons un bon moment dans la synagogue à contempler les vitraux de Chagall. En sortant, nous trouvons un bus dans lequel nous montons sans oublier de valider notre trajet. Pourtant, quelques arrêts plus loin, les contrôleurs tombent sur le dos de ma petite sœur et constatent qu’elle n’a pas validé son trajet (en fait, elle a bien validé mais ça n’a pas bippé comme ça aurait dû, et avec le ticket journée qu’elle avait acheté le matin, de toute façon elle n’a volé personne puisque le premier trajet en tram avait été validé à la montée puis contrôlé deux fois). Il n’y a rien eu à faire : les trois contrôleurs parlaient hébreu ou hébreu. Puis ils lui ont donné un ticket libellé en hébreu avec son amende.
En descendant du bus, une jeune femme juive parlant français nous a dit qu’en ce moment, les contrôleurs sont extrêmement sévères, verbalisant même les seniors de plus de 75 ans (qui ont la gratuité des transports), et ne faisant preuve d’aucune compréhension. Elle nous conseillait de ne pas payer. Il paraîtrait que les contrôleurs reçoivent des primes à proportion des amendes qu’ils infligent alors qu’ils nient être intéressés. Sur le ticket d’amende, les seules données lisibles étaient le numéro de passeport de ma sœur et une url pour les réclamations. Sur un ordinateur, nous avons ouvert la page web : « This page has not yet been translated into English ». Oui ! c’est ça qui apparaît… Nés avant la honte.
Ma sœur aînée a ébranlé son groupe de copines sur Facebook pour avoir leur avis. Le résultat des courses, c’était qu’il était judicieux de payer si on voulait sortir du pays sans difficulté.
Nous avons continué malgré tout notre périple en déjeunant à nouveau rue Ben Yehouda. Puis, une tentative au musée d’Art juif italien (fermé) nous a fait prendre la direction du mont Sion avec le Cénacle, le tombeau de David puis, dans la Vieille Ville, le Cardo, la rue David…
Une douche avant d’aller dîner chez Taboon comme le premier soir. Puis nous sommes montés au Collège pour boucler nos bagages, avant de prendre le tram vers la gare centrale.
À la gare, je vais avec ma petite sœur pour payer son amende. Au guichet d’information, la femme a pas l’air de savoir de quoi il s’agit, elle pianote sur son clavier… elle finit par dire : « Il y a une erreur, ça ne matche pas. Je peux pas encaisser, revenez demain ». « Ben oui, mais nous rentrons en France cette nuit »… Tant pis.
Nous partons donc et prenons le train. Nous arrivons à l’aéroport, nous faisons le check sécurité. Nous laissons ma sœur à son triste sort (elle prend un avion quelques heures plus tard et n’aura en fait aucun problème à quitter le pays). Passage des contrôles de sécurité : ma famille est extraordinaire, on est passés comme ça ! Puis embarquement à l’heure dite et décollage à 0h50. Nous arrivons deux heures plus tard à Istanbul où nous allons attendre quatre heures. J’ai un peu dormi dans cet immense aérogare toujours bruyante… J’ai tenté la visite du musée de l’aéroport qui était fermé (à 5h30 du matin, c’est pas non plus étrange).
Nous embarquons vers 7h30 et après trois heures de vol au cours desquelles je dors pas mal (mais je peux quand même voir la fin de mon film). Arrivée à Marseille, à 9h45… Formalités de douane… Nous attendons nos valises qui, finalement, n’arriveront pas. Elles se sont perdues entre Tel Aviv et Istanbul… Nous allons au bureau de réclamation et nous remplissons quelques papiers…
Devant l’aéroport, j’embrasse Guilhemette qui prend la navette vers Marseille. Mes parents appellent le voiturier qui leur amène la voiture devant l’aérogare… Ils me déposent devant mon parking et une heure et demie plus tard, me voici arrivé à Sainte-Garde. Je pose mes affaires et il est déjà l’heure d’aller déjeuner.
Voilà, je suis docteur… Ce but qui a occupé près de huit années de ma vie (7 ans et 7 mois !) est atteint. Je ne sais pas encore ce que le reste de ma vie me réserve, ce vers quoi ce doctorat va m’orienter. Quelques perspectives de recherche et d’échanges sont bien là… mais tout reste à faire.
L’année prochaine, conformément aux constitutions des prêtres de Notre-Dame de Vie, je fais une année de solitude. Est-elle bien méritée ? En tout cas, elle est attendue !
Je vous embrasse.
Des occasions vont bien se présenter qui me permettent de vous dire maintenant « À bientôt ! »

samedi 4 février 2023

Et Nicanor quitta Jérusalem (1M 7,39)

 κα ξλθεν Νικνωρ ξ Ιερουσαλημ
kai exèlthen Nikanôr ex Ierousalèm

Chers amis,
Me voici donc libéré d’un gros poids. L’après-midi, j’ai fait une belle sieste puis suis allé à la co-cathédrale, au patriarcat latin. En fait, la cathédrale du Patriarcat latin est la basilique du Saint-Sépulcre mais comme nous n’en disposons pas complètement, l’église du Patriarcat latin est élevée au rang de co-cathédrale. L’évêque auxiliaire de Jérusalem, Mgr William Shomali, présidait la messe pour la vie consacrée (vie consacrée, c’était sur les invitations, concrètement on a parlé de vie religieuse). À la sacristie, je retrouve Cristobal, un légionnaire du Christ qui fait un doctorat en Nouveau Testament à l’ÉBAF. On discute un petit moment avant la messe. Je me souviens être entré dans cette église en 1995, avec le groupe de Notre-Dame de Vie. Nous avions rencontré le patriarche d’alors, Mgr Michel Sabbah.
La messe se déroule sans encombre, dans un savant mélange d’anglais, de latin, d’italien et d’arabe. À la fin de la messe, j’ai discuté un moment avec l’évêque qui déplorait qu’il n’y ait pas eu de français, alors que c’est la langue officieuse du patriarcat.
À l’apéro, je retrouve quelques têtes connues. Sœur Amanda, une Colombienne, dominicaine de la Présentation, présente à la Maison Abraham depuis 8 ans. Elle quitte définitivement Jérusalem le 8 février.
Je discute avec Cezar, le supérieur des Assomptionnistes de Saint-Pierre en Gallicante.
Le soir, après le dîner, frère Allan nous propose un documentaire Born in Gaza, sur la vie d’enfants à Gaza. Le fond du documentaire est bouleversant, j’ai trouvé la forme un peu appuyée et lacrymogène.
Une fois le doc achevé, je suis sorti rue de Jaffa pour valider ma Chandeleur. Les crêpes de ce jour sont inconnues par ici. Je m’offre donc un crêpe.
Vendredi, dernier jour à Jérusalem... Je choisis d’aller le passer à Bethléem. Frère Daoud me dépose à l’Université où il a une réunion. Je m’arrête chez les Salésiens et demande à voir leur église: Selon mes informations, elle a été construite par l’abbé Pougnet, un prêtre du diocèse d’Avignon qui était architecte au XIXe siècle. Il a notamment édifié ma chapelle de Sainte-Garde et l’église des Réformés sur la Canebière. Le père Matteo m’accueille gentiment.
Je continue ma route vers la Basilique de la Nativité. Un peu avant 11 h je me présente à la sacristie pour savoir si je peux concélébrer. Je demande à un prêtre indien mais il célèbre dans un rite oriental syro-mal… quelque chose. Compliqué ! Deux groupes français sont également annoncés mais il s’agit en fait d’un seul et même groupe dont les deux prêtres célèbrent séparément (peu vraisemblable que je puisse concélébrer avec l’un d’entre eux…) Finalement je célèbre seul à la chapelle du Saint-Sacrement.
Je me joins à la procession de midi qui permet d’entrer dans la grotte. Mais après la procession, je me rends compte qu’il n’y a presque personne à faire la queue. Je vais donc dans la grotte et j’y prie finalement une bonne heure. Il n’y a littéralement personne.
En sortant je cherche un lieu où prendre mon pique-nique loin des hordes de guides, chauffeurs de taxi et vendeurs de café... Je tente la rue de la grotte du lait... Pas fameux.
Finalement je déjeune sur la place de la mangeoire. Je retraverse la vieille ville de Bethléem et rejoins le carmel fondé par sainte Mariam Baouardi. Je prie dans la chapelle près des reliques. Puis je me dirige vers le Collège des Frères de Bethléem qui est juste à côté. J’ai rendez-vous avec le Frère Malak qui doit me ramener à Jérusalem. Il est à une réunion avec le groupe des jeunes lassalliens. Nous finissons par rentrer. C’est là que me revient en mémoire la manière toute égyptienne que le Frère Malak a de conduire. Comme c’est vendredi en fin d’après-midi, le trajet est rapide.
J’ai le temps de faire ma valise: gageure pour faire rentrer mes fringues, la BD sur Jérusalem, les cinq exemplaires de ma thèse, les quelques petits bouquins que j’ai récupéré ici et là et la cargaison de livres que Baptiste avait laissés ici il y a deux ans en rentrant en France. Tout rentre mais ma valise est très lourde. Je suis limité à 23 kg, mais ça doit dépasser...
Pendant le dîner, je fais au revoir à tout le monde. Ensuite je fais un brin de ménage.
Je m’allonge sur le canapé du petit salon. Réveil à 0h45, messe du bienheureux Marie-Eugène dont c’est la fête liturgique, à 1h40 je descends et me dirige vers l’entrée de Notre-Dame pour récupérer mon nesher. Il arrive à l’heure prévue, tournicote encore un peu pour récupérer deux femmes et nous descendons vers l’aéroport. Le conducteur conduit comme un cinglé, surtout qu’une fois arrivé dans la plaine, il se met à pleuvoir dru. Il communique par talkie-walkie avec quelqu’un et un cahot de la route lui fait lâcher l’engin, il lâche le volant pour se pencher et ramasser le bidule... Heureusement la route est vide. Nous finissons par arriver (sains et saufs, Dieu merci). Je descends et m’engage dans la queue pour le check-up sécurité, il y a du monde mais ça va vite. Là, j’ai la surprise de voir débarquer Frère Philippe, il prend le même avion que moi.
L’enregistrement n’ouvre que 40 minutes plus tard. Je patiente.
Au moment d’enregistrer, je pose ma valise sur la balance, bien en porte-à-faux... La balance indique 23,0 kg. Pfiou!
Quand le tapis roulant se met en marche, je vois 28,5... mais ça passe.
Le contrôle de sécurité me surprend. Depuis 2014, que je viens régulièrement, c’est la première fois que je n’ai pas droit au contrôle Golden Premium VIP, avec fouille intégrale du sac, palpation, passage d’un bâtonnet pour détecter des traces de poudre, voire même se retrouver en caleçon dans la cabine d’essayage avec un type qui vous fouille (l’expérience client est pas optimale).
Avec Frère Philippe, nous discutons (et il est bavard). Je me cale porte B9 et pique un roupillon.
Embarquement à peu près à l’heure. On décolle, je regarde un film d’animation sur le petit Nicolas, pas mal et surtout je dors.
Nous atterrissons à l’heure. Dans deux heures, j’ai mon train vers Avignon où papa vient me chercher.
Pas fâché d’arriver.
Les formalités d’arrivée sont rapides, je récupère l’enclume qui me tient lieu de valise, j’arrive à la gare de Roissy. J’achète de quoi grignoter parce que le petit déjeuner (copieux) d’Air France est déjà un vieux souvenir. Puis je monte dans le train, je somnole et trois heures plus tard, je suis à Avignon, je retrouve mon père. Direction Montpellier pour retrouver ma famille et préparer les funérailles de ma grand-mère.
Étrange coïncidence de dates que ce décès et le dépôt de ma thèse.
Quelques jours en famille, chargés d’émotion, de prières et de souvenirs. Mais cela est une autre histoire qui n’appartient pas à ce blog.
À bientôt, dans quelques semaines. Je vous tiens informés de la date de ma soutenance.

jeudi 2 février 2023

Et Shaphan remit le livre au roi (2Ch 34,16)

 וַיָּבֵא שָׁפָן אֶת־הַסֵּפֶר אֶל־הַמֶּלֶךְ
wayyāḇēʼ sāfān ʼeṯ-hassēfer ʼel-hammeleḵ

Chers amis,
Dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh. Dans le bus j’ai rencontré deux dames, volontaires à la maison d’Abraham qui y allaient aussi. La messe fut belle même s’il n’y avait pas grand monde. C’est le frère Jean-Michel qui a présidé. À l’apéro, j’ai discuté avec des volontaires d’Abu Dis que j’avais rencontrées une semaine plus tôt aux vêpres arméniennes. L’une d’entre elles est angevine, nous avons très naturellement parlé d'Apocalypse et de tapisserie.
Le déjeuner fut simple et bon : taboulé (à la française, c’est-à-dire avec beaucoup de semoule et peu de persil, alors qu’en Orient, les proportions sont inversées !) ; rôti de porc et petits pois. Pour le dessert, les frères m’ont donné des fruits ; ils allaient prendre le dessert chez les sœurs pour fêter l’anniversaire de l’une d’entre elles. Du coup, je suis parti assez tôt et c’était très bien. Mon bus est arrivé deux minutes après moi à l’arrêt.
Descente pédestre de la rue de Jaffa, en baguenaudant ici et là.
Arrivé chez les Frères, je me suis installé au petit salon, connectant mon ordinateur à la TV. J’ai fait une relecture complète de mon travail entre cet après-midi-là et la journée de lundi : pour m’aider j’ai fait une lecture rapide à haute voix. J’ai débusqué plein de petites erreurs sans conséquence mais qui ne laissent pas une bonne impression aux lecteurs. En fait, quand on lit à voix basse, notre cerveau – qui connaît presque par cœur le texte – en reconstitue le sens en passant par-dessus les erreurs. La lecture à voix haute empêche cette compensation cognitive. J’y ai passé l’après-midi et la soirée.
Lundi, j’ai donc passé six heures (7h-13h) là-dessus… À 15h30, j’accueillais Alexandra, une étudiante du Studium, Vincent son mari, leur fille Élise et Natalia leur amie qui viennent passer quelques jours. Je leur montre le panorama depuis le toit du Collège. Puis nous allons chez Cathy, puisqu’ils logeront là-bas pendant leur séjour à Jérusalem. Je les laisse pour rejoindre l’École puisque j’ai rendez-vous avec Anthony. J’attends une dernière demi-heure en faisant les dernières corrections. Au cours de l’entretien, Anthony me donne quelques conseils et me dit : « Bravo, tu as fini ! » Je vous raconte pas le soulagement dans les épaules…
Le soir, j’ai intégré les quelques conseils donnés et voilà…
Mardi matin, avant d’aller chez l’imprimeur (chez les Franciscains en face du Collège), je fais d’ultimes vérifications… Horreur ! je me rends compte que les marges ne sont pas identiques dans tout le document. Je corrige et il faut vérifier toute la mise en page… pour voir si les tableaux rentrent sur une page, s’il n’y a pas un titre en bas de page, etc. On arrive. Il pleut des cordes et j’attends cinq minutes devant le bureau. On discute avec le bonhomme et sa secrétaire, combien d’exemplaires, quel type de reliure (ça, c’est leurs questions). La mienne, c’est le prix ! Ils me promettent le travail pour vendredi, c’est nickel !
Je passe le reste de la journée à la bibliothèque, je range quelques bouquins, consulte des articles… La veille au soir, j’avais envoyé à des amis de Jérusalem (communautés, familles, etc.) l’introduction et la conclusion pour qu’ils se fassent une idée de mon travail. Parmi eux, le frère Philippe de Ganagobie où j’ai passé un mois l’année dernière (11 décembre 2021-9 janvier 2022) et il me répond : "Je suis à Jérusalem". On essaie de se donner rendez-vous mais ça n’est finalement pas possible. À 14h alors que je retourne à la bibliothèque, je m’entends héler dans la rue, près de la porte de Damas. C'était frère Philippe ! Quelle bonne surprise ! Nous avons pu échanger quelques nouvelles.
Hier, 1er février, j’avais un rendez-vous en visio, le matin. Puis à midi, je retrouve Alexandra et sa famille, nous déjeunons chez Samara puis nous partons vers le Cénacle, la Dormition, la tombe de David, Saint-Pierre en Gallicante. La pluie tombe.
Depuis lundi, la température a chuté (on arrive à des températures de saison) et la pluie est arrivée. C’est la pluie de janvier épaisse et qui mouille. Tant mieux parce que ce mois de janvier est particulièrement sec alors qu’on est dans la saison des pluies. Depuis mon arrivée, seuls 3,7 mm étaient tombés. Les pluies de lundi et mardi ont apporté 31,5 mm supplémentaires, soit 35,2 pour le mois de janvier. (Voici les données des années précédentes : 2022 : 239,8 mm ; 2021 : 148,4 mm ; 2020 : 184,7 mm ; 2019 : 96,8 mm ; 2018 : 173 mm). On est clairement loin du compte. Hier, 1er février, il est déjà tombé 37,8 mm, la tendance est bonne…
Nous sommes passé ensuite au Mur occidental puis je leur ai montré quelques jolies maisons mameloukes. Ensuite, nous sommes allés nous réfugier chez eux pour prendre le thé et nous sécher. Ils ont organisé la suite de leur périple puisqu’ils veulent aussi découvrir la Galilée.
Le soir, chez les Frères, je retrouve le Frère Albert qui est toujours de bonne humeur ! Il nous dit qu’il devrait bien pleuvoir ce mois-ci : car l’urginea maritima a fleuri en octobre, indiquant que le mois de février devrait être pluvieux. Il se base sur une expérience de 70 ans d’observations. Espérons que ses pronostics se vérifieront. J’apprends aussi le décès de ma grand-mère maternelle après 96 ans d’une vie bien remplie. Un peu d’émotion certes.
Ce matin, je voulais aller à Bethléem en pèlerinage… et la flemme m’a inspiré… Heureusement parce qu’à 9h25, le type de l’imprimerie m’a appelé pour me dire que les thèses étaient prêtes ! J’ai pas traîné. Je suis allé au bureau, ai récupéré les exemplaires, ai payé et suis parti aussi sec à l’École pour déposer. Je vois Sœur Martine, la secrétaire. Elle m’imprime une feuille de corrections ! Je fais mes petits découpages-collages et je lui donne les trois exemplaires que je dois déposer. Puis elle appelle le frère Marc, préfet des études qui m’explique la procédure. Deux professeurs de l’École doivent faire un rapport, présenté en conseil académique (le dernier vendredi du mois) qui valide la thèse et constitue ensuite le jury. Donc, on pourrait avoir une soutenance courant mai…
Je passe à la bibliothèque récupérer des affaires et ranger mon poste de travail…
7 ans et quelques de travail… Je suis content d’avoir pu déposer ce jour puisque c’est la date que j’ai inscrite dans les remerciements.
Mais ça n’est pas fini.
À bientôt,
Étienne+

samedi 28 janvier 2023

Une étude longue fatigue le corps (Qo 12,12)

 וְלַהַג הַרְבֵּה יְגִעַת בָּשָׂר
wəlahaḡ harbēh yəḡīaṯ bāśār

Chers amis,
Finalement, dimanche dernier, je suis allé à la messe à la paroisse. Le curé a été très accueillant. Il y avait une ribambelle de servants de messe. J’ai compris quelques mots de l’homélie. J’apprécie surtout la douceur de ses paroles : il a parlé de la Parole de Dieu, de la prière, du fait que la Parole doit aller dans notre cœur…
Ensuite, je suis allé déjeuner chez Cathy, qui travaille pour Routes bibliques. Repas sympa avec échanges de nouvelles, j’ai récupéré de l’eau du Jourdain (j’ai profité d’un groupe de pèlerins dont Cathy avait organisé le périple ! Merci les amis !)
Lundi, mardi et mercredi, j’ai travaillé. Mardi soir, avec Stéphane, nous avons dîné chez Jean et Agnès, un couple de la communauté de l'Emmanuel installé à Jérusalem depuis 8 ans. L'ambiance était très sympa, Agnès m'a beaucoup fait parler sur ma thèse et j'étais heureux de constater que je m'exprimais avec fluidité, les idées en place, etc. Comme quoi, sept ans de travail, ça apporte quelque chose. En plus, il y avait du vrai fromage (de la tome de Savoie).
Dans l’après-midi de mercredi, j’ai vu Anthony, on a fixé quelques petits détails à fignoler. Il m’a félicité (chouette !). Il me faut encore achever la conclusion et rentrer ces petits détails. Je suis un peu euphorique !
Jeudi matin, je bosse. L’après-midi, j’étais au Collège puisque j’avais le conseil du séminaire en visio. J’ai continué à travailler surtout pour des petits détails qui nécessitent d’avoir deux écrans : je me suis connecté à la TV du petit salon. Bonne discussion.
Le soir, j’avais un autre rendez-vous en visio quand j’ai entendu des cris dans la rue… Depuis le petit salon, on ne voyait rien…
En fait, en ce moment, ça chauffe pas mal. L’autre jour, il y a eu un raid israélien à Jénine (au nord de la Cisjordanie) où 9 Palestiniens, soupçonnés de préparer un attentat ont été tués. Ce soir-là, un groupe de colons israéliens (ceux qui vivent dans les colonies israéliennes installées en territoire palestinien, au mépris du droit international, mais avec la bénédiction tacite du gouvernement) a voulu faire le coup de force du côté de la porte de Damas mais comme il y a une importante présence policière, ils se sont rabattus sur la porte Neuve, plus calme et très rarement surveillée par la police. Ils ont provoqué les tenanciers des estaminets ouverts ce soir-là, cela a dégénéré avec des jets de chaises, des insultes… La police a “un peu” tardé. Vous voyez là les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.


La tension est forte puisque le nouveau ministre de la Sécurité intérieure soutient les colons et leur donne un sentiment d’impunité, ce qui les incite à la provocation.
Quand j’eus terminé mon entretien, je suis retourné dans ma chambre. Les échauffourées s’étaient calmées. La police était là et s’interposait entre les deux groupes. Les colons étaient maintenus au-dehors de la porte Neuve. Et le calme est revenu.
Hier, vendredi, j’ai travaillé avec énergie et en fin d’après-midi, j’ai envoyé à mon directeur une version finie. Après cela, j’ai déjà repéré quelques coquilles, que j’ai corrigées.
En repartant, impossible de récupérer ma carte de bibliothèque que l’on dépose à l’accueil en arrivant et récupère en partant. Elle avait disparue. Finalement, il y a eu une erreur hier : l’employé a donné ma carte à un autre étudiant (un barbu lui aussi !) mais maintenant, c’est sa carte que l’on recherche…
Hier soir, avec frère Allan et Stéphane, nous avons dignement fêté les 40 ans de la mort de Louis de Funès en regardant La Grande Vadrouille ; Allan découvrait et a bien ri, Stéphane et moi connaissions les répliques par cœur. Un petit quizz : quelle réplique française du film est-elle sous-titrée « There’s no prop ! That’s the prob ! ». Nous avons passé un bon moment. Simultanément avait lieu à Neve Yaaqov, une attaque dans une synagogue où sept personnes ont été tuées, et d’autres blessées. L’assaillant a été abattu par la police. Un jeune homme de 21 ans. Quelle misère.
Ce matin, après la matinée en bibliothèque, je suis allé à la messe à l’EBAF, en l’honneur de saint Thomas d’Aquin. Et cette après-midi, j’ai marché trois heures en ville. Je suis crevé mais heureux d’avoir pris l’air.
Daoud et Malak sont rentrés de Turquie où ils ont participé au chapitre du district. Au repas, ils avaient rapporté des loukoums (quel délice !) et Stéphane a mis sur la table une bouteille de vin de Galilée pour fêter la fin de ma thèse.
À bientôt
Étienne+

dimanche 22 janvier 2023

Ils prolongèrent leur séjour (Ac 14,3)

ἱκανὸν μὲν οὖν χρόνον διέτριψαν
hikanon men oun chronon dietripsan

Chers amis,
Déjà une bonne semaine que je n’ai pas écrit. Il faut dire que ma vie est calme, surtout occupée à être assis à ma table de la bibliothèque. Samedi dernier, j’ai pris le temps d’aller me promener l’après-midi pour faire le facteur. La sœur d’une étudiante du Studium est novice au carmel du Pater et j’avais donc emporté quelques enveloppes. Ce fut l’occasion d’une belle balade. Je suis monté tout droit au sommet du mont des Oliviers par l’escalier puis je suis redescendu par le chemin habituel des pèlerins. Il n’y avait pas grand monde. Je me suis arrêté à Dominus Flevit, où j’ai finalement prié une petite heure face à la Vieille Ville, au moment où le jour baissait. Puis descente à Gethsémani, passage devant le tombeau d’Absalom puis je suis remonté de l’autre côté, entré dans la Vieille Ville par la porte des Immondices (c’est son nom !, en référence à Néhémie 3,14) puis je suis allé prier un petit moment au Mur. L’esplanade est occupée en ce moment par des fouilles. En regardant à travers des trous dans la palissade, j’ai pu constater qu’en effet, les vestiges du quartier maghrébin ont disparu alors que 48 heures plus tôt, ils avaient été dégagés bien proprement. Il doit y avoir des choses intéressantes dessous mais on ne peut s’empêcher de penser qu’“on” est bien content de se débarrasser de vestiges compromettants.
Dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh. J’ai pu constater que le prix du ticket de tram avait baissé : 5,5 ₪ au lieu de 5,9 auparavant. J’ai eu du mal à trouver un distributeur de billets pour avoir de quoi charger ma Rav-Kav (la carte de transport pour tout Israël : bus, tram, train…)
À Abu Gosh, je retrouve la communauté et quelques connaissances. C’est l’occasion d’échanger les nouvelles. Je déjeune sur place. Nous écoutons un CD où des prêtres chantent (non pas ceux de Gap). J’ai failli éclater de rire quand ils ont chanté un hymne de l’office que je trouve particulièrement ridicule. Sinon, le repas préparé par Frère Dominique était excellent : asperges-œuf dur mayonnaise, coucous maison et tarte aux fraises. Après la vaisselle nous prenons le café. Puis je rentre à la maison par le bus et descend la rue de Jaffa à pied. Pas mal d’animation en cette après-midi. Je m’arrête dans un magasin pour acheter un taille-crayon.
Cette semaine, j’ai convenu avec mes autorités de prolonger d’une dizaine de jours mon séjour à Jérusalem. C’est OK. Je rentre donc le 4 février au lieu du 25 janvier. En plus, en changeant mon billet, j’ai pu annuler le vol jusqu’à Marseille et prendre un train Roissy-Avignon qui me fera arriver plus tôt chez moi et n’obligera pas quelqu’un à venir me chercher à une heure tardive à Marignane. Et en plus, j’ai un avoir de 2,50 € pour mon prochain vol sur Air France.
Ce fut une semaine studieuse, avec des moments de travail intense, d’autres où la motivation baissait. Mais ça avance. J’ai envoyé vendredi à Anthony une version complète. Ensuite, j’ai trouvé des tas de petites erreurs de frappe ou d’orthographe que j’ai corrigées. J’ai mis à jour la bibliographie et préparé d’autres petites choses. Malgré tout, je dois encore rédiger l’introduction et la conclusion. J’ai déjà des choses mais il faut vraiment refondre le tout...
Jeudi matin, Frère Daoud est parti en Turquie pour le chapitre provincial qui s’y tient jusqu’à la fin du mois, puis Frère Malak y est parti vendredi très tôt. Nous nous retrouvons donc à trois dans la maison : Frère Allan, Stéphane et moi. Mais hier Frère Allan est allé passer le week-end à Bethléem invité par les Frères de l’université.
Jeudi, c'était férié pour le Collège à cause du Noël des Arméniens. Les Arméniens de Jérusalem et Bethléem repoussent la célébration de Noël au jour de l'Épiphanie des Orientaux, parce qu'ils laissent leurs autels à Bethléem aux Syriaques pour le Noël des Orientaux (qui correspond à notre 7 janvier). Toutes les occasions sont bonnes pour se reposer.
Le lendemain à midi, la grue était dans la rue pour enlever l'arbre de Noël qui se dressait devant ma fenêtre. En fait, c'est une structure métallique à trois étages que l'on recouvre de guirlandes vertes et de boules multicolores. Ce qui est étrange, c'est que l'arbre de Noël de l'Université hébraïque était lui toujours debout!
Hier, je suis allé à la messe à l’École biblique. Dans l’après-midi, je suis allé assister aux Vêpres arméniennes à la cathédrale Saint-Jacques. C’est toujours très beau même si l’on ne comprend rien du tout aux chants, aux gestes. Ce matin, je ne sais pas encore où je vais aller à la messe… EBAF ou paroisse…
À bientôt,
Étienne+

vendredi 13 janvier 2023

Jésus lui-même ne baptisait pas (Jn 4,2)

Ιησοῦς αὐτὸς οὐκ ἐβάπτιζεν
Ièsous autos ouk ebaptizen
Chers amis,
Samedi, je suis allé à Bethléem avec les Frères pour célébrer la messe avec l’équipe de l’Université. Ce n’était pas la messe du dimanche, mais celle de l’Épiphanie ! Bon…
Le repas a suivi. Avec quelques-uns, nous avons fait une table francophone mais un peu anglophone. On a bien rigolé.
Les Frères de Bethléem vont bien, surtout les deux Peter ; Frère Mark est revenu après 5 ans passé en Nouvelle Zélande.
Au retour, j’étais avec Frère Malak dans la voiture. J’ai cru ma dernière heure arrivée : en effet, pourquoi ne pas accélérer quand la voiture de devant freine !? Après tout !
Dimanche dernier, fête du baptême du Seigneur ! Comme l’Épiphanie est fixée au 6 janvier, le baptême du Seigneur est toujours le dimanche suivant. Avec les Frères et Stéphane, nous sommes descendus près de Jéricho sur les bords du Jourdain, pour la messe présidée par le Custode. Depuis 2020, la messe n’est plus célébrée dans les installations du parc national aménagé par Israël mais dans l’enclos du couvent franciscain qui le jouxte. Le couvent avait été saisi en 1967 après la guerre de Six jours puisqu’il se trouvait à la frontière avec l’ennemi jordanien. La zone était toute minée. Depuis une quinzaine d’années, le terrain a été déminé et le couvent a été restitué. Un frère y vit (c’est une vocation !).
Nous avons attendu à proximité du couvent orthodoxe l’arrivée du bus affrété par les franciscains. Puis nous sommes descendus au couvent latin en procession. Pour la messe, les prêtres étaient placés sur le toit-terrasse du couvent (en plein cagnard ! heureusement qu’on est en janvier), et les fidèles tout autour. La messe est célébrée en latin, arabe, italien avec les intentions de prière en d’autres langues. Après la messe, tout le monde part en procession jusqu’au Jourdain.
Là, grosse déception, l’accès à l’eau était bloqué par des barrières, seuls les gens importants ont pu y aller. Je rageais d’autant plus que je comptais bien profiter de ma présence pour remplir une ou deux bouteilles à rapporter en France pour l’un ou l’autre baptême. Je sais que l’après-midi, l’accès avait été libéré… Comme je dépendais des Frères, c’était un peu compliqué de faire un caprice… Nous sommes retournés à Jérusalem, avons bien déjeuné. Puis j’ai fait une belle sieste.
Je suis allé me promener au Saint-Sépulcre dans l’après-midi. Il y a des travaux tout autour de l’édicule de la Tombe : ils refont le dallage. Comme les Arméniens processionnaient, on ne pouvait pas s’avancer et le passage par le déambulatoire était bloqué par les échafaudages des travaux. Bref, rien n’est comme avant, mais c’est toujours la pagaille.
J’ai continué mon tour de ville.
Lundi, mardi, mercredi, travail à la bibliothèque. Ça avance.
Mercredi soir, nous avons fêté l’anniversaire du Frère Daoud. Nous avons anticipé la solennité puisque, le lendemain matin, le Frère Rafael retournait en Jordanie où il réside désormais. Le repas a été festif : Shadi et M. Khader ont préparé des grillades. Après nous avons partagé un bon gâteau et bu un mousseux qui contenait des paillettes dorées ! (tout était dans les paillettes !). En soirée, visio avec les séminaristes.
Jeudi, je suis resté au Collège. J’ai bossé trois heures le matin puis je suis allé à Baq‘a, dans les locaux du CRFJ (Centre de Recherches Français de Jérusalem). J’avais rendez-vous avec le directeur : il vient de publier une BD sur l’histoire de Jérusalem que ma petite sœur m’a offerte à Noël (je m’étais retenu de l’acheter en me disant que c’était le genre de cadeau pas compliqué à me faire. Ma patience a été récompensée). J’ai été très gentiment accueilli, la dame s’excusant presque de me faire attendre, on a discuté un petit moment sur Jérusalem, ma thèse, les activités du CRFJ. Le directeur est arrivé, là aussi, on a bien discuté. Il m’a fait remarquer que mon exemplaire était la première impression qui se caractérise par quelques défauts (quasi invisibles) qui ont été repris pour les impressions suivantes. Sur la couverture, la porte Dorée n’est pas visible ; à la page 133, un trait intempestif se trouve entre deux cases ; à la toute fin, le ciel est couleur sable et on a l’impression que l’olivier (qui raconte toute l’histoire) est coupé (cela a été corrigé).
Ma fenêtre est allumée
On aussi parlé de ses travaux, notamment sa thèse sur l’histoire de l’alimentation en eau de Jérusalem de 1840 à 1940 (je vous vois venir avec le lac de Paladru : mais en fait, c’est passionnant) et aussi de son dernier livre qui est assez polémique puisqu’il parle du quartier maghrébin de la Vieille Ville. Il se trouvait là où s’étend aujourd’hui l’esplanade du Mur occidental. En juin 1967, deux ou trois jours après la prise de la Vieille Ville par Israël, le quartier a été évacué et détruit en quelques heures. Le bouquin retrace l’histoire de ce quartier depuis l’époque de Saladin et comment la géopolitique a précipité son déclin puis sa disparition. En ce moment, des fouilles ont lieu à cet endroit. Les vestiges du quartier ont été mis au jour, avant d’être démontés pour creuser plus profondément.
En rentrant, je me suis arrêté chez le coiffeur. Cette échoppe vaut le coup d’œil, avec ce bric-à-brac de photos, d'objets... Le gars est sympa et arrive à se débrouiller au mieux vu l’étendue des dégâts.
L’après-midi, conseil du séminaire en visio, puis soirée visio.
Ce vendredi, travail à la bibliothèque. À midi, j’ai croisé Stéphane qui rentrait d’une excursion avec son école de langues dans les ruines des monastères du désert de Judée : ils ont vu le monastère de Martyrios et celui d’Euthymios, qui sont désormais enchâssé dans les colonies de Ma’ale Adûmmîm et de Mishor Adûmmîm. Ensuite, il part ce WE avec un ami prêtre à Jaffa et Saint-Jean d’Acre.
En rentrant ce soir, j’ai été déçu : ils enlevaient les lumières de Noël dans la rue alors que je voulais prendre en photo la façade du Collège. Il y avait tout de même les étoiles, le sapin et les guirlandes lumineuses… J’ai retrouvé le Frère Allan, un frère philippin qui est ici depuis la rentrée. Il était passé avec le Frère visiteur en avril dernier pour sentir la situation.
Il y avait aussi la sœur du Frère Daoud, accompagné de sa fille et de son fils. Le fils est le sosie de Benzema ! C’est impressionnant !
Demain matin, travail en bibliothèque. Allez, on y croit.
Étienne+

samedi 7 janvier 2023

Oracle du Seigneur, au travail ! (Ag 2,4)

 נְאֻם־יְהוָה וַֽעֲשׂוּ
nəʾum-ādōnāy waʿăśû

Chers amis,
Me voici revenu à Jérusalem ! Après un premier trimestre d’enseignement, mon mois de janvier s’est retrouvé assez allégé du point de vue académique et j’en profite pour passer quelques semaines. Le but avoué : boucler la rédaction et déposer.
Je suis parti mercredi en fin de matinée : j’ai embarqué seul dans ma voiture pour récupérer un séminariste à Carpentras ; je me suis déposé à la gare d’Avignon centre pour prendre le train vers la gare de Vitrolles et le séminariste est reparti avec ma voiture. Une heure de trajet sans difficultés. J’ai été surpris d’avoir à payer la navette entre la gare de Vitrolles et l’aéroport. Jusqu’à présent ce n’était pas le cas… En plus, la navette ne dessert pas les trois terminaux de Marseille et il a fallu que je trotte (heureusement ma valise est assez légère).
Les formalités d’enregistrement sont rapides et j’ai été impressionné par l’amabilité du personnel d’Air France, j’ai rarement vu ça : « Bonjour, monsieur », « je vous en prie », « bon voyage »… Que c’est agréable ! on en devient soi-même poli.
Un peu d’attente dans l’aérogare, embarquement. Dans l’avion, je me suis effondré… J’étais du côté de l’allée et ne pouvait donc profiter de la vue. Comme j’étais endormi, je n’ai pas eu de boisson ! Seulement deux petits sablés au citron.
Arrivée à Roissy, je marche un peu pour rejoindre le terminal. J’ai le temps de lire, de préparer un topo. Je fais même une brève rencontre de formation avec les séminaristes en visio avant d’embarquer. Elle fut plus brève que prévue parce que j’avais présumé que l’embarquement serait moins précoce (et j’espérais que l’avion aurait un tout petit peu de retard).
Arrivée au-dessus de Tel Aviv
L’appareil est un gros A 350. Je me retrouve dans l’une des trois places du milieu, mais j’y suis seul, ce qui me permet de prendre mes aises et de bénéficier de l’écran de mon voisin pour suivre le voyage alors que sur mon écran personnel, je regarde la nouveauté proposée par la compagnie : Rumba la Vie, le dernier film de Franck Dubosc. C’est l’histoire d’un chauffeur de bus scolaire, atrabilaire, qui a laissé sa femme et sa fille vingt ans plus tôt. Après un accident cardiaque, il cherche à entrer en contact avec sa fille qui ne le connaît pas. Elle est prof de danse de salon et… il déteste la danse. Le film est plutôt une comédie dramatique, puisqu’il n’y a pas de franche rigolade, même si le personnage de Jean-Pierre Darroussin qui incarne le copain de Dubosc sert de faire-valoir comique.Le repas était bon (entrée, blanquette de colin aux champignons, riz et carotte, fromage, fondant au chocolat, avec du vin et même un digestif). Ensuite, j’ai dormi… Atterrissage à 2h30. Débarquement sans heurt, formalité de visa rapide. J’attends un peu au tourniquet pour récupérer mon bagage. Je ne suis pas pressé… Je traverse le grand hall qui a repris son apparence ordinaire : il n’y a plus le centre de test Covid dans le hall secondaire. J’achète mon billet de train et je poireaute sur le quai pendant trois quarts d’heure. Je prends en photo des écriteaux pour les faire lire à mes étudiants d’hébreu, ou comment utiliser son vocabulaire biblique pour se débrouiller en Israël. Un peu ludique, on va y arriver.
Une des 3 volées d'escalator de la gare
de Jérusalem: les bouches de l'enfer
Je prends le train qui arrive vers 4 heures à Jérusalem (c’est la nouveauté de 2022 : il y a des trains de nuit ! avant, c’était entre 5 h du matin et 21 h). Ce train, malgré les questions géopolitique qu’il soulève, est vraiment un atout. La gare ferroviaire de Jérusalem ressemble vraiment à la gueule de l’enfer… J’arrive à l’air libre, il n’y a pas de tram qui circule. Au lieu d’attendre, je descends à pied le long de la rue de Jaffa. Par bonheur ma valise est légère (elle est loin d’être pleine mais il faudra que je la remplisse au retour)…
À 5 heures du matin, je suis devant le Collège des Frères. Problème, j’ai dit au Fr. Daoud que j’arrivais vers 6 heures. Je poireaute donc devant la porte, d’autant que je ne capte pas le WiFi du Collège. À six heures moins dix, Daoud m’ouvre la porte, je monte et il m’installe dans ma chambre. Je retrouve ma belle couverture "peau de tigre". Je range quelques affaires et me couche pour dormir jusqu’à 11 h 30, je rate donc les obsèques de Benoît XVI à la télé. Au déjeuner, je fais la connaissance du P. Stéphane, un prêtre de Paris qui passe l’année à Jérusalem, il étudie l’hébreu biblique et moderne à l’institut Polis.
Dans l’après-midi, je passe à la bibliothèque de l’École biblique pour faire établir une carte de bibliothèque. Je suis vite rentré au Collège car j’avais un conseil de séminaire en visio : deux heures pour discuter, donner son avis, écouter celui des autres, transmettre des informations, avancer dans certains projets.
Messe avant le dîner.
Hier, Épiphanie oblige, la bibliothèque était fermée, je suis donc resté au Collège pour travailler. La matinée a été consacrée à régler des soucis d’ordinateur (ce vieux briscard a tout de même sept ans : pour l’ordinateur, ce n’est plus l’âge de raison, plutôt la démence sénile). Sinon, je réalise que le déplacement du piano dans la rue va avoir des conséquences. Auparavant, il était à la Porte Neuve, hors les murs. Il est maintenant littéralement sous ma fenêtre… Il va falloir s'accoutumer aux fantaisies musicales des pèlerins. En fait, des élèves du Collège l'avaient vandalisé, sans se rendre compte des caméras de vidéosurveillance... J'entends aussi passer les scouts qui répètent pour l’Épiphanie des Latins, le Noël des Orientaux ou encore le Baptême du Seigneur. Vous voyez le piano bruyant.
La messe a été un sketch. Je m’étais dit qu’il serait bon d’aller à l’EBAF pour me montrer. Comme la bibliothèque était fermée, je pensais que la messe serait à 11 h 30 comme un dimanche mais elle était à l’horaire de semaine. Peste ! Je suis donc rentré au Collège bredouille. Au déjeuner, Stéphane m’a proposé d’aller à la Qehila, paroisse hébréophone. J’ai acquiescé, sans enthousiasme démesuré. Quand je me suis avisé qu’il faudrait peut-être partir, il était trop tard ; j’ai donc décidé de célébrer seul, ce qui est un peu dommage pour l’Épiphanie mais Stéphane était en train de célébrer avec les frères Daoud et Malak. Joie de la communication. Je l’imaginais à la Qehila, il en faisait de même pour moi et en fait, nous étions tous deux ici. Dieu merci, il n’a pas été trop long, ce qui m’a permis de célébrer à sa suite avant les Vêpres qui ont commencé un peu en retard.
Ce matin, bibliothèque. J’en profite pour envoyer à un étudiant du Studium un article disponible à la bibliothèque. À 10 heures, j’ai rendez-vous avec Anthony, bonne discussion, encourageante. Il met le doigt sur ce qu’il faut enlever, ce qu’il faut ajouter… Courage !
Il faut dire qu’il doit partir dans trois jours pour les États-Unis pour son chapitre provincial (j’espère qu’il ne sera pas élu !). Il importait donc de bien jalonner le travail à réaliser.
Retour au Collège, déjeuner. Ce soir, nous allons à Bethléem, chez les Frères de l’Université. Je célèbrerai la messe de l’Épiphanie… La liturgie dans la communauté de l’Université est toujours un mystère pour moi. Le samedi soir, on a la messe anticipée, j’en déduis donc qu’ils ne vont pas à la messe du dimanche le dimanche… Mais peut-être pas en fait. Aujourd’hui, nous célébrerons l’Épiphanie, qui était hier ici, alors que le lendemain, c’est le baptême du Seigneur. Quelque chose comme un vortex liturgico-temporel. Cela me rappelle la messe du samedi chez les Franciscaines missionnaires de Marie à Fribourg : elle était précédée des premières vêpres du dimanche, ce qui faisait qu’on était déjà entré dans la célébration dominicale de la Résurrection mais on était encore (du point de vue de l’eucharistie) dans le samedi. ;-P
Demain, baptême du Seigneur. Nous allons au Jourdain et j’ai une mission à accomplir.
Étienne+