ויכרת אסא את־מפלצתה
wayyiḵrōṯ ͻāsāͻ ͻeṯ-miplaṣtāh
,Chers amis
,Chers amis
Rien à signaler de particulier depuis la semaine dernière… Bibliothèque, rédaction,
lectures… C’est un peu la version biblico-hiérosolymitaine de
métro-boulot-dodo.Samedi, je suis allé me balader. Il faisait bien bon (ma polaire était de
trop).
Et je suis allé jusqu’au parc Rabinovitch, presque à l’hôpital Hadassa.
Je voulais voir le “monstre” (Miftseleth en hébreu) qui donne son titre à mon billet. C’est au milieu
d’un petit parc que dans les années 1970, Niki de Saint Phalle a été chargée de
faire un toboggan pour les enfants. Évidemment, elle l’a fait à sa manière
colorée et “monstrueuse”. Imaginez une énorme masse noire et blanche, avec deux
yeux atteint de strabisme divergent, ouvrant une grande bouche d’où sortent
trois langues rouges… Les langues servent de toboggans ! Un peu surprenant
mais les enfants du quartier semblent l’avoir apprivoisé !
Je suis revenu par l’ancienne voie de chemin de fer. À mon retour, j’avais fait
16 km…
Dimanche, je n’avais rien de prévu, mais je suis allé à la messe paroissiale à
9 h 30, il y avait plus de monde que la fois dernière (c’était alors
l’Épiphanie et beaucoup de monde était à Bethléem pour l’occasion). J’ai aperçu
Christina, la jeune femme qui est à l’accueil de l’ÉBAF, le matin. Il faut dire
que sa petite de deux ans faisait suffisamment de bruit pour qu’on la remarque.
[La petite s’appelle Elsa… encore une victime collatérale de la Reine des
Neiges…] En sortant de la sacristie, je la salue et elle me présente ses
parents. Ses parents parlent un excellent français (appris chez les Frères pour
le papa, mais je ne demande plus maintenant, je connais la réponse). Finalement,
nous allons prendre le café avec les paroissiens. La famille de Christina était
là parce que la messe était célébrée à l’intention de la sœur de son beau-frère
(si j’ai bien compris…). Au café, on a distribué le “pain des morts”. Le café,
c’est assez drôle. Imaginez une grande salle avec deux rangées de chaise de
chacun des côtés. Les gens s’assoient en vis-à-vis et le café est servi… L’idée
de prendre le café debout en petits groupes informels ne leur semble pas
envisageable. J’ai fait plus ample connaissance avec Jacques, le papa qui se
trouve avoir été guide touristique, lié aux Assomptionnistes de
Saint-Pierre-en-Gallicante. Et donc il connaissait mon grand-oncle Hubert. De
fil en aiguille, je me retrouve invité à déjeuner, dans la famille de la
défunte. C’était dans une maison dans le quartier chrétien de la Vieille Ville.
Avant nous sommes passés voir la mère de Jacques qui vient d’avoir 89 ans. Elle
m’a touché par sa gentillesse et son regard. Elle regardait la prière sur
NourSat, une chaîne de télé chrétienne libanaise. Elle m’a remercié d’être venu
la voie et m’a dit qu’elle priait pour les prêtres !
Ensuite, repas chez la belle-mère de la défunte qui est arménienne mais vit à
trois maisons de là. C’est ce qu’on appelle un hosh (il faut que le h
initial souffle !). C’est-à-dire une maison dans laquelle plusieurs
familles vivent. Tout est organisé autour d’une cour (le hosh !) et
les logements familiaux s’organisent tout autour avec des escaliers qui montent
et descendent, des coins et des recoins. Chaque famille occupe une ou plusieurs
pièces regroupées. Pour nos standards européens, c’est un peu étroit. Ici, les
gens sont habitués. La famille dans laquelle j’étais accueilli occupe trois
pièces : une chambre, une cuisine et un salon qui sert de chambre pour les
enfants. Chaque pièce est voûtée d’arête et fait environ 12 à 15 m². C’est pas
Versailles. Mais avant de partir, Jacques m'a dit : “Une petite maison, c'est pour les grands amis”. J'ai été touché.
La famille était très sympa. Nous avons mangé du maqloubeh, un plat avec du
poulet, du riz, du chou-fleur, des carottes et du laban (sorte de fromage
blanc) : le mot veut dire “renversé” parce que le plat est renversé avant
d’être servi. La maîtresse de maison avait aussi préparé des feuilles de vigne
farcies. C’était très bon. Pour le repas, les standards de bienséance française
n’ont pas cours : chacun se sert dans le plat avec ses doigts ou sa
cuillère… Allons-y, pas de chichis. Il n’y avait pas de dessert, mais ça n’est
pas l’habitude ici (encore un truc d’Européens !) mais bien sûr du café.
Nous disons souvent “café turc” (celui où il y a autant à boire qu’à manger)
mais ici il faut prendre le pli de dire “café arabe”.
Ensuite, dans l’après-midi, je suis allé faire un tour dans la Vieille Ville,
au Mur occidental, où j’ai prié un moment. Au soleil, il faisait bon. Un type m’a
demandé de l’argent pour acheter des couches culottes pour ses enfants… Désolé, אין לי כסף !
Puis je suis passé à la cité de David, pour chercher un livre à la boutique de
souvenirs… Mais il n’y était pas (on ne vendait que des bijoux), je suis
descendu à Siloé, j’ai remonté la Géhenne. Tout en bas, il y a un lieu qui s’appelle
le jardin du roi. Comme c’est là où la Géhenne et le Tyropéon se retrouve, à
proximité de la piscine de Siloé, la terre est assez riche de tous les
alluvions déposés par les ruisseaux. Mais le jardin du roi n’est qu’un vieux
souvenir : ce serait plutôt le dépotoir du quartier.
Puis je suis parti à la recherche du trésor perdu… Enfin, je pense que j’aurais
pu trouver le trésor perdu plus facilement que l’objet réel de ma quête… De la
lessive pour lainages et tissus délicats… Oui, j’ai bien fait cinq magasins
(droguerie, parapharmacie, supermarché) avant de trouver au SuperSol de la rue
du Général Pierre Koenig. Retenez bien l’expression : ג'ל כביסה
לבגדים עדינים. Sans doute que les gens ici évitent la laine et sont des
inconditionnels du synthétique (vive le polyester, l’acrylique, le nylon et l’élasthane !).
Vous avez vu que la vie à Jérusalem réserve bien des surprises.
Là je mets une photo de mon poste de travail : derrière la fenêtre, je vois les citrons et les mandarines du jardin et j'entends miauler les chats...
Aujourd’hui, j’ai rencontré mon directeur, nous avons défini le rythme de
travail et la stratégie pour la suite. Au boulot !
À bientôt,
Étienne+