על־מקמו יבא בשלום
ˁal-meqomo yaḇoˀ ḇešalôm
ˁal-meqomo yaḇoˀ ḇešalôm
Chers amis,
Le lever à 3 h
fut difficile... Douche, derniers rangements...
Je descends et
retrouve Marie des Neiges, qui s’est courageusement levée pour m’accompagner. Michelle
arrive deux minutes plus tard : elles avaient manigancé le carrosse pour m’amener
à l’aéroport. Merci les filles, trop sympa !
Descente à
Tel-Aviv sans encombre. Je descends de voiture, on s’embrasse comme des frère
et sœurs. Merci Michelle et Marie des Neiges, de votre amitié, de votre
simplicité, de votre ouverture d’esprit. Que Dieu vous garde sur sa Terre.
Ensuite, c’est
la valse des contrôles, enregistrements divers, questions par une première personne,
par une deuxième... Je suis officiellement ḥamesh (5) sur une échelle de 6... (6
correspond au djihadiste de retour de Syrie ; peut-être que Netanyahou est 1
mais on n’est pas sûr). À l’enregistrement, ma valise fait 20 kg tout
ronds... Le bagage à main est mis sur la balance et pèse deux fois les 8 kg
autorisés. La pratique du regard “chat potté” va m’être utile :
« I
spent one year in Jerusalem ». Ça marche. Deuxième contrôle de sécurité,
je suis placé dans un endroit spécial ḥamesh. Je déballe mon bagage cabine : livres, appareils
électroniques, ordi, chapeau, veste... Le type passe dans mon sac un bâtonnet
qui détecte les traces d’explosifs. Tant pis pour lui, mon sac compte au moins
30 poches diverses, il déguste. J’enlève mes chaussures et passe un rayonX !
Ma médaille les tracasse... Ça passe. Le contrôle du passeport est ultra rapide :
je suis passé à la borne biométrique. Je n’ai plus le temps d’aller au VAT
refund pour détaxer les catalogues du Musée d’Israël (à 3%, ça ne vaut le
retard...) L’embarquement donne l’occasion d’admirer une fois de plus la
sereine courtoisie israélienne. Pour nous, Français qui passons souvent pour
brusques et directs, nous réalisons que nous ne sommes pas si mal. C’est
impressionnant de voir à quel point les rapports sociaux sont brutaux dans ce
pays : ils ne communiquent pas, ils s’engueulent. Et ils ne savent pas se
parler calmement en cas de désaccord. C’est sans compter le sans-gêne : je
fais mes affaires sans me presser et si je te dérange tant pis pour toi, je
prendrai tout mon temps. On existe comme on peut.
Je m’installe,
le magazine est tout en turc (seules les pubs sont en anglais), la grille de
mots fléchés est encore vierge (en turc, elle aussi) et les deux sudoku sont
faits, ainsi que le labyrinthe... Du coup, j’écoute la Bible sur mon téléphone.
Arrivée
tardive à Istanbul, nous devons franchir un contrôle de sécurité. J’avais envie
de leur dire que c’était inutile puisque nous venions de franchir le plus
efficace de tous les contrôles de sécurité aéroportuaire à Tel-Aviv... D’autant
que les contrôles de sécurité à Istanbul, c’est un peu la fête foraine.
Au duty free d’Istanbul,
j’achète un petit sac en toile pour y caser les livres que je transporte dans
mon sac à dos. Du coup, il est tout léger.
L’embarquement
dans le deuxième avion a été rocambolesque : l’écran TV du couloir d’embarquement
ne fonctionnait pas et nous avons pris du retard... Mais cela n’a pas eu d’incidence
sur l’arrivée. L’avion était à moitié vide. À un moment, il y a eu une
altercation entre un passager et le steward : le passager exigeait qu’on
lui serve le repas qu’il prétendait avoir commandé lors de la réservation mais
qui n’apparaissait pas sur son billet... Étant au troisième rang, je n’ai rien
perdu du dialogue sinon qu’il était en turc. Nous avons survolé la Bulgarie,
Sarajevo, les îles de la Croatie, la plaine du Pô. Je récupère ma valise qui a
été fouillée par la police. C’est systématique pour un ḥamesh. Il y a un petit billet qui
avertit le passager, du style “avec les compliments d’Arsène Lupin”, mais
reconnaissons qu’Arsène Lupin fait cela avec plus de finesse... Malgré ce qu’affirme
le billet, j’ai retrouvé mes affaires sens dessus dessous... Mais tout est là.
Ils ont ébréché le mug que l’on m’a offert pour mon anniversaire. Pignoufs !
Ça semble réparable.
Je cours
acheter mon billet de train qui semble circuler... Je retourne au terminal où j’achète
de l’eau (je suis en état de lyophilisation avancée) et de la compote. Ça n’existe
pas là-bas. J’ai dû en manger une fois en huit mois (les Jonquet apprécieront l’ascèse
providentielle qui m’a été imposée). La vendeuse est d’une amabilité surprenante
(sourire, bonjour, bonne fin de journée) mais en fait, c’est NORMAL !
Mon train
circule, c’est miraculeux et il n’a que cinq minutes de retard… Une petite
heure de trajet et Paul m’attend sur le quai de l’Isle-sur-la-Sorgue. Je suis à
Saint-Didier à 18 heures. C’est l’heure de la sortie du caté. Je célèbre la
messe du Sacré-Cœur. Le soir après le repas, je range un peu et reprends mes
marques. Mon lit est tout douillet. Je suis bien chez moi. Merci Seigneur.
Adisias !