ὁδηγὸν μὲν ἀγνώστου ὁδοιπορίας
hodègon men agnôstou hodoiporias
Chers amis,
Mon silence vous a peut-être étonnés, surpris ou inquiétés. En fait, j’étais en pélé avec les paroissiens de Saint-Didier et Venasque. Dix jours à arpenter la Terre Sainte avec quarante pèlerins, âgés de 22 à 90 ans… Voici un bref résumé de ce voyage, en style un peu télégraphique.
Le vendredi, journée autour du lac : visite des sites de Chorazim, du Mont
des Béatitudes (Disneyland Galilée), que nous avons descendu (de la gadoue
jusqu’aux genoux) jusqu’au sanctuaire de la Primauté de Pierre. Puis le
traditionnel promène-couillon sur le lac, tout aussi traditionnel Sarotherodon
galilaeus (poisson de Saint-Pierre) au déjeuner. De là, nous avons vu Capharnaüm
puis le sanctuaire de la multiplication des pains à Tabgha. Belle messe au bord
du lac. J’ai eu un petit moment de stress quand je me suis aperçu que l’horaire
réservé auprès du sanctuaire ne correspondait pas à celui affiché sur mon
programme… il a fallu draguer un peu la sœur philippine et lui faire un joli
sourire pour qu’on puisse célébrer. Ouf !
Samedi, journée à Nazareth. Nous devions commencer par un temps au grand air à Arbel en profitant du soleil mais la météo était à la pluie. Changement de programme donc avec Sepphoris, “parure de toute la Galilée”, mosaïques, théâtre, cardo…
Déjeuner à Nazareth. Visite de la ville : nous passons à l’église orthodoxe de Saint-Gabriel et nos choristes slavons chantent un motet à la Vierge Marie : « il est vraiment digne de te bénir ». Messe dans la basilique supérieure (dont la déco est décidemment mochissime). Le temps de sortir de Nazareth, il n’était plus temps de s’arrêter à Cana.
Dimanche, nous quittons la matinée pour aller à Césarée maritime. On attendait la pluie et nous avons eu du soleil. Visite passionnante qui permet d’évoquer Hérode, Ponce Pilate, Bérénice, saint Paul, Eusèbe et Origène, et saint Louis… Déjeuner sur le port puis départ vers Bethléem. La route est bonne et nous arrivons en avance. Bethléem est blindé de monde, ambiance métro de Tokyo. Messe sympa dans la grotte dite de saint Joseph. Nous devons renoncer à passer dans la grotte, plus de 500 personnes attendent et ne pourront pas toutes passer avant 18 h, horaire de fermeture. La queue commençait à l’entrée de la nef (la porte arménienne vient d’être restaurée) passait sous les colonnes du bas-côté nord, redescendait la nef jusqu’à la porte d’entrée et remontait entre les colonnes du bas-côté sud… Nous nous contentons donc des mosaïques croisées, fraîchement restaurées sur les murs de la nef. En ce moment, on dégage les mosaïques constantiniennes cachées à 75 cm sous le sol actuel. C’est magnifique !
Passage dans un magasin de souvenirs. Installation chez les Sœurs du Rosaire, à deux pas du Carmel de Bethléem, de l’École des Frères et du palais présidentiel palestinien. La sœur supérieure de la communauté s’appelle Sœur Émérentienne. Le soir, Denis est venu parler de son travail à l’hôpital de la Sainte-Famille tenu par l’Ordre de Malte et de la situation en Palestine. Les pèlerins ont apprécié son franc-parler.
Lundi matin, nous quittons Bethléem et le bus nous débarque au sommet du Mont des Oliviers. C’est une partie avec laquelle j’ai du mal, pas tant pour les lieux que l’on visite que de l’affluence toujours impressionnante. Passage presque obligé au Carmel du Pater, vue sur la Vieille Ville, Dominus Flevit, Gethsémani… Le bus nous récupère et nous laisse à Saint-Pierre-en-Gallicante. Nous regardons la maquette de Jérusalem à l’époque byzantine. Puis, repas chez les Sœurs Maronites, visite du Musée de l’Histoire de Jérusalem dans la Citadelle. Nous passons au Cénacle qui est presque vide et permet une petite visite priante avant la messe au couvent franciscain. Passage à la Dormition, nous avons de la chance, la crypte est réouverte après quelques travaux encore en cours la semaine précédente. Installation à la Casa Nova, maison d’accueil des franciscains au cœur de la Vieille Ville. Le soir, veillée adoration-confession-heure sainte…
hodègon men agnôstou hodoiporias
Chers amis,
Mon silence vous a peut-être étonnés, surpris ou inquiétés. En fait, j’étais en pélé avec les paroissiens de Saint-Didier et Venasque. Dix jours à arpenter la Terre Sainte avec quarante pèlerins, âgés de 22 à 90 ans… Voici un bref résumé de ce voyage, en style un peu télégraphique.
J’ai récupéré mes pèlerins en fin d’après-midi le 12 février. Pour cela, j’ai
pris le tout nouveau train inauguré en novembre dernier. Quelle prouesse
technique ! et quelle rapidité. En 25 minutes on passe de la gare centrale
de Jérusalem au terminal de l’aéroport. Ça change des sherout qui tournicotent
dans la périphérie de Jérusalem. J’ai été impressionné par la gare. Je me
demandais où allait s’édifier la gare ferroviaire. Je voyais bien le viaduc qui
domine le vallon de Lifta mais je ne voyais pas de gare à proximité de la gare
centrale de Jérusalem (qui n’est qu’une gare routière). En fait, la gare
ferroviaire est souterraine : on descend dans un puits d’une quinzaine de
mètres de profondeur puis, il y a trois vertigineuses volées d’escalators et
encore un dernier escalier roulant pour arriver sur le quai : on doit être
à au moins 60 mètres de profondeur !
Ensuite, le trajet est surtout souterrain (la moitié du parcours).
Nous embarquons dans le bus, à destination de Kfar haNokdim, entre Arad et
Massada. Il s’agit d’un campement bédouin pour les touristes. Accueil sympa.
Repas, installation sous les tentes (je dispose heureusement d’une chambre à
proximité…) Messe sous la voûte étoilée (c’est la messe du jour dont la
première lecture est la création… Petit clin Dieu liturgique).
Messe à Avdat |
Mercredi, journée dans le Néguev, avec la visite du site de Beershéva (je l’avais
visité en 2007, à l’époque où je n’y comprenais rien…) puis promenade dans le
canyon d’Ein Avdat, repas au kibboutz de Sdé Boqer (vu en 1995), puis visite du
site d’Avdat avec une belle messe dans l’église sud. Retour à Kfar haNokdim. Le
soir, nous avons rencontré Khaled, un bédouin qui nous a raconté leur mode de
vie traditionnel. La nuit fut courte ou longue suivant le point de vue :
un thé noir avant le repas, un en arrivant chez le bédouin suivi d’un café à la
cardamone… Je vous laisse imaginer.
Jeudi matin, nous avons fait un petit tour en chameau. Au début, je n’étais pas trop partant mais finalement, je me suis laissé tenter… Descente dans la vallée de la mer Morte.
Passage à Ein Gedi pour évoquer le roi David et le Cantique des cantiques. Puis Qumrân, où nous avons évité le film “nigaud” selon les mots du spécialiste du site Jean-Baptiste Humbert. Cela nous a permis d’avoir le temps de manger et pour les audacieux de se baigner dans les eaux de la mer Morte. Ah, la délicate impression de se baigner dans un bouillon Knorr® ! Un de mes pèlerins a réussi à se mettre de l’eau dans les yeux…
Puis à 14 h, nous étions à Qasr el-Yahûd, le site baptismal du côté israélien. Dévotions baptismales, messe sous le grand abri. Nous avons eu la chance de passer après un groupe d’orthodoxes roumains qui faisaient une petite liturgie baptismale. Je m’inquiétai de la longueur de la cérémonie et demandai à une dame du groupe de combien de temps auraient-ils encore besoin. Elle me répond : « Pas longtemps, une demi-heure tout au plus »… De la relativité du temps selon les traditions liturgiques… En fait, 5 minutes après c’était fini.
Puis route vers la Galilée. Installation à Kfar Kinneret au bord du lac, c’est un hôtel dans un kibboutz au sud d’En Gev. À cette époque de l’année, c’est calme mais l’été, ça doit être invivable. Ce soir-là, nous avons fait une belle expérience d’échange en petits groupes.
Jeudi matin, nous avons fait un petit tour en chameau. Au début, je n’étais pas trop partant mais finalement, je me suis laissé tenter… Descente dans la vallée de la mer Morte.
Passage à Ein Gedi pour évoquer le roi David et le Cantique des cantiques. Puis Qumrân, où nous avons évité le film “nigaud” selon les mots du spécialiste du site Jean-Baptiste Humbert. Cela nous a permis d’avoir le temps de manger et pour les audacieux de se baigner dans les eaux de la mer Morte. Ah, la délicate impression de se baigner dans un bouillon Knorr® ! Un de mes pèlerins a réussi à se mettre de l’eau dans les yeux…
Puis à 14 h, nous étions à Qasr el-Yahûd, le site baptismal du côté israélien. Dévotions baptismales, messe sous le grand abri. Nous avons eu la chance de passer après un groupe d’orthodoxes roumains qui faisaient une petite liturgie baptismale. Je m’inquiétai de la longueur de la cérémonie et demandai à une dame du groupe de combien de temps auraient-ils encore besoin. Elle me répond : « Pas longtemps, une demi-heure tout au plus »… De la relativité du temps selon les traditions liturgiques… En fait, 5 minutes après c’était fini.
Puis route vers la Galilée. Installation à Kfar Kinneret au bord du lac, c’est un hôtel dans un kibboutz au sud d’En Gev. À cette époque de l’année, c’est calme mais l’été, ça doit être invivable. Ce soir-là, nous avons fait une belle expérience d’échange en petits groupes.
Visite de Chorazim (synagogue) |
Samedi, journée à Nazareth. Nous devions commencer par un temps au grand air à Arbel en profitant du soleil mais la météo était à la pluie. Changement de programme donc avec Sepphoris, “parure de toute la Galilée”, mosaïques, théâtre, cardo…
Déjeuner à Nazareth. Visite de la ville : nous passons à l’église orthodoxe de Saint-Gabriel et nos choristes slavons chantent un motet à la Vierge Marie : « il est vraiment digne de te bénir ». Messe dans la basilique supérieure (dont la déco est décidemment mochissime). Le temps de sortir de Nazareth, il n’était plus temps de s’arrêter à Cana.
Dimanche, nous quittons la matinée pour aller à Césarée maritime. On attendait la pluie et nous avons eu du soleil. Visite passionnante qui permet d’évoquer Hérode, Ponce Pilate, Bérénice, saint Paul, Eusèbe et Origène, et saint Louis… Déjeuner sur le port puis départ vers Bethléem. La route est bonne et nous arrivons en avance. Bethléem est blindé de monde, ambiance métro de Tokyo. Messe sympa dans la grotte dite de saint Joseph. Nous devons renoncer à passer dans la grotte, plus de 500 personnes attendent et ne pourront pas toutes passer avant 18 h, horaire de fermeture. La queue commençait à l’entrée de la nef (la porte arménienne vient d’être restaurée) passait sous les colonnes du bas-côté nord, redescendait la nef jusqu’à la porte d’entrée et remontait entre les colonnes du bas-côté sud… Nous nous contentons donc des mosaïques croisées, fraîchement restaurées sur les murs de la nef. En ce moment, on dégage les mosaïques constantiniennes cachées à 75 cm sous le sol actuel. C’est magnifique !
Passage dans un magasin de souvenirs. Installation chez les Sœurs du Rosaire, à deux pas du Carmel de Bethléem, de l’École des Frères et du palais présidentiel palestinien. La sœur supérieure de la communauté s’appelle Sœur Émérentienne. Le soir, Denis est venu parler de son travail à l’hôpital de la Sainte-Famille tenu par l’Ordre de Malte et de la situation en Palestine. Les pèlerins ont apprécié son franc-parler.
Lundi matin, nous quittons Bethléem et le bus nous débarque au sommet du Mont des Oliviers. C’est une partie avec laquelle j’ai du mal, pas tant pour les lieux que l’on visite que de l’affluence toujours impressionnante. Passage presque obligé au Carmel du Pater, vue sur la Vieille Ville, Dominus Flevit, Gethsémani… Le bus nous récupère et nous laisse à Saint-Pierre-en-Gallicante. Nous regardons la maquette de Jérusalem à l’époque byzantine. Puis, repas chez les Sœurs Maronites, visite du Musée de l’Histoire de Jérusalem dans la Citadelle. Nous passons au Cénacle qui est presque vide et permet une petite visite priante avant la messe au couvent franciscain. Passage à la Dormition, nous avons de la chance, la crypte est réouverte après quelques travaux encore en cours la semaine précédente. Installation à la Casa Nova, maison d’accueil des franciscains au cœur de la Vieille Ville. Le soir, veillée adoration-confession-heure sainte…
Le groupe devant le Dôme du Rocher |
Mardi, traversée du quartier juif de la Vieille Ville, prière au Mur
occidental, montée sur l’esplanade des Mosquées, passage à Sainte-Anne où nous
passons une heure. Trois d’entre nous, membres d’un chœur polyphonique de
chants orthodoxes, chantent à nouveau le motet à la Vierge. Visite de l’Ecce
Homo, ça y est je commence à me repérer… Pour mes pèlerins, je ne sais pas trop…
Nous sommes bien en avance et l’on peut profiter de la terrasse pour se poser
avant le déjeuner. Messe de la Passion dans la basilique de l’Ecce Homo. Nos
choristes chantent un Tiebie Poiem du XIIIe siècle. J’en ai encore la chair de poule…
Puis chemin de croix dans les rues de Jérusalem suivant le tracé traditionnel
du XIVe s. À la
quatrième station, nous doublons les pèlerins de la Roche-sur-Yon, à la piété
un peu longuette… Ce fut un beau moment accompagné par le texte du P.
Marie-Eugène (publié dans Jésus, contemplation du mystère pascal). Par
bonheur, nous pouvons traverser les chapelles éthiopiennes qui donnent accès la
place devant la basilique de la Résurrection. Dans laquelle nous entrons, une
fois le Chemin de croix achevé. Nous nous sommes directement placés dans la
queue et je fais les explications pendant que nous attendons (merveille
technologique des écouteurs). Tout s’est merveilleusement passé : ça
défilait bien, nous avons été interrompu par la procession poméridienne des
franciscains qui nous a inséré dans la vie liturgique de la basilique (on l’oublie
trop souvent !) et tout le groupe est passé en cinq minutes et pour
couronner le tout, l’orthodoxe qui dirigeait les opérations était sympa,
souriant, cordial et il parlait anglais (c’est suffisamment rare pour le
souligner : l’anglais et la cordialité).
Puis nous avons fait le tour de la basilique. Rapide passage à l’École biblique
de Jérusalem. Le soir, vous vous en doutez, j’étais cané !
Mercredi matin, visite du Yad vaShem, mémorial de la Shoah. Nous voyons la
vallée des communautés et le mémorial des enfants. Puis descente vers Ein
Karem, lieu de la visitation. Nous célébrons la messe dans la petite église.
Repas chez les Sœurs de Sion : un petit paradis au bout d’une ruelle
paisible. L’après-midi, nous passons au Musée d’Israël : la fameuse
maquette de Jérusalem et le sanctuaire du livre. Le reste de l’après-midi,
shopping dans la Vieille Ville. Le soir, veillée partage : chacun évoque
une émotion, un lieu ou une rencontre qui l’a touché pendant le pèlerinage.
Nous délions les langues grâce à un peu d’arak palestinien. Ce fut très
touchant. Pour les pèlerins, j’avais demandé des exemplaires de la revue Terre Sainte Magazine, pour leur donner envie de s’abonner.
Jeudi, départ à 8 heures pour Abu Gosh : rencontre avec le Fr. Olivier,
puis messe de la Résurrection dans l’abbatiale (***). À la communion, nos
chanteurs chantent un Gloire à Dieu slavon de toute beauté. Il faut un
peu houspiller le groupe pour ne pas s’attarder à la boutique (« Laissez-en
pour les suivants ! »), route vers l’aéroport où je laisse mes
pèlerins à leurs formalités d’embarquement. Je reprends le train qui me laisse
toujours pantois. J’ai fait une sieste mémorable… Puis je suis allé assister à
la conférence donnée à l’École biblique : « Les fondements métallurgiques
du yahwisme israélite », donné par Nissim Amzallag, un Franco-Israélien (d’origine
française) biologiste de formation (il est imbattable sur les questions d’évolution
des espèces) et professeur à l’Université de Beer Sheva, au département de
Bible, Archéologie et Proche Orient ancien. Le titre aurait pu laisser penser à
une sorte de “cadavre exquis” et en fait c’était passionnant. Vous trouverez un résumé de ses recherches. Dans quelques jours, ce sera mis en ligne sur la
chaîne YouTube de l’ÉBAF.
Vendredi matin, soutenance de thèse de Nicola Agnoli, prêtre du diocèse de
Vérone, sur le livre de Jérémie. C’était intéressant et cela m’a paru moins
long que pour celle d’Henri Vallançon, il y a trois ans. L’après-midi, sieste
et étude à la maison. Samedi matin, bibliothèque. L’après-midi, je suis allé
chez Laurent et Laurence pour regarder le match de rugby France-Écosse.
Après-midi sympa.
À bientôt,
Étienne+