dimanche 7 avril 2019

Trois cents ans (Gn 5,22)

שְׁלֹשׁ מֵאוֹת שָׁנָה
šelōš mēɔôṯ šānāh

Chers amis,
Déjà une semaine sans billet ! En fait, c’est parce qu’il ne s’est pas passé grand-chose… J’étais en bibliothèque toute la semaine. Évidemment, lundi matin, j’étais à l’Ecce Homo. Une petite équipe du conseil central de la communauté du Chemin Neuf était là pour une visite. Rencontre sympa et échange fraternel bien que rapide.
Le soir, je suis allé manger à Saint-Pierre en Gallicante, invité par le P. Cezar, supérieur de la communauté. Je suis arrivé pour les Vêpres dans l’église inférieure. Puis un bon repas simple avec les Assomptionnistes. Après le repas, avec Cezar et Marie-Claire, nous sommes allés voir le spectacle son et lumière à la Tour de David. C’était un spectacle sur le roi David. C’est un peu le même genre que les spectacles qui ont lieu l’été dans la Cour des Invalides ou au Palais des Papes.

Je me suis retrouvé assis à côté de deux couples de Français. On a commencé à parler, j’ai évoqué mes recherches. Ils avaient l’air intéressé. En fait, il s’agissait de Mormons (ou plus exactement – et malheureusement – de catholiques convertis au mormonisme…). L’échange a été sympa, chaleureux et ouvert mais quand on a parlé de l’Apocalypse, je me suis demandé si on parlait du même texte. Ils sont à fond dans la ligne de lecture historico-chronologique qui cherche à savoir à quelle trompette ou quelle coupe nous sommes (la troisième trompette – Ap 8,11 – sachez-le, c’était Tchernobyl !). Parfois je me dis que saint Jean a échoué à nous transmettre un message compréhensible…Mardi, c’était le 27 rajab 1440 dans le calendrier musulman, soit Lailat al-Miraj, la nuit de l’Ascension de Mahomet. Ce n’est pas une fête très importante pour les musulmans mais comme Jérusalem est censée être le lieu où l’événement est censé s’être déroulé, c’était un jour de congé au Collège.Jeudi, journée bien chargée… Messe à midi à l’École. Le soir, conférence à l’École biblique donnée par le P. Étienne Nodet, spécialiste de Flavius Josèphe, du judaïsme du Second Temple et du christianisme primitif. Il a donné une conférence sur la Bible de Flavius Josèphe. Cet auteur juif du Ier s. a rédigé une œuvre monumentale : les Antiquités judaïques destinées à montrer aux Romains l’ancienneté – et donc la respectabilité – du judaïsme. La première partie du livre est une paraphrase de la Bible mais les différences de détails dans les récits et autres sont très instructives sur l’état de la Bible à l’époque, juste avant que le monde juif ne “canonise” ses Écritures, à la fin du Ier s. La conférence était passionnante, mais j’aurais du mal à en faire un résumé. Le P. Nodet a une pensée ultra synthétique et est parfois difficile à suivre surtout pour des néophytes. Cela me rappelle que j’ai oublié de vous relater la conférence de la semaine précédente donnée par un étudiant de l’École sur les stèles puniques de Carthage et leurs inscriptions. Dans ce site, en Tunisie aujourd’hui, on a retrouvé des tas et des tas de stèles votives dans un lieu qu’on appelle le Tophet (du nom de la structure similaire située à Jérusalem au VIIIe s. avant J.-C.). En gros, les archéologues se disputent pour savoir si des sacrifices d’enfants se pratiquaient à Carthage à l’époque (la grand majorité des stèles, plus de 90 %, marquent des ensevelissement de restes de bébés incinérés)… Et les stèles sont dédiées à Tanit et Ba’al Hamon, divinités païennes des phéniciens (Liban actuel) dont Carthage était un comptoir occidental (Carthage, en phénicien Qart-Hadašt, c’est-à-dire Nouvelle ville ; si l’on pense à Cartagena en Espagne qui s’appelait en latin Carthago Nova, c’est-à-dire la nouvelle ville nouvelle !). Le fond était intéressant, la forme un peu brouillonne.
Après la conférence, je suis retourné au Collège pour y avaler un bol de soupe et une tranche de fromage avant de retourner à Saint-Pierre en Gallicante (troisième fois en moins d’une semaine !) pour la répétition de chants de la semaine sainte.Vendredi, on m’avait fait signe pour un temps d’adoration. J’ai calé. Je subis encore le contrecoup du changement d’horaire de la semaine dernière. Toute cette semaine, je désirais me coucher tôt, mais c’était sans compter le Sound Festival in the Old City… Et dans ma chambre à deux fenêtres, j’avais un concert différent sous chacune d’entre elles. Sous celle de la rue de la Porte Neuve, c’était plutôt acoustique et vocal, un brin orientalisant. Sous celle de Kikar Tsahal, plutôt techno. Je crois qu’il y avait plus de monde à la Porte Neuve que sur la place : un DJ face à – soyons généreux – une douzaine de personnes sur une grande place de 5 dunams, ça fait pas tellement rêver. Le dunam est une unité de surface héritée de l'empire ottoman et elle sert encore aujourd'hui en Israël pour les transactions foncières. Pour la conversion, ça vous filera pas la méningite si vous savez qu'un dunam fait 1000 m² (les anglais ont arrondi le dunam ottoman en système métrique ! Le croyez-vous ?
Du coup entre lundi et jeudi soir, c’était musique à fond jusqu’à 23 h.
Samedi matin, bibliothèque… Messe à l’École. Puis j’avais rendez-vous à 15 h avec Marie-Claire. Petite balade dans le parc derrière l’hôtel King David, à la découverte de la tombe de la famille d’Hérode puis panorama sur Jérusalem depuis le moulin de Montefiore. On a refait le monde avant de traverser Yemin Moshe, le parc Teddy pour voir les jets d’eau. On a pris un thé au Collège et un père trappiste, qui logeait au Collège ce week end, est arrivé. On a discuté un moment… Quelle tchatche… Je me suis aperçu qu’il connaissait Line, une étudiante du Studium, d’il y a 8 ans !
Ensuite, dîner au resto HaMaraqiya (la soupière !) et crêpe rue Ben Yehouda. Arrivé sur Kikar Tsahal petit selfie !
Messe jubilaire à Bethléem
Ce matin, départ pour Bethléem, la messe était célébrée à 10 h dans la chapelle de l’Université de Bethléem (ancienne école des Frères) dédiée à l’Enfant-Jésus. Les frères de Jérusalem et Bethléem célébraient les 300 de la naissance au ciel de leur fondateur, saint Jean-Baptiste de la Salle (#300LaSalle). Au cours de la messe, la quinzaine de Frères présents ont renouvelé leurs vœux. Après la messe, une petite cérémonie a eu lieu pour remettre des cadeaux aux membres de l’équipe de l’Université qui y travaillent depuis 5, 10, 15, 20, 25, 30, 35 et 40 ans, ainsi que ceux qui partent à la retraite. Applaudissements, photos et tout le monde s’est dirigé vers le parc de l’université pour un buffet : salades diverses, méchoui (grillades) et pour finir une mousse au chocolat. J’ai pu parler avec les frères de l’Université, tous anglophones (USA, Australie, NZ), la sœur Corazon (de Mindanao aux Philippines) et le diacre Firaz qui faisait office de cérémoniaire. Il a étudié le droit pendant deux ans à Toulouse et parle un excellent français. Il connaît aussi un prêtre de Nîmes, qui était dans la paroisse de ma sœur et avec lequel j’ai enregistré des CD en 2006 et 2007 !
Renouvellement des vœux au cours de la messe (photo : latribunedeterresainte)
Après le repas, Frère Daoud nous a embarqué pour faire les courses : arrêt minute chez le marchand de fruits et légumes de Bab el Skak (le gros carrefour entre Bethléem et Beth Jala, bien mal nommé “porte de la ruelle”) puis « au plus grand supermarché du coin » avec parking souterrain et tout et tout (les Palestiniens n’ont pas intégré le concept de parking souterrain : tout autour du magasin, le stationnement est bo…, chaotique mais dans le souterrain, c’est vide). On a fait le tour du magasin en dix minutes. Assez étrange : deux rayons pâtes, deux rayons thé-café-tisane avec les mêmes produits… Et dans un coin planqué, honteux, le rayon bières, vins et alcools. On est en Palestine !
Petit arrêt chez Mme Mansour, la sœur du Frère Daoud. Le prénom de son mari, c’est Mansour… Donc il s’appelle Mansour Mansour (= Victor Victor) ; c’est la troisième personne que je connais qui a un prénom identique à son nom de famille !)
Retour assez rapide au Collège. Je me suis vite changé, il n’était que 15 h et suis allé me balader pour une course urgente dans un magasin de sports. Dans une rue, il y avait un panneau en anglais et en hébreu : Soon Jerusalem will be home of 200 embassies, one per country. Nations of the world, your next step is obvious : Your Embassy in Jerusalem (Bientôt Jérusalem abritera 200 ambassades, une par pays. Nations du monde, votre prochaine étape est évidente : Votre ambassade à Jérusalem). Le joli bâtiment derrière ferait en effet une jolie représentation diplomatique et l'agent immobilier s'est dit qu'on pouvait jouer là-dessus. Il est vrai que la décision de Trump, il y a un an est en train de faire des émules, dont Bolsonaro (Brésil). Comme Netanyahou a Trump derrière lui (qui vient de reconnaître l'annexion du Golan syrien par Israël), il parle beaucoup ces temps-ci et notamment d'annexer les colonies israéliennes en Cisjordanie. A trois jours des élections législatives qui doivent renouveler les 120 sièges de la chambre unique du Parlement (Knesset). Il y a quelques affiches en ville mais ça n'est pas aussi visible que pour les législatives françaises.
Dîner léger avec les Frères et repos.
À bientôt,
Étienne+

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