dimanche 14 avril 2019

Ils prirent les rameaux des palmiers (Jn 13,12)

ἔλαβον τὰ βαΐα τῶν φοινίκων
elabon ta baia tôn phoinikôn

Chers amis,

Avez-vous remarqué que le billet de la semaine dernière était le 200e de ce blog depuis février 2007 ? En près de 23 mois de présence cumulée en Terre Sainte, ça fait une moyenne de 8,9 messages par mois !Déjà une semaine, le temps passe vite. J’ai l’impression de ne rien faire, ou en tout cas de ne rien faire d’intéressant, de trépidant, de racontable mais le temps passe vite. Preuve, je l’espère, que je ne m’ennuie pas.
Cette semaine a été consacrée à l’étude : je suis à la fin de l’Apocalypse. J’étudie les deux dernières béatitudes qui se trouvent dans le dernier chapitre. Il y a plein de choses à dire et j’essaie de trouver une logique dans ce chaos. Mais c’est intéressant !
Lundi, messe à l’Ecce Homo. Le soir, entretien de quelques étudiants avec Walter Moberly, un prêtre anglican, professeur émérite de théologie à l’Université de Durham (GB). Il a expliqué un peu sa conception de l’enseignement et de la recherche exégétique. Il parle assez doucement mais son anglais est un délice de britishness ! J’ai un peu parlé avec lui après l’entretien : il avait évoqué sa proximité avec saint Jean de la Croix et la spiritualité du Carmel.Le mercredi soir, il a donné une conférence : « Justice and the recognition of the true God. A fresh reading of Psalm 82 ». C’était très intéressant. En gros, il a résumé son propos par la sentence latine : Ubi Iustitia, Deus ibi et.
Samedi matin, étude et l’après-midi, je suis allé me promener. Je suis quand même passé chez le coiffeur qui était ouvert à ce moment. En passant près des bibliothèques de rue, je me suis aperçu que la Pâque juive est proche : les gens font le grand nettoyage de printemps et se délestent de leurs vieux livres dans ces abribus réhabilités. Le soir messe avec les Frères.
Ce matin, lever tôt, prière avec les Frères, petit déjeuner. Le Frère Rafael résume la situation en disant : « Il fait un temps de dimanche des Rameaux ». Un khamsin bien carabiné : vent, sable, mal de crâne, nez qui coule. Le rêve. Vers 10 h 15, je quitte le Collège pour me rendre au Carmel du Pater. Là, je retrouve le petit chœur avec lequel j’ai répété ces dernières semaines, ainsi que les quelques jeunes prêtres de l’École biblique que je croise à la Bibliothèque. La procession commence dans les ruines de la Basilique de l’Eléona et nous nous dirigeons au fond du jardin du Carmel, au milieu des oliviers avec la belle vue sur la Ville. La messe est bilingue (nous avons donc eu droit à deux homélies, un brin bisounours). Le vent – la tempête, devrais-je dire ! – soufflait, à décorner les bœufs. Imaginez quelque chose comme un bon mistral, en plus fort.

Après la messe, pique-nique avec tout le monde. Je retrouve quelques habitués d’Abu Gosh : il y a du muscat, du saucisson. J’ai apporté un fromage de chèvre (le petit reste du stock apporté par Marie-Claire, il y a quinze jours). Puis nous nous dirigeons vers Bethphagé d’où part la procession. Il y a un monde fou. Dès le départ de la procession, il y a un monde fou mais je retrouve les Frères Malak, Daoud et José. Nous rejoignons les jeunes de la paroisse de Bethléem. Ils chantent à tue-tête. Il y a même quelques alléluias pas trop liturgiques, mais c’est pas grave. À un moment, on voit deux policiers israéliens qui rentrent dans le groupe et se dirigent vers un des garçons. Son crime ? il porte autour du cou un foulard mêlant le motif du keffieh et le drapeau palestinien qui n’a pas droit de cité dans le territoire qu’Israël considère comme le sien. À part ça, pas de problème. Comme la paroisse lambinait, je me suis avancé avec Sami, mon voisin de bibliothèque et suis arrivé dans un groupe de Philippins. Un type portait sur sa tête un haut-parleur, sur lequel était branché une clé USB et la playlist défilait. Musicalement et chorégraphiquement, c’était plutôt du genre Patrick Sébastien (Qu’est-ce qu’on est serré dans cette procession et Tourner les rameaux) mais les paroles étaient bien cathos : « walk in the light of God », « rejoice in Him ». On a tout de même mis plus de deux heures trente pour atteindre Sainte-Anne. Nous arrivons enfin à Sainte-Anne, accueillis par M. le Consul général. 

Bénédiction avec
la relique de la Vraie Croix
On poireaute un moment que les huiles arrivent. Les chevaliers du Saint-Sépulcre arrivent, un groupe de Polonais en costume traditionnel (avec toque en fourrure et plumes). Une jeune Bethléémite raconte son expérience des JMJ à Panama. Enfin, l’archevêque arrive. Il parle un peu en anglais, puis son auxiliaire parle en arabe. Et il bénit avec la relique de la Vraie Croix. 

Ensuite, il faut remonter tout en haut de la Vieille Ville (la vue imprenable sur la Vieille Ville, ça se paye). J’accompagne deux dames mexicaines qui font du volontariat à Magdala et qui cherchent le chemin de la Porte Neuve.
Je suis vanné ! Mais en me brossant les dents, je me suis rendu compte que je resplendissais...
Ce soir, les scouts ont joué de la musique pendant deux bonnes heures à la Porte Neuve (de 19 à 21h) : cornemuses et grosses caisses à gogo... Vivement le retour au calme !
À bientôt,
Étienne+


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