dimanche 6 janvier 2019

Je montai à nouveau à Jérusalem (Ga 2,1)


πάλιν ἀνέβην εἰς Ἱεροσόλυμα
palin anebèn eis Hierosoluma

Chers amis,
Cela faisait presque 10 mois que j’avais quitté la Ville sainte, après le pèlerinage des chefs d’établissements catholiques du diocèse d’Avignon. Parallèlement ma thèse avançait à (très) petits pas… L’École Biblique de Jérusalem exigeait une deuxième année de séjour à Jérusalem (perspective qui n’était pas pour me déplaire…). Côté Studium, la difficulté résidait dans l’année sabbatique prise par l’un des enseignants d’Écriture Sainte, ce qui ne laissait que le P. Jean-François et moi pour assurer les cours dans cette discipline… Le P. Jean-François étant directeur, vous comprenez le problème. Côté diocèse, l’archevêque d’Avignon ne savait pas à qui confier mes paroisses… Bref, chacun voyait midi à sa porte et j’étais au milieu, tiraillé entre diverses sollicitations contradictoires…
Par conséquent, me voici à Jérusalem pour l’année 2019…
Les fêtes de Noël en paroisse ont été joyeuses, chargées d’une certaine émotion. J’en ai aussi profité pour voir la famille à Montpellier, embrasser mes grands-mères.
Le début d’année a été bien rempli : messe du 1er janvier à Saint-Gens, messe en paroisse le 2, après-midi ménage et ultimes rangements, bouclage de la valise (ayant droit à 30 kg de bagages, j’avais surtout un problème de place malgré le volume de la valise). Jeudi matin, messe à Cheval-Blanc, près de Cavaillon pour les vœux de l’archevêque, c’était l’occasion de saluer un peu tout le monde… L’archevêque a officiellement annoncé la nomination du P. Paul Yorokpa comme administrateur jusqu’à fin août. Il a aussi dit que je serai à Jérusalem pour mon doctorat : j’ai été étonné de la réaction de certains prêtres africains en service dans le diocèse. Apéro et repas… Puis dans l’après-midi, messe à la résidence de l’Atrium, maison de retraite-EHPAD de Saint-Didier. Ensuite, j’ai accueilli le P. Paul à la maison paroissiale.
Vendredi matin, messe matinale à l’autel de la Vierge de Saint-Didier, absorption d’un café, et Gil, un paroissien, me dépose en voiture à la gare de l’Isle-sur-la-Sorgue. Train jusqu’à la gare de Vitrolles, navette, enregistrement du bagage (28,5 kg !). Dans les contrôles de sécurité, je reconnais un père de l’abbaye de Latrun, celui qui avait donné une conférence sur le cadran solaire de Qumrân.
Je patiente dans la zone en profitant du Wi-fi… Embarquement dans l’avion de Turkish Airlines, qui part avec quelques minutes de retard… trois heures d’avion vers Istanbul… On a suivi la Côte d’Azur (vu les Îles de Lérins), survolé le cap Corse et traversé la péninsule italienne. Après, c’était nuageux. L’avion a un peu tournicoté autour d’Istanbul… Rien pour me rassurer puisque ma correspondance était plutôt brève. Heureusement, l’écran indiquait que la porte d’embarquement pour Tel Aviv était la 230. Nous avons atterri, nous sommes passés devant la porte 230 pour nous rendre à un train de sénateur à l’autre bout de l’aéroport (près de la porte 110). Descente de l’avion (pourquoi les parents ne prennent-ils pas dans leurs bras les gamins de deux ans pour descendre l’escalier !). Bus qui nous dépose près de la porte 212. Je me dis : « Chouette ! on est un peu plus proche… » Un tout petit peu seulement. En fait, comme Israël a des exigences de sécurité maximales, la porte d’embarquement est souvent dans un coin reculé de l’aéroport, propice aux contrôles. J’ai donc parcouru la galerie commerciale de l'aéroport d'Istanbul au milieu d’une foule énorme. Et je voix « Gate 230, 12-15 min »… Je hâte le pas… Évidemment, la porte 230 était la dernière, celle tout au bout, dans le coin, bien loin, derrière les autres. Je franchis les contrôles et j’embarque… La demi-heure de retard du décollage me rassure, le temps a dû être suffisant pour que mon bagage suive.
Arrivée à Tel Aviv avec la même demi-heure de retard. Atterrissage en douceur. Je dois être le deuxième de l’avion à franchir les contrôles de passeport. Angoisse ! Je réalise à ce moment-là que j’ai laissé dans ma valise la lettre à présenter à l’aéroport… Ouf, ça passe. Je poireaute un moment pour récupérer mon bagage… qui a bien suivi…
Je me dirige vers le sherout. On embarque. Sur la banquette arrière, je fais la connaissance d’un étudiant de SciencesPo (campus de Menton). Il a dit au chauffeur qu’il allait ensuite à Bethléem. J’ai pensé à un volontaire, mais son bagage était un peu petit et le look trop soigné. Quand il m’a dit ScPo, j’ai compris.
J’évoque le cursus d’études de ma chère petite sœur, le mien… Ainsi que le fils d’amis qui, il y a trois ans, tenaient le grand hôtel Mövenpick de Ramallah, étudiant sur le même campus. Le sherout me dépose à 21 h 30 à la porte de Jaffa. Je remonte la rue vers le Collège des Frères. J’entre au Knight’s Palace, le portier ne connaît pas le numéro. Je trouve le numéro sur Internet mais ça n’est pas le bon. Finalement, je trouve dans mes vieux mails de 2015 le portable du Frère Rafael. Alleluia ! À 22 h, il m’ouvre la porte et vient m’accueillir. Nous nous retrouvons comme si nous nous étions quittés la veille. Il est en train de regarder Laurel et Hardy à la télé. Il est seul puisque les autres sont au Caire. Je retrouve ma « chambre de toujours » comme dit le Frère.
Je m’installe et passe une bonne nuit de repos. Grasse matinée. Petit tour en ville dans la matinée avec les étapes habituelles : Saint-Sépulcre, Mur occidental.
L’après-midi, je fais un tour un peu plus grand. J’en ai profité pour voir la Tombe de Jason. C’est une tombe de l’époque hasmonéenne (aux environs de 100 av. J.-C.) découverte en 1956 lors de travaux pour lotir ce coin de Jérusalem (le quartier de Rehavia). Une tranchée a été creusée dans le roc pour former à son extrémité une cavité dans laquelle s’ouvre la chambre funéraire. Le nefesh de la tombe a été reconstitué : il s’agit d’un motif architectural de forme pyramidale ou conique destiné rendre la tombe visible de loin. Celui de la tombe d’Absalom dans la vallée du Cédron est bien connu. Les descriptions de tombes antiques en parlent même si la plupart n’ont pas survécu aux outrages du temps.
Messe le soir avant le dîner. En soirée, le frère Rafael regarde les images de la cabalgata (défilé) des Rois mages à Madrid.
Ce matin, messe à la paroisse latine à 9 h 30. L’assemblée est clairsemée mais je pense que beaucoup sont allés fêter l’Épiphanie sur place à Bethléem. Je n’ai pas eu le courage d’autant que je dois faire quelques courses cet après-midi (notamment pour mon abonnement téléphonique).
Le frère Rafael doit partir à Jaffa pour les obsèques de la maman de la directrice du Collège des Frères. En Orient, les enterrements ne traînent pas : normalement le jour même. Dans les jours qui suivent, ce sont les visites de courtoisie et parfois les cérémonies religieuses. La dame est décédée cette nuit, et la messe d’obsèques cet après-midi…
J’ai donc préparé le déjeuner avec ce que frère Rafael avait sorti (la cuisinière est orthodoxe et fête donc Noël !). S’est joint à moi le P. Pedro, prêtre espagnol du diocèse de Kaohsiung (Taïwan). Il est doctorant chez les Franciscains. Il est lié au Chemin néo-catéchuménal (mais il ne semble pas fumer !)…
Ensuite, je suis allé à Talpiot pour acheter mon abonnement téléphonique. Ça y est ! J’ai un numéro israélien et un numéro virtuel français (vous pouvez m’appeler avec ce numéro en 01.83.80.XX.XX. Bien pratique pour garder le contact avec la famille et les amis. La procédure a été rapide puisque j’avais déjà eu un tel abonnement il y a trois ans.
Ensuite, j’ai flâné dans les magasins pour trouver un adaptateur électrique. J’en avais deux mais je n’en ai retrouvé qu’un… Comme ça, je pourrais en avoir un au Collège et un à l’École.
Trouver ce simple petit objet s’est révélé plus difficile que prévu… Dans les magasins d’électro-ménager, rien ; dans les magasins de téléphonie, rien ; dans les bazars, rien…
Enfin, j’ai fait un bon tour. Je suis repassé devant chez les Martineau. La maison a été complètement réaménagée, notamment la terrasse qui a été fermée par des vitres (dommage… ça dénature l’architecture typiquement ottomane)
En rentrant au Collège, j’ai retrouvé la cour regoudronnée (ils ont bossé tout l’après-midi : les ouvriers sont musulmans, quand je suis rentré de la messe, ils priaient). Et le frère Daoud venait juste de rentrer du Caire.
À bientôt,
Étienne+


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ouiiii ! Le blog reprends ! Merci Étienne, continue, c'est un vrai plaisir de te lire.
Je t'embrasse
Guilhemette