Nihil enim nobis nasci profuit,
La lumière sort du tombeau et vient allumer le cierge pascal (dont le
chandelier est d’une sobriété surprenante : en bois tourné !). C’est
beaucoup plus sobre que pour les Orientaux et au moins on ne cherche pas à les
concurrencer : cela évite les querelles apologétiques stupides. L’Exsultet
est chanté par Firaz, le diacre dont j’ai fait la connaissance à Bethléem il y
a quinze jours. Il a une très belle voix.
nisi redimi profuisset !
Chers amis,
Chers amis,
Depuis mardi, je suis resté silencieux. Beaucoup de prières, mais aussi pas mal
d’activités. Mercredi, la journée a été calme, j’ai essayé d’arriver à quelque
chose de cohérent dans mes dernières recherches. Jeudi matin, à 8 heures, j’étais
au Saint-Sépulcre pour la messe chrismale : beaucoup de prêtres sont là,
prêtres du diocèse, franciscains, religieux de Terre Sainte, prêtres étudiants…
J’ai de la chance car je me retrouve au premier rang sur le côté nord de l’édicule.
J’y vois donc assez bien et si l’administrateur avait parlé un peu plus fort, j’aurais
pu l’entendre. La messe est très calme (les portes de la Basilique sont fermées
et il n’y a pas d’autres offices chez nos frères séparés). La liturgie de la
parole associe les lectures de la messe chrismale et celle de la messe du Jeudi
saint ; après l’homélie, on a le lavement des pieds, puis le
renouvellement des promesses sacerdotales et la bénédiction des huiles. La
communion dure des heures : tous les prêtres communient et ensuite
seulement, les fidèles. Il y a trois ans je m’étais ouvert de cette
interrogation à Frère Stéphane, il m’avait répondu qu’en fait, on jouait la
montre : il faut occuper l’espace tout le temps qui nous est alloué, sinon
on perd la jouissance du lieu !
Après la communion, on porte la réserve eucharistique en procession, les prêtres font trois fois le tour de l’édicule de la tombe avec des cierges.
Depuis trois ans, aucun progrès, les prêtres ne savent toujours pas compter
jusqu’à quatre : on est censé se mettre en file quatre par quatre, mais on
est plus souvent cinq ou six… Le troisième tour se prolonge par une station
dans le vestibule de la basilique : on coince tous les prêtres dans cet
endroit et quand tout le monde y est, la procession retourne devant l’édicule.
Cet artifice a permis d’enlever l’autel qui obture la porte de la tombe. La
réserve est mise dans la tombe. Et nous retournons à la sacristie. J’y salue
Frère Stéphane et délaisse la petite collation qui y est servie. De toute
façon, il n’y en aura pas pour tout le monde et, souvent, les prêtres ne sont
pas les meilleurs compagnons sur un buffet…
La journée se continue dans un certain calme… J’en profite pour faire une belle
sieste.
Je rejoins Saint-Pierre en Gallicante vers 16h. Avec les Assomptionnistes, le
Chemin Neuf, les Pères Blancs et pas mal de monde, nous célébrerons la Cène du
Seigneur. Je suis entre la chorale et les célébrants… On m’a demandé de chanter
les parties solistes du chant du lavement des pieds. Après la messe et la
dépose de la réserve dans l’église inférieur de Saint-Pierre, je retrouve une
famille, Auguste, Anne-Claire et leurs cinq enfants. Ils font ce pèlerinage en
Terre Sainte pour leurs 20 ans de mariage.
Nous dînons sur la terrasse de Saint-Pierre avec les participants à la messe.
Nous profitons aussi de notre présence à cet endroit pour aller voir la fosse
de Saint-Pierre ainsi que l’escalier antique.
Nous continuons vers Gethsémani où s’achève la célébration de l’Heure Sainte :
il nous faut patienter et pousser un peu pour entrer une fois que tout est
fini. Comme toujours, l’atmosphère est irrespirable à l’intérieur. Nous
vénérons le rocher de Gethsémani puis nous nous séparons.
En revenant à la maison (encore une fois, il faut tout remonter), je devise avec le Frère David, un franciscain.
Vendredi matin, j’avais rendez-vous à 8 heures à la Flagellation pour le chemin de Croix. En sortant du Collège, je croise Marie-Armelle, journaliste à Terre Sainte magazine : elle précède les Franciscains qui vont au Patriarcat chercher l’évêque. À la Flagellation, la famille d’Auguste et Anne-Claire rejoint les familles rassemblées pour le chemin de Croix. Beau chemin de croix, recueilli, alors que les rues de la Vieille Ville commencent à se remplir. Nous terminons sur le toit de la chapelle arménienne. En arrivant sur la place du Saint-Sépulcre, les portes sont encore fermées. La célébration au Calvaire n’est pas encore achevée.
En revenant à la maison (encore une fois, il faut tout remonter), je devise avec le Frère David, un franciscain.
Vendredi matin, j’avais rendez-vous à 8 heures à la Flagellation pour le chemin de Croix. En sortant du Collège, je croise Marie-Armelle, journaliste à Terre Sainte magazine : elle précède les Franciscains qui vont au Patriarcat chercher l’évêque. À la Flagellation, la famille d’Auguste et Anne-Claire rejoint les familles rassemblées pour le chemin de Croix. Beau chemin de croix, recueilli, alors que les rues de la Vieille Ville commencent à se remplir. Nous terminons sur le toit de la chapelle arménienne. En arrivant sur la place du Saint-Sépulcre, les portes sont encore fermées. La célébration au Calvaire n’est pas encore achevée.
Avec les lutins (c’est ainsi qu’Augustin appelle ses enfants) nous passons au
Collège des Frères pour admirer la vue puis nous faisons un tour dans la
Vieille Ville notamment au Mur occidental. Après, il est temps de déjeuner, les
enfants sont affamées et n’ont pas plus d’oreille… Une soupe de lentille et un
morceau de pain me suffiront en ce jour.
Nous nous dirigeons vers Sainte-Anne avant de faire l’ascension du Mont des
Oliviers pour visiter le Carmel du Pater, Dominus Flevit et le tombeau de la Vierge.
Après cela, je quitte la petite tribu car je dois rejoindre l’Ecce Homo pour l’office
de la Passion. Répétition de la lecture de la Passion, calage de la liturgie.
La célébration se tient au Lithostrotos, le dallage qui, lorsqu’il fut
découvert, fut considéré comme celui où se passe le procès de Jésus selon saint
Jean (Jn 19,13). L’espace est particulièrement exigu mais porteur spirituellement.
Pour la vénération de la Croix, nous en portons une en procession vers une
grande salle à côté : grande prière universelle et vénération de la Croix.
Après l’office, les prêtres se rendent disponibles pour confesser et c’est l’occasion
de belles rencontres. Finalement, je vais manger avec les membres du Chemin
Neuf et les jeunes présents à Jérusalem pour ces jours saints. Après cela, je
me propose de retourner au Mur occidental pour voir les Juifs qui célèbrent
Pessah, la Pâque juive. Mauvais calcul, il n’y a presque personne :
peut-être cinq homme devant le mur… Je réalise qu’ils ne peuvent pas être au
Mur puisqu’ils sont en train de manger le seder, le repas pascal où l’on
commémore la sortie d’Égypte.
Ce samedi matin, lever tôt pour aller à la Vigile pascale. Là encore pas mal de
prêtres. La liturgie du feu pascal se fait dans l’entrée du Saint-Sépulcre.
Mais le feu est décevant, un joli brasero en argent avec de grosses braises
rouges. On le bénit pour charger l’encensoir qui fume. Puis on se dirige vers l’édicule.
La tension monte dans les rangs du clergé : aura-t-on une bonne place ?
Je joue de chance et me retrouve à la même place qu’il y a trois ans pour la
messe chrismale ! Je serai donc tout à mon aise pour profiter de la
liturgie. Sinon, que je retrouve comme voisin mon “ami” patapouf, déjà vu lors de la messe du deuxième dimanche de Carême.
Je suis au milieu de la photo |
Les lectures s’enchaînent alternant latin et langues vernaculaires (arabe,
anglais, français et italien). Lors de la première lecture, j'ai eu un petit fou rire : au moment où le lecteur proclamait la création de omne volatile secundum genus suum (tout volatile selon son genre) un pigeon a choisi ce moment pour s'envoler bruyamment... Curieusement, l’Évangile de la Résurrection n’est
pas proclamé par le diacre mais par l’évêque ! Le livret indique que c’est
une tradition antique de Jérusalem, liée à ce lieu et à ce jour.
Pas besoin de tendre l’oreille pour écouter l’homélie : Mgr Pizzaballa a
beaucoup parlé de la nuit dont les ténèbres ne sont qu’un manque de lumière.
La liturgie baptismale est assez rapide. Puis la liturgie eucharistique, comme
Custode, Mgr Pizzaballa galopait, l’épiscopat ne l’a pas fait ralentir.
La communion se fait comme l’avant-veille…
Puis l’évêque nous bénit et finit par faire chanter un chant de Pâques en arabe.
Il finit en proclamant : !المسيح قام! حقا قام C’est la salutation pascale en arabe :
le Christ est ressuscité ! Vraiment ressuscité !
Retour à la sacristie, il est déjà plus de 11 h… Je m’arrête devant le
Collège pour me payer un saḥlav et un croissant !
Ce matin, nous avons évité le pire au Collège. Des gens sont venus livrer une
bouteille de gaz qu’ils ont posée sous l’escalier du grenier devant ma porte.
Ils l’ont laissé ouverte et une odeur de gaz a rempli l’étage des Frères…
Heureusement, nous avons trouvé où était la fuite. J’ai aussi vu ce que c’est
qu'une colère du Frère Rafael : vaut mieux pas essayer !
À bientôt,
Étienne+
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