אם־אשכחך ירושלם
ˀim-ˀeškaḥeḵ
yerûšālāim
Chers
amis,
Eh
oui, on revient toujours à Jérusalem. Ce séjour n’était pas prévu lorsque je
suis rentré en Provence à la fin du mois de janvier et les choses se sont
débloquées début mars. Cinq semaines se sont relativement libérées après
Pâques, j’ai pu organiser mon absence et me revoilà. Vous pensez bien que le
but de mon séjour est avant tout studieux.
Après les célébrations pascales, j’ai passé cinq jours à Lourdes avec les jeunes du diocèse d’Avignon qui préparent leur profession de foi. Cinq jours géniaux, bien remplis mais crevants. Vous me direz, avec ce qu'on nous fait faire, ça n'est pas étonnant :
Après les célébrations pascales, j’ai passé cinq jours à Lourdes avec les jeunes du diocèse d’Avignon qui préparent leur profession de foi. Cinq jours géniaux, bien remplis mais crevants. Vous me direz, avec ce qu'on nous fait faire, ça n'est pas étonnant :
Le retour à Saint-Didier n’a pas été de tout repos : rencontre des fiancés
de la paroisse, baptême en urgence d’un tout petit qui se prépare à subir une
opération à cœur ouvert. Prise de contact avec des
fiancés qui se marient l’année prochaine. Le lendemain, ils sont venus à la messe
à Venasque ! Trop bien !
Le soir, j’avais invité les paroissiens à voir le film de Pasolini, L’Évangile selon saint Matthieu. J’adore ce film ! je ne peux pas le voir sans être bouleversé par les regards, la mise en scène, la fidélité au texte, la musique, la présence de Marie… J’ai toujours les larmes aux yeux.
Dimanche de la Miséricorde, j’étais parmi les premiers à voter à Saint-Didier. Deux messes à célébrer, une valise à faire avant d’aller déjeuner chez Odile et Kurt, au-dessus de Saint-Gens. Le repas fut sympathique en profitant de la vue dégagée qu’on a de là-haut. Petit tour dans la colline avant de redescendre à la maison pour laisser la voiture à Sainte-Garde, boucler la valise, dire coucou au bureau de vote (je voulais voir le taux de participation, à 17h, il y avait plus de 76 % !). Puis Odile est passée me conduire à l’Isle-sur-la-Sorgue où j’ai pris le train vers la gare VAMP (Vitrolles-Aéroport Marseille Provence). Je rejoins à pied l’hôtel F1 où j’avais réservé une chambre. C’est donc là que j’ai appris les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Pour la miséricorde, on repassera ! Depuis, il circule une photo du Dr Freud, dubitatif du choix qu'il a à faire entre la candidate qui a tué le père et le candidat qui a épousé sa mère. C'est un deuxième tour très œdipien. Dodo tôt, car la nuit serait courte.
Lever 5h30, douche rapide, rangement et me voilà parti (à nouveau à pied) vers l’aéroport.
Cette fois-ci, j’avais opté pour un vol direct Marseille-Tel Aviv et je volais donc sur ElAl, la compagnie nationale israélienne. J’ai eu droit à trois interrogateurs, deux jeunes femmes et un bonhomme. Il avait l’air aussi affectueux que Wladimir Poutine. La deuxième jeune femme a été coriace : je lui ai presque raconté ma vie. Je lui ai montré ma carte de bibliothèque me donnant accès aux collections de l’ÉBAF, elle m’a demandé ce que je faisais chaque jour dans ma paroisse (« Je prie, je rencontre des gens, je donne des cours »), si j’avais un “jour off”, je lui ai même montré mon celebret (document signé par le supérieur d’un prêtre – évêque ou supérieur religieux – attestant que le porteur est bien un prêtre et qu’il n’est pas canoniquement empêché de célébrer les sacrements, lequel est rédigé en latin, langue que la jeune femme ne parle pas et que je maîtrise avec une aisance toute relative… En plus sur la photo, j’ai une belle tête de taliban de retour de Syrie). Puis il y a eu les questions habituelles sur les circonstances du bouclage de ma valise avant de passer à la fouille des bagages.
Enfin ! Après presque une heure de mijotage, elle m’a lâché les basques. J’ai pu m’enregistrer mais il y avait une panne informatique, on a poireauté un petit moment de plus.
Finalement, l’avion est parti avec près de trois quarts d’heure de retard… Je me suis retrouvé à côté d’un couple de retraités qui allaient visiter leur fille, moniale en Terre Sainte. Le trajet fut donc sympa. Heureusement, car la programmation télévisuelle de l’avion n’était pas folichonne. « Pour notre agrément », ElAl avait sélectionné un documentaire en hébreu au thème indéterminé : l’armement ? la cuisine orientale ? la Shoah ? la dilatation thermique ? J’hésite encore. Puis il y a eu un film bien américain qui se passe en Allemagne pendant les années 30 et 40. (Non, ça n’était pas aussi drôle que la Grande Vadrouille). Puis sur les 11h15, on nous a servi… le petit déjeuner ! Oui, le petit déjeuner à 11h15 (il était 12h15 en Israël).
Nous avons survolé le cap Corse, l’île du Giglio (celle du Costa Concordia), le golfe de Tarente (la plante des pieds de la botte italienne), Lecce (le talon), puis Ithaque et Céphalonie, le golfe de Corinthe et le Péloponnèse. Et enfin la haute mer…
Arrivée à Tel Aviv avec un peu de retard, je passe les contrôles frontaliers, je récupère ma valoche et retrouve Michelle qui a eu l’extrême gentillesse de venir me chercher à l’aéroport. J’économise le sherout, je gagne du temps et en plus, la compagnie est agréable.
Arrivée sans encombre en fin d’après-midi au Collège. Je m’installe, je me repose et célèbre la messe en fin d’après-midi.
Mardi matin, je vais à l’ÉBAF dans la matinée. Je traverse la cour du Collège (c’est la rentrée des classes après une douzaine de jours de vacances de Pâques). À l’ÉBAF, ma matinée fut surtout consacrée à l’installation de mon poste de travail. Je ne suis plus à la table 704 que j’ai occupée en 2007, l’année dernière et lors de mes deux précédents séjours… mais à la table 702 (ça va, je perds pas trop mes repères). Puis j’ai reconstitué mon stock de livres (commentaires de l’Apocalypse, études et monographies…)
Le soir, j’avais invité les paroissiens à voir le film de Pasolini, L’Évangile selon saint Matthieu. J’adore ce film ! je ne peux pas le voir sans être bouleversé par les regards, la mise en scène, la fidélité au texte, la musique, la présence de Marie… J’ai toujours les larmes aux yeux.
Dimanche de la Miséricorde, j’étais parmi les premiers à voter à Saint-Didier. Deux messes à célébrer, une valise à faire avant d’aller déjeuner chez Odile et Kurt, au-dessus de Saint-Gens. Le repas fut sympathique en profitant de la vue dégagée qu’on a de là-haut. Petit tour dans la colline avant de redescendre à la maison pour laisser la voiture à Sainte-Garde, boucler la valise, dire coucou au bureau de vote (je voulais voir le taux de participation, à 17h, il y avait plus de 76 % !). Puis Odile est passée me conduire à l’Isle-sur-la-Sorgue où j’ai pris le train vers la gare VAMP (Vitrolles-Aéroport Marseille Provence). Je rejoins à pied l’hôtel F1 où j’avais réservé une chambre. C’est donc là que j’ai appris les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Pour la miséricorde, on repassera ! Depuis, il circule une photo du Dr Freud, dubitatif du choix qu'il a à faire entre la candidate qui a tué le père et le candidat qui a épousé sa mère. C'est un deuxième tour très œdipien. Dodo tôt, car la nuit serait courte.
Lever 5h30, douche rapide, rangement et me voilà parti (à nouveau à pied) vers l’aéroport.
Cette fois-ci, j’avais opté pour un vol direct Marseille-Tel Aviv et je volais donc sur ElAl, la compagnie nationale israélienne. J’ai eu droit à trois interrogateurs, deux jeunes femmes et un bonhomme. Il avait l’air aussi affectueux que Wladimir Poutine. La deuxième jeune femme a été coriace : je lui ai presque raconté ma vie. Je lui ai montré ma carte de bibliothèque me donnant accès aux collections de l’ÉBAF, elle m’a demandé ce que je faisais chaque jour dans ma paroisse (« Je prie, je rencontre des gens, je donne des cours »), si j’avais un “jour off”, je lui ai même montré mon celebret (document signé par le supérieur d’un prêtre – évêque ou supérieur religieux – attestant que le porteur est bien un prêtre et qu’il n’est pas canoniquement empêché de célébrer les sacrements, lequel est rédigé en latin, langue que la jeune femme ne parle pas et que je maîtrise avec une aisance toute relative… En plus sur la photo, j’ai une belle tête de taliban de retour de Syrie). Puis il y a eu les questions habituelles sur les circonstances du bouclage de ma valise avant de passer à la fouille des bagages.
Enfin ! Après presque une heure de mijotage, elle m’a lâché les basques. J’ai pu m’enregistrer mais il y avait une panne informatique, on a poireauté un petit moment de plus.
Finalement, l’avion est parti avec près de trois quarts d’heure de retard… Je me suis retrouvé à côté d’un couple de retraités qui allaient visiter leur fille, moniale en Terre Sainte. Le trajet fut donc sympa. Heureusement, car la programmation télévisuelle de l’avion n’était pas folichonne. « Pour notre agrément », ElAl avait sélectionné un documentaire en hébreu au thème indéterminé : l’armement ? la cuisine orientale ? la Shoah ? la dilatation thermique ? J’hésite encore. Puis il y a eu un film bien américain qui se passe en Allemagne pendant les années 30 et 40. (Non, ça n’était pas aussi drôle que la Grande Vadrouille). Puis sur les 11h15, on nous a servi… le petit déjeuner ! Oui, le petit déjeuner à 11h15 (il était 12h15 en Israël).
Nous avons survolé le cap Corse, l’île du Giglio (celle du Costa Concordia), le golfe de Tarente (la plante des pieds de la botte italienne), Lecce (le talon), puis Ithaque et Céphalonie, le golfe de Corinthe et le Péloponnèse. Et enfin la haute mer…
Arrivée à Tel Aviv avec un peu de retard, je passe les contrôles frontaliers, je récupère ma valoche et retrouve Michelle qui a eu l’extrême gentillesse de venir me chercher à l’aéroport. J’économise le sherout, je gagne du temps et en plus, la compagnie est agréable.
Arrivée sans encombre en fin d’après-midi au Collège. Je m’installe, je me repose et célèbre la messe en fin d’après-midi.
Mardi matin, je vais à l’ÉBAF dans la matinée. Je traverse la cour du Collège (c’est la rentrée des classes après une douzaine de jours de vacances de Pâques). À l’ÉBAF, ma matinée fut surtout consacrée à l’installation de mon poste de travail. Je ne suis plus à la table 704 que j’ai occupée en 2007, l’année dernière et lors de mes deux précédents séjours… mais à la table 702 (ça va, je perds pas trop mes repères). Puis j’ai reconstitué mon stock de livres (commentaires de l’Apocalypse, études et monographies…)
L’après-midi, sieste monumentale puis balade dans les rues de la Vieille Ville.
Je
suis sorti avec un pull léger et franchement, c’est pas du luxe ! Je passe au Saint-Sépulcre, ce qui me permet de voir l’édicule restauré. C’est
vrai qu’il est beau, tout rose et lisse, sans ses immondes poutres métalliques,
sans les couches de suie grasse et noire, sans les fissures et les failles qui
faisaient craindre pour sa stabilité : bien ressuscité l’édicule !
Je suis passé au Mur occidental pour confier certaines intentions qui m’avaient été données par quelques paroissiens. En soirée, après la messe, je retrouve Marie des Neiges, rentrée le jour même de quinze jours à Paris auprès de sa famille. On peine à trouver un boui-boui ouvert : le grec est fermé (on a même eu de la peine à le retrouver), Samara est fermé lui aussi, et finalement on trouve chez Versavee, dans la ruelle du New Imperial Hôtel, où j’avais logé en 1995 avec la Route des Jeunes de NDV… Souvenirs…
Nouvelles échangées après presque trois mois sans se parler. Nous ne nous éternisons pas : d’abord, nous sommes crevés tous les deux et surtout le serveur nous fait comprendre qu’il faut qu’on paye car il s’apprête à fermer (il est 20h55 !).
Mercredi et jeudi, travail à la bibliothèque. Je retrouve le rythme (et surtout la joie) du travail. À midi, en sortant, il fait plutôt chaud, mais c’est normal, aujourd’hui, c’est khamsin.
Aujourd’hui, grève générale en Palestine. Le Collège n’est pas officiellement en grève mais les parents n’envoient pas leurs enfants (subtilité sémantique pour éviter que le ministère israélien de l’éducation ne leur cherche des poux). Ce soir, en rentrant au Collège, je vois une grande affluence dans la cour. Un prêtre copte orthodoxe est de passage, il est connu dans le monde arabe pour ses prédications simples et accessibles, et surtout ses miracles et ses exorcismes…
Je ne sais pas s’il s’est passé quelque chose.
À l’ÉBAF, il y avait une conférence sur la réception de la Poétique d’Aristote dans la tradition juive. Je dois avouer que je n’ai pas eu le courage, il fallait que je prie.
À bientôt,
Étienne+
Je suis passé au Mur occidental pour confier certaines intentions qui m’avaient été données par quelques paroissiens. En soirée, après la messe, je retrouve Marie des Neiges, rentrée le jour même de quinze jours à Paris auprès de sa famille. On peine à trouver un boui-boui ouvert : le grec est fermé (on a même eu de la peine à le retrouver), Samara est fermé lui aussi, et finalement on trouve chez Versavee, dans la ruelle du New Imperial Hôtel, où j’avais logé en 1995 avec la Route des Jeunes de NDV… Souvenirs…
Nouvelles échangées après presque trois mois sans se parler. Nous ne nous éternisons pas : d’abord, nous sommes crevés tous les deux et surtout le serveur nous fait comprendre qu’il faut qu’on paye car il s’apprête à fermer (il est 20h55 !).
Mercredi et jeudi, travail à la bibliothèque. Je retrouve le rythme (et surtout la joie) du travail. À midi, en sortant, il fait plutôt chaud, mais c’est normal, aujourd’hui, c’est khamsin.
Aujourd’hui, grève générale en Palestine. Le Collège n’est pas officiellement en grève mais les parents n’envoient pas leurs enfants (subtilité sémantique pour éviter que le ministère israélien de l’éducation ne leur cherche des poux). Ce soir, en rentrant au Collège, je vois une grande affluence dans la cour. Un prêtre copte orthodoxe est de passage, il est connu dans le monde arabe pour ses prédications simples et accessibles, et surtout ses miracles et ses exorcismes…
Je ne sais pas s’il s’est passé quelque chose.
À l’ÉBAF, il y avait une conférence sur la réception de la Poétique d’Aristote dans la tradition juive. Je dois avouer que je n’ai pas eu le courage, il fallait que je prie.
À bientôt,
Étienne+
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