lundi 26 février 2007

Murailles pélé et quartier juif

Chers tous,
Vendredi, journée studieuse... J'ai travaillé mon "elaborato" de séminaire : une comparaison narrative de la confession de foi de Pierre chez Marc et Matthieu. C'est intéressant mais vivement que ça soit fini. J'ai aussi un peu avancé mon araméen.
Hier, samedi, le matin, je suis allé au Saint-Sépulcre. En fait, j'ai pris le rythme : à condition de se coucher tôt le soir, je peux me lever à 5h00 pour être au Saint-Sépulcre à 5h30, prier une heure, dire l'office des lectures. Vers 6h45, je rentre à l’École et à 7h00, je suis dans le réfectoire pour le petit-déjeuner. A 7h30, il y a les Laudes et à 8h00, la journée "commence". Cela laisse une belle matinée jusqu'à la messe de midi... A midi et demi, le repas est servi. C'est un self-service. A 14h00, la sieste est bien finie. Je peux soit prendre le temps de prier, soit aller travailler. Jusqu'à 19h30, heure des vêpres. Après les Vêpres, dîner. Cela laisse une grosse heure et demie pour diverses choses avant de se coucher.
J'ai étudié le matin. Je crois que c'est ce midi-là que nous avons vu passer Régis Debray : sans moustache, il trimballe tout de même sa silhouette de maoïste repenti (je ne sais pas s'il est repenti mais ça sonne bien). L'après-midi, j'avais rendez-vous avec les autres étudiants du Biblique pour faire une ballade sur les murailles de la Vieille Ville. Terence et moi logeons à l’École Biblique, au couvent des Dominicains. Alors que trois autres habitent à la maison de l'Institut Biblique (les jésuites). Les remparts actuels sont assez récents et ont été construits par Soliman le Magnifique en 1540. J'étais un peu déçu car, lorsque nous avons combiné notre activité, il faisait un temps splendide. Et samedi après-midi,il y avait le "Khamsin", le vent de sable. Regardez sur les photos, on dirait une brume jaune. On ne croirait pas mais en fait, c'est très crevant, les gens sont hyper énervés. Bref, c'est un drôle de temps...
Malgré tout, nous avons maintenu notre après-midi amicale. Nous sommes partis de la porte de Jaffa. Comme c'était samedi, shabbat, il y avait des Juifs partout : en noir, avec des toques, il y en avait un avec une sorte de robe de chambre rayée... Autant les Juifs ne travaillent pas, autant les Arabes s'en donnent à cœur joie ! Les rues sont bondées... Notre tour s'est bien passé. On a vu la ville d'en haut. On a vu plein de terrains de jeux pour les enfants ; en effet, la moitié de la population de la Vieille Ville a moins de 18 ans (Voyez le Dôme du Rocher au fond, il est à 450 mètres environ). Quand on a terminé, nous étions à la Porte des Lions, à côté de l'église Sainte-Anne. Il était trop tard pour faire la deuxième moitié des murs (A la Porte de Jaffa, il y a deux accès : un vers le nord et un vers le sud. Ailleurs, on ne peut que descendre et si on veut faire la deuxième partie, il faut retourner à la Porte de Jaffa). Du coup, nous sommes allés prendre un bon goûter à la maison de l'Institut Biblique. Elle est située juste derrière le Consulat de France et à côté du King David Hotel (que les sionistes avaient fait sauter en 1946).
Aujourd'hui, la journée a été bien occupée alors que je n'avais rien prévu... En revenant du petit-déjeuner, juste avant d'aller aux Laudes, je croise Benoît qui me propose d'aller avec lui et Guillaume à la messe à Sainte-Anne. "Emballé, c'est pesé", j'y vais. Nous avons fait une sorte de pèlerinage. Messe à Sainte-Anne dans la crypte où l'on fait mémoire de la naissance de Marie, puis café et gâteau dans un café du centre ville. Vous savez, ces gâteaux orientaux gras et sucrés. On a passé un petit moment à regarder les albums photos du café : des photos de Jérusalem à la fin du XIX° siècle. C'est impressionnant de voir à quel point les lieux ont changé. Puis nous sommes passés au Saint-Sépulcre, c'était l'heure de la procession des grecs orthodoxes : chants, encens, ornements chamarrés, bannières... Ils ont fait tout le tour de la Basilique puis on a écouté la proclamation de l'évangile. En sortant, on a fait un court passage à l'église luthérienne qui est à côté du Saint-Sépulcre (elle n'est ouverte que le matin), c'était l'heure du culte en allemand : beaucoup plus cérébral que les Grecs. En se promenant sur le Cardo, la rue romaine qui traverse la Vieille Ville, j'ai fortuitement rencontré Dan qui nous avait guidé en 1995, avec NDV. Je l'ai salué.
On a continué pour aller au Cénacle. En fait, on voulait aller y prier parce que les diacres du séminaire français étaient ce week-end en récollection pour écrire leur lettre de demande d'ordination sacerdotale. On a pu prier un petit moment, puis on a fait un tour à la Dormition qui est tout à côté. Après un chapelet, j'ai quitté mes deux compères pour rentrer à l’École manger.
Pendant le repas, Terence m'a proposé d'aller à Bethléem. Mais on n'a pas dû s'entendre parce qu'à 14h00, il n'y avait personne. Du coup, je suis allé seul explorer le quartier juif de la Vieille Ville. Malgré tout, le quartier est assez récent puisque reconstruit après la prise de la Ville en 1967 par les Israéliens (il faut dire que les arabes n'avaient pas laissé grand chose debout après 1948). J'ai visité deux musées archéologiques: le Quartier hérodien et la maison brûlée. Ce sont deux ensembles de bâtiments datant du premier siècle de notre ère et détruits par les Romains en 70. Le quartier, dominant le Temple, était habité par l'aristocratie sacerdotale. Cela se reconnaît au fait qu'il y a des bains rituels partout : le système est compliqué parce qu'il faut une certaine quantité d'eau pour que la purification soit valide, mais une fois qu'on s'est purifié, l'eau n'est plus pure. Mais comme on ne dispose pas d'énormément d'eau, on fait un petit bassin d'eau pure afin de rajouter de l'eau pure dans l'eau rendue impure par la purification. Du coup, ça multiplie les bassins. Il y a aussi le fait que la vaisselle utilisée est surtout faite en pierre : matière qui n'est pas susceptible d'être impure. Ce qui m'a intéressé, c'est la présence de vaisselle en céramique, la seule chose que l'écriteau dit c'est qu'elle est importée. Mais cela m'a rappelé les céramiques sigillées de la Graufesenque à Millau. Le site du quartier hérodien est assez impressionnant, il couvre près de 2700 mètres carrés. Il y a des mosaïques, des restes de stuc sur les murs ; on a même retrouvé des fragments de décorations géométriques (selon la loi juive, on ne doit pas représenter des choses créées) du plafond. Puis à cent mètres de là, j'ai visité la "Maison brûlée". Lorsqu'on l'a retrouvée dans les années 1970, on a retrouvé les traces d'un incendie, une lance romaine et même un bras de jeune femme. Là aussi, de la vaisselle... On réalise en voyant ces vestiges que la première préoccupation des gens était de survivre, d'avoir quelque chose à manger... Le reste, c'était bon pour les philosophes. Il y avait un petit film qui évoque les événements qui auraient pu se passer. Autant le site est intéressant, autant le film faisait un peu "récupération politique de l'archéologie". Honnêtement, les Israéliens sont champions dans le domaine. Les Français, nous avons fait ça au XIX° siècle : Alésia et compagnie. Dans le quartier juif, il y a des peintures, gravures, lithographies qui représentent le fameux panorama de Jérusalem depuis le Mont des Oliviers. Petit détail cependant... A la places des mosquées, il y a le Temple de Jérusalem. Plutôt étrange !
Ensuite, j'ai flâné dans le quartier juif. Des enfants partout. J'ai parlé avec un vigile. Lorsque je lui ai dit que j'étais français, il m'a dit "Alain Delon, Gérard Depardieu, Gérard Philippe..." Certainement un cinéphile. De là haut, on a une belle vue sur la rampe d'accès à l'esplanade des mosquées, et les fameuses fouilles qui ont provoqué les troubles des semaines passées. J'ai réussi à prendre en photo un juif pieux de face (assez difficile) : en fait, j'ai pris la pose comme si je faisais des réglages et je l'ai entendu venir, à peine était-il au coin de la rue, j'ai déclenché et je suis resté à faire mes réglages. Il s'est aussi mis à pleuvoir (conséquence normale du khamsin de la veille, m'a-t-on dit). Du coup, certains de ces juifs pieux protègent leurs chapeaux avec un sac en plastique spécial. Retour à la maison en passant par le Saint-Sépulcre, à ce moment-là, c'étaient les Arméniens qui célébraient à la tombe. J'étais content de moi parce que j'ai repéré que c'étaient eux à l'oreille, en entendant leurs chants..
Vite couché...
A bientôt,
Étienne+

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