mardi 22 mai 2007

Jordanie : Wadi Ramm et Petra

Cher tous,

Ce voyage en Jordanie a été une merveille. Cinq jours, c’est à la fois court et très dense… Nous sommes allés de beautés en beautés.Départ mercredi matin, après un lever aux aurores… Le bus nous a conduits jusqu’au poste frontière d’Aqaba. Finalement, ça fait bien quatre heures de route. Nous nous sommes arrêtés sur les bords de la Mer Morte, à Ein Boqeq, puis près de Timna (les fameuses mines du roi Salomon, exploitées depuis 6 000 ans).
Aqaba se situe au fond du golfe auquel elle a donné son nom, du côté jordanien. Il ne reste pas grand-chose de la petite cité conquise par Lawrence. Le site est en plein boum économique. On voit de grandes avenues bordées de palmiers qui attendent d’être garnies de bâtiments. Pour attirer les investisseurs, le gouvernement a fait d’Aqaba une zone franche.
Le passage de la frontière s’est assez bien passé. Nous sommes montés dans un nouveau bus, jordanien cette fois-ci. Une bonne heure de route à travers un wadi.
Ensuite, nous sommes montés à bord de véhicules 4x4 pour une excursion dans le
Wadi Ramm. On s’est bien amusés. Il est vrai qu’on devait ressembler à de braves touristes mais c’était fantastique !!! Les rochers de grès rouge et noir, le sable roux et rugueux. Plus le temps avançait, plus la lumière était belle. Nous avons fait quelques haltes en chemin pour voir des inscriptions et des gravures nabatéennes, un endroit où nous avons ramassé des éclats de turquoise, un puits que la tradition dit avoir été utilisé par Lawrence. On s’est aussi un peu amusés dans les dunes. Nous avons donc vu le Wadi Ramm proprement dit et le rocher appelé les Sept Piliers de la Sagesse (le rocher a reçu son nom du bouquin et non pas l’inverse !). Dans le Wadi Ramm, j’ai repéré, du premier coup d’œil, le lieu où a été tourné Lawrence d’Arabie. Il s’agit de la séquence du camp d’Auda Abu Tayi (interprété par Anthony Quinn). En plus, il faisait une douce chaleur (moins de 30° C), le vent soulevait ça et là le sable en colonnes de nuée.
Au retour, après quatre heures de rodéo, nous sommes rentrés au village. Sur la route, le véhicule fonçait, j’étais debout à l’arrière avec quelques autres et à un moment, je me suis retourné et ce fut le drame : mes lunettes de soleil ont glissé de mon nez et se sont envolées, décrivant une belle parabole avant de toucher le sol en se brisant en mille morceaux… Guilhem me les avait données il y a au moins douze ans. Camps scouts, routes NDV (déjà la Terre Sainte), camp d’aumônerie, JMJ… Elles auront bien servi !
Nous avons fini par arriver au bivouac pour la première nuit. Installation, célébration de la messe dans le désert avec un petit autel en pierres sèches, repas préparé par le bédouin qui nous accueillait (Quatorze enfants avec une seule femme !). Le ciel était d’une pureté extraordinaire : nous avons passé un bon moment à regarder les étoiles. La nuit sous tente s’est bien passée.
Le matin, lever aux aurores, petit déjeuner rapide : thé, café, pain, œuf dur… Puis nous avons pris le bus vers Pétra. Une heure et demie de route… Nous nous sommes arrêtés sur un promontoire pour admirer de loin le site. On voyait très bien le Sîq, le défilé qui donne accès à la ville.
Une fois arrivés à Pétra, je me suis précipité chez le premier marchand de babioles venu pour acheter des lunettes. J’ai donc acheté des “vraies” Rayban pour presque rien. Il y a pas mal d’échoppes qui sont estampillées “Indiana Jones”.
Pour accéder au site, il faut marcher deux bons kilomètres (on peut aussi louer une calèche ou un ânon), d’abord entre des rochers dont certains sont taillés et sculptés en tombes. Puis on arrive à une digue qui empêche l’eau de pénétrer dans le défilé. Le wadi est détourné vers un autre wadi grâce à un tunnel qui la fait passer de l’autre côté. En 1964, la digue n’avait pas été restaurée, et un groupe de pèlerins français a été anéanti par l’arrivée soudaine d’eau dans le défilé.
Nous avons suivi le défilé qui mesure un bon kilomètre. Il est vraiment étroit. De loin en loin, les hautes parois sont sculptées : niches, représentations d’une caravane. En certains endroits, la roche est veinée de rouge, gris, bleu… Au bout, le rocher semble s’ouvrir pour laisser surgir la splendeur de la façade du Trésor, le Khazneh. À 9h15, la façade est toute illuminée.
Vraiment cela dépasse tout ce qu’on peut imaginer et décrire. Le monument en impose puisqu’il mesure 40 mètres de haut. Il est entièrement taillé dans le roc, sans rien de bâti. Fascinant !



Si vous avez vu (vous n’avez pu manquer de le faire) Indiana Jones et la dernière croisade, on retrouve quelque chose de ça. Dans Coke en Stock, Tintin est moins impressionné. Je me suis rappelé aussi un Agatha Christie qui se passe à Petra, mais j'ai oublié le titre.






Le Khazneh est un tombeau mais la salle est un cube vide sans plus aucune trace de décoration, ce qui tranche avec le faste de l’extérieur.
Le Khazneh est une splendeur mais finalement, ce n’est que la mise en bouche d’un site immense : 3km sur 5. La ville était occupée par les Nabatéens, des nomades qui à partir du quatrième siècle av. J.-C. ont commercé entre Gaza et l’Asie : encens, soie, épices… Pétra était leur capitale, cachée dans les montagnes mais comme ils vivaient sous la tente, les seuls bâtiments en dur qu’ils ont laissé sont les tombeaux. Cela confère au site un aspect d’immense nécropole, presque un “cimetière des éléphants”. Les Nabatéens ont été soumis par Trajan en 106. Pétra est ensuite devenue un évêché byzantin et progressivement abandonnée mais jamais complètement puisque des bédouins l’occupaient encore dans les années 1960, avant que le site ne soit aménagé pour le “tourisme de masse”. Le site a été révélé à l’Occident par un Suisse et popularisé dans l’iconographie par l’anglais David Roberts en 1839.

Nous avons tourné à gauche ensuite pour monter vers le haut lieu. Une demi-heure de grimpette (fraîcheur de l’air, vent frais, un régal). Il s’agit d’un lieu de sacrifice et de culte, avec une table des offrandes, un autel des sacrifices et un bassin pour le sang. Le panorama est vertigineux. En fait, on compte plusieurs de ces lieux à Pétra, mais celui-là est le plus beau. Du coup, nous nous sommes mis un peu en contrebas pour célébrer la messe de l’Ascension. La deuxième lecture de la fête prenait alors un relief particulier.
Nous sommes descendus de l’autre côté. Quelques tombes splendides. Visite du “temple de la fille de Pharaon” (à l’époque beaucoup de noms ont été donnés en référence à l’Égypte) fouillé et restauré par l’université de Nanterre.
Enfin, halte bienvenue au resto du site. Après le repas, un temps de sieste puis visite du petit musée : quelques mosaïques, des céramiques nabatéennes, quelques sculptures. Nous sommes ensuite montés au “Monastère” Ad-Deir. Encore une belle bavante, mais le jeu en vaut la chandelle. Le Monastère a pris ce nom puisqu’il semble avoir servi d’église à une époque. C’est le plus grand des tombeaux de Pétra (50x45m). L’après-midi, la façade est éclairée en face. Le drame… c’est que mon appareil photo ne s’est pas mis en économie d’énergie pendant le repas de midi (normalement c’est automatique), il était vide et je n’ai pas pu prendre de photo. Il y avait un type qui est monté tout en haut, au sommet de l’urne. Il a l’air coutumier du fait puisque je l’ai vu sur Internet.
On a continué un peu pour admirer le panorama sur la dépression de la Arabah entre le sud de la Mer Morte et Aqaba. Encore vertigineux. Redescente vers le resto. Puis de là, nous sommes allés vers le Tombeau du Turcoman, il est un peu excentré mais il a été fouillé et décrit par l’École Biblique en 1897. Là, nous avons fait une photo de groupe. Admirez la splendeur des couleurs qui se marie à la régularité de la taille de la pierre...
Puis, nous sommes vite retournés à l’entrée du site. Retour au bus et installation à l’hôtel. Repas excellent et nuit reconstituante.
Le lendemain matin, nous sommes retournés à Pétra pour la matinée. L’arrivée sur le site est toujours aussi fascinante même si la surprise joue moins. De plus, la façade n’était pas encore touchée par le soleil. Il était tôt, pas grand monde sur le site, j’ai fait quelques bons portraits.
Nous avons vu à ce moment les tombeaux palais. C’est à faire plutôt l’après-midi pour jouir de la lumière et des couleurs mais c’est tout de même splendide. Puis, nous avons vu l’église byzantine avec ses mosaïques splendides et l’évêché, avec sa jolie chapelle décorée de quatre colonnes de granit bleu.
Passage rapide au grand temple fouillé par une université américaine. Ensuite, nous avons à regret quitté Petra. Les yeux pleins de lumière, de couleurs, des formes baroques et improbables que le vent a donné aux bâtiments.
Pique-nique à l’entrée du site et départ du bus vers le nord, et Madaba, par la route des Rois. Le paysage est captivant, un plateau et de grandes vallées à traverser. À Madaba, nous sommes arrivés à six heures moins dix, juste à temps pour visiter l’église Saint-Georges avec sa fameuse carte-mosaïque du 6° siècle. Mais en fait, on ne pouvait rien voir puisque l’église était apprêtée pour un mariage…
Nous nous sommes installés à l’hôtel et avons profité de la piscine avant de célébrer la messe dans la salle-à-manger (le patron est chrétien). En fait, Madaba est une ville qui a été fondée pour accueillir des chrétiens, il y a plusieurs églises construites sur les églises byzantines. Depuis quelques années, les musulmans sont majoritaires puisque nous ne sommes qu’à 30km d’Aman, la capitale et proches de l’aéroport. C’est donc une banlieue sympa. Évidemment, une mosquée immense est en construction…
La nuit a été bien reposante.

1 commentaire:

brigitte a dit…

Le roman d'Agatha Christie qui se passe à Pétra est "Rendez-vous avec la mort".
Amitiés,
brigitte