jeudi 16 mai 2019

(2Ch 22,2) בֶּן־אַרְבָּעִים וּשְׁתַּיִם שָׁנָה

ben-ɔarbācîm ûštayim šānāh

Chers amis,
Ça n’a pas manqué. À peine vous avais-je parlé de la douceur de ce début de mai que la chaleur de l’été nous est tombée dessus avec une violence qui nous fait comprendre qu’elle est bien installée.
Samedi, matinée bibliothèque et l’après-midi, une petit balade mais pas trop longue. En début de soirée, Laurent-Pierre m’a récupéré et nous sommes allés dîner chez Denis et Dorothée à Beth Jala, à côté de Bethléem : bière de Taybeh, grillades et salade de fruits. Et puis une compagnie agréable et drôle.
Dimanche matin, je suis allé célébrer la messe à la Maison d’Abraham : les scouts de France de Jérusalem avaient leur dernière sortie dominicale. J’ai donc célébré pour une douzaine de louveteaux (chemises oranges) et une dizaine de pionniers (chemises rouges). La fresque de la chapelle de la Maison d’Abraham m’a donné des distractions pendant l’oraison avant la messe : il y a des inscriptions en latin et en syriaque. Le lendemain, je les ai déchiffrées.
Après la messe, on a discuté un peu avec les jeunes et les responsables.
Déjeuner avec les Frères, ce qui est finalement rare. Le dimanche, Suzanne la cuisinière n’est pas là. Souvent c’est donc le Frère Rafael qui cuisine : une petite salade thon-olives, une omelette… Un peu de simplicité !
Lundi matin, messe à l’Ecce Homo. Journée de travail. Je dépiaute la quatrième béatitude.
Le soir, je suis monté sur le toit des Frères pour voir le “coup de canon” qui signale aux musulmans que le soleil est bien couché et qu’ils peuvent se mettre à manger. En fait, ce n’est pas un canon, mais une simple fusée de feu d’artifice. On voit donc une petite flamme qui monte vers le ciel et provoque un petit nuage de fumée, le bruit de l’explosion n’arrive qu’avec deux longues secondes de retard. Pour le spectacle, c’est tout ! Et je me suis aperçu cette semaine, qu'il y avait aussi un “coup de canon” le matin, vers 4 heures (je l’ai entendu, mais je n’ai pas vérifié l’heure !)
Mardi, j’ai quitté la bibliothèque un peu plus tôt qu’à l’habitude. À 17 h, nous devions partir pour Bethléem pour la messe de saint Jean-Baptiste de La Salle, à 18 h. Il fallait bien une heure pour faire les 10 petits kilomètres qui séparent les deux villes. Déjà pour faire les 100 premiers mètres, il a fallu 10 bonnes minutes : un faouda de bagnoles à la porte Neuve, entre ceux qui voulaient rentrer, ceux qui voulaient sortir et ceux qui étaient garés et ne voulaient pas bouger… Délices de l’Orient.
La messe était présidée par le curé de Taybeh, ancien du Collège de Jérusalem. Concélébraient, en plus de moi, le Père Peter Du Brul (sj) et un prêtre melkite dont la fille enseigne à l’École de Bethléem. Après la messe, il y avait évidemment un repas : mezzeh divers (crudités, hummus, moutabbal) et du riz et du poulet. En revanche, pas de bière ou de vin, seulement des jus de fruits, du coca et du lait d’amande (la boisson spéciale du Ramadan, paraît-il, qui permet de ne pas avoir – trop – soif après). En dessert, des katayef, pâtisserie spéciale ramadan, là aussi. Imaginez une sorte de chausson aux pommes sans pommes et sans pâte feuilletée. Vous voyez ? Non ? Tant pis ! C’est une petite crêpe roulées en chausson et fourrée avec des tas de bonnes choses (sucrées, crémeuses, mielleuses…). La version fromage ne m’a pas convaincu (imaginez une crêpe au Babybel® fondu…) mais celle avec les fruits secs (noix, cajou, amandes) est délicieuse.
Après le repas, bingo ! Les Palestiniens adorent ce jeu ! En fait, c'est exactement la même chose que notre loto. Les cartons sont organisés d'une manière strictement identique. En fait, on distribue des papiers sur lesquels sont inscrits six grilles. Les chiffres sont dits au fur et à mesure (en arabe, ça fait réviser !) et au début, il faut remplir une ligne (notre quine) puis deux et enfin un carton plein. Les lots sont un peu babioles et broutilles : une bouteille de lessive, un service à café (qui fait mal aux yeux), des verres... La seule différence avec Saint-Didier où le loto est une affaire sérieuse, qui exige silence, concentration et méticulosité... A Bethléem, vous vous doutez bien que c'était un peu le b... le faouda... (فوضى )
Au retour, Frère Daoud nous a mis dans le coffre de la voiture deux grands bacs en inox avec des restes de riz et de poulet du repas. Et nous voilà partis…
Arrivés au check-point, nous sortons nos passeports et la soldate a ouvert le coffre (en fait, une odeur de poulet flottait dans la voiture). Elle nous a demandé ce que c’était… Le Frère Rafael leur a dit en riant : We have been invited. Feel free to take some of it if you want. Elle nous a demandé si nous étions כמרים (= prêtres chrétiens) Les Frères étaient en soutane et en rabat. On n’a pas perdu de temps à leur faire un cours de droit canonique sur la vie consacrée, le sacerdoce ministériel, etc. On a dit oui. Et au revoir ! L’une des filles parlait espagnol.
Mercredi matin, je ne suis pas allé à la bibliothèque. En fait, je devais aller au Consulat pour faire ma procuration pour les élections. J’avais rempli puis imprimé le papier, prévu mon passeport et même de la lecture pour attendre. Je rentre dans les bureaux et il y avait une trentaine de petits vieux qui venaient faire leur certificat de vie (ça leur permet de toucher leur retraite !). J’ai cru que j’allais y passer la matinée. Finalement, j’étais assis depuis 10 secondes que la dame du bureau n° 2 m’a fait rentrer. Merci Seigneur. En cinq minutes, c’était bouclé.
De retour au Collège, j’ai fait un détour par l’hôpital français, juste en face de chez moi, de l’autre côté du boulevard. C’est là que le P. Charles, abbé d’Abu Gosh est hospitalisé. J’ai seulement eu à me présenter à l’accueil que la jeune femme m’a indiqué le numéro de la chambre et l’étage ! Arrivé au second, même pas besoin de chercher mon chemin : « Vous cherchez la chambre n° tant ? C’est au bout du couloir à gauche ». En fait, je voulais regarder d’abord l’armorial de la première et de la deuxième croisades qui orne le mur du couloir. Il date des débuts de l’hôpital (fondé en 1896, construit sur le site de l’hôpital de l’Ordre de Saint-Lazare de l’époque des Croisés).
Photo : https://www.lpj.org/les-fresques-historiques-de-lhopital-saint-louis-en-cours-de-restauration/?lang=fr
Regardez le détail qui me touche...
Finalement, je trouve le P. Charles sur la terrasse ouest assis sur une chaise à l’ombre de l’auvent (normalement, je vois cette terrasse depuis ma chambre). Nous avons passé un petit moment à deviser. Je l’ai trouvé amaigri et diminué mais alerte pour la discussion. Je ne me suis pas attardé mais depuis, je regarde s’il est là à prendre le chaud sur la terrasse.
L’après-midi, j’ai travaillé à la maison. Le soir, la messe était à nouveau celle de la fête saint Jean-Baptiste de La Salle. Normalement, ce saint est fêté le 7 avril, jour anniversaire de sa mort en 1719, mais les Frères ont demandé un indult à Rome pour célébrer la solennité de leur fondateur le 15 mai, anniversaire du jour où Pie XII l’a proclamé patron de la jeunesse et des éducateurs, puisque le 7 avril tombe pendant le Carême et même parfois pendant la semaine sainte.
Jeudi enfin, journée calme à la bibliothèque. Les étudiants sont en Jordanie toute la semaine et ont laissé un peu de vide…
Demain, vendredi, je crains les foules de la semaine dernière…
À bientôt,
Étienne+

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur la fresque, le détail qui te touche, est ce les armes de Guillaume Seigneur de Montpellier ?
Bises
Guilhemette

P. Etienne a dit…

Exactement !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guilhem_V_de_Montpellier