mercredi 9 novembre 2016

Sept jours hors de sa tente (Lv 14,8)

(Lv 14,8)

Chers amis,
Une semaine sans message ! Non, je ne vous ai pas oublié…
Tout simplement, je n’ai pas fait grand-chose de trépidant. Jeudi, journée à la bibliothèque ; vendredi, journée à la bibliothèque ; samedi, matinée à la bibliothèque…
J’oublie tout de même le dîner à Bethléem vendredi soir, chez Denis et Dorothée. Tout le monde (ou presque !) était là. C’était très sympa mais lorsqu’on a quitté Bethléem, il était presque 1 heure du matin ! Après le dîner chez Denis et Michelle fini à 2 heures…
Mais cela ne m’a pas empêché de faire une bonne balade dans l’après-midi. Le but était de remonter la rue de Jaffa, jusqu’à la gare centrale pour pouvoir admirer et photographier les bâtiments.

La rue de Jaffa a été urbanisée à la fin du xixe siècle, lorsque les maisons sont “sorties” des limites de la Vieille Ville. Comme Jaffa était le port, la route entre Jaffa et Jérusalem était l’axe de circulation principale et par conséquent, c’est le long de cette route que les gens ont commencé à construire des maisons, des immeubles. D’abord, les communautés chrétiennes : le patriarcat arménien ainsi que la colonie russe édifiée de part et d’autre de la cathédrale russe. Actuellement, ces bâtiments sont le siège de la police et d’une prison, mais ils gardent leur architecture typique en belle pierre avec des médaillons et des inscriptions en russe.
Plus haut, c’est la zone commerciale. On voit de beaux immeubles mais on devine qu’à l’origine, il n’y avait que le rez-de-chaussée ou un seul étage. Plus tard, on a ajouté deux ou trois étages mais en essayant de conserver le style.
Ensuite, on se trouve près de Even Israel (la Pierre d’Israël), un petit quartier juif fondé ici en 1875 : maisons basses, petites placettes, venelles étroites… Ça a un charme fou mais c’est assez mal entretenu et mis en valeur…
Maison typique
Les maisons de cette époque sont construites en pierre de taille blanche ou rosée, telle qu’on en trouve à Jérusalem. Les encadrements (portes et fenêtres) sont soignés et parfois ornées de rosettes. Les maisons plus importantes ont un préau avec de belles arcades. Le must, c’est le lion assis sur les piliers du portail. Ça, ça vous pose un notable…
Plus haut, on arrive à Maḥane Yehuda (le camp de Juda), le souk juif, mais un samedi après-midi, tout est vide… Il ne faut pas râter le cadran solaire installé là par un rabbin en 1908 « pour des motifs exclusivement religieux », précise le cartel sans préciser quels motifs…
Descendu dans la rue Yosef ben Matatyahu (il s’agit en fait du nom juif de l’historien Flavius Josèphe)… Surprenant de trouver son nom sur une plaque de rue : chez les juifs, il est souvent considéré comme un traître depuis le jour où il a retourné sa veste pendant la première révolte juive. Arrivé en bas, je prends en photo un bâtiment et un juif orthodoxe me dit en hébreu quelque chose avec shabbes au milieu… Comme j’ai trois sous d’hébreu, je comprends qu’il me fait remarquer que c’est le shabbat et que la photo que j’ai prise contrevient à l’obligation du repos… C’est un ashkénaze puisqu’il prononce shabbat, à la manière des ashkénazes.
Je n’insiste pas… Je dois reconnaître avoir voulu lui dire « Shabbat Shalom », rien que pour le contrarier… Enfin.
Retour par la rue des prophètes. C’est l’occasion de voir l’Anglican School, puis le Lycée Français de Jérusalem ou encore l’entrée de l’hôpital Rothschild (c’est écrit en français !)
Hôpital italien
Passage à la cathédrale éthiopienne, à l'ambiance calme et recueillie. J'y étais allé en janvier pour la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.
Plus loin, c'est l'hôpital italien, actuel ministère de l'éducation. L'architecte (qui a aussi commis quelques églises en Terre Sainte : Gethsémani, Dominus Flevit, Mont Tabor, Mont des Béatitudes,  Champ des bergers) s'est inspiré du palais communal de Sienne et de sa tour du Mangia.
Dernière étape de la balade, la rue ha-‘Ayin Ḥeth, dans le quartier de Musrara. Là aussi les maisons sont charmantes. Et si aujourd’hui, c’est un quartier à la fois bobo (école de photo, musée de rue, balcon orné de boules de verre) et religieux (pas moins de quatre synagogues et une école juive orthodoxe avec son vigile qui ressemble à Raspoutine).
Dimanche les frères étaient par monts et par vaux, entre Jaffa, Bethléem et Ramallah… Je suis allé à la messe à Saint-Sauveur à 9h30. Jolie messe accompagné à l’orgue mais le micro du lecteur était à fond. Quel supplice !
Puis je suis parti marcher avec un casse-croûte dans le sac. Grand tour par le parc de l’Indépendance, le parc Sacher, la Cour Suprême. J’ai déjeuné dans la roseraie Wohl… Je suis passé devant la Knesset (Parlement monocaméral d’Israël) et le Musée d’Israël. Je suis passé au Bible Lands Museum où j’ai acheté pour une bouchée de pain un livre que j’avais repéré le mercredi
Une gazelle
précédent : « L’Archéologie et les manuscrits de la Mer Morte » par le P. Roland de Vaux, op. C’est un des premiers ouvrages sur l’archéologie de Qumran, par celui qui a dirigé les fouilles. L’autre jour, je n’avais plus d’argent… Et j’ai profité de ma balade pour l’acquérir.
J’ai continué vers la vallée des gazelles. L’année dernière, j’y étais passé un samedi, c’était bondé… Là, j’étais quasiment seul et j’ai pu voir les fameuses gazelles de très près.
Puis j’ai rejoint le Stade Kollek et suivi la voie ferrée jusqu’à l’ancienne gare. J’étais bien cané en arrivant au Collège.
Lundi, journée à la bibliothèque. Soirée rammalliote mais menu mexicain à l’occasion de la semaine de la gastronomie mexicaine (faisant partie du patrimoine mondial immatériel de l’Unesco !). Nicolas et Agnès avaient invité les frères d’Abu Gosh. À la table voisine, le Représentant (≈ ambassadeur) mexicain à Ramallah avec ses invités. Dans un autre des restos du Mövenpick, il y avait le Consul général de France et au sous-sol, le Représentant indien. Il y avait donc du monde…
Mardi matin, c’était le dies academicus commun au Studium franciscain et à l’École biblique. Cela avait lieu à l’auditorium de Saint-Sauveur (en face de chez moi). Comme les Italiens ne parlent ni ne comprennent le français, on a beaucoup parlé en italien… Après les salamalecs d’usage, on a fait le panégyrique (ça y ressemblait beaucoup) d’un professeur des Franciscains qui devenait émérite. On a eu droit à sa biographie en long, en large et en travers. Je crois qu’il n’a manqué que la date de sa première dent de lait. Puis un professeur italien a fait une conférence sur « la réception de la figure et des lettres de Paul dans les premiers siècles chrétiens » (Clément de Rome, Ignace d’Antioche et jusqu’à Augustin en passant par Marcion et les gnostiques) C’était assez intéressant même si j’ai trouvé que mon italien s’est rouillé.
Il y avait une exposition intéressante sur des incunables de la fin du xve siècle appartenant à la Custodie : bibles, œuvres classiques, récits de pèlerinages…
Après-midi à la bibliothèque. Mercredi, journée à la bibliothèque.
Voilà… Dans une semaine, je suis de retour en France. Mon avion est à 8 h 00 à Tel Aviv... Arrivée vers 18 h 00. Le spleen me gagne.
À bientôt, je prie pour vous.
Étienne+

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