samedi 4 juin 2016

Chez lui, il ira dans la paix. (Ex 18,23)

על־מקמו יבא בשלום
ˁal-meqomo yaḇoˀ ḇešalôm

Chers amis,
Le lever à 3 h fut difficile... Douche, derniers rangements...
Je descends et retrouve Marie des Neiges, qui s’est courageusement levée pour m’accompagner. Michelle arrive deux minutes plus tard : elles avaient manigancé le carrosse pour m’amener à l’aéroport. Merci les filles, trop sympa !
Descente à Tel-Aviv sans encombre. Je descends de voiture, on s’embrasse comme des frère et sœurs. Merci Michelle et Marie des Neiges, de votre amitié, de votre simplicité, de votre ouverture d’esprit. Que Dieu vous garde sur sa Terre.
Ensuite, c’est la valse des contrôles, enregistrements divers, questions par une première personne, par une deuxième... Je suis officiellement ḥamesh (5) sur une échelle de 6... (6 correspond au djihadiste de retour de Syrie ; peut-être que Netanyahou est 1 mais on n’est pas sûr). À l’enregistrement, ma valise fait 20 kg tout ronds... Le bagage à main est mis sur la balance et pèse deux fois les 8 kg autorisés. La pratique du regard “chat potté” va m’être utile :
« I spent one year in Jerusalem ». Ça marche. Deuxième contrôle de sécurité, je suis placé dans un endroit spécial ḥamesh. Je déballe mon bagage cabine : livres, appareils électroniques, ordi, chapeau, veste... Le type passe dans mon sac un bâtonnet qui détecte les traces d’explosifs. Tant pis pour lui, mon sac compte au moins 30 poches diverses, il déguste. J’enlève mes chaussures et passe un rayonX ! Ma médaille les tracasse... Ça passe. Le contrôle du passeport est ultra rapide : je suis passé à la borne biométrique. Je n’ai plus le temps d’aller au VAT refund pour détaxer les catalogues du Musée d’Israël (à 3%, ça ne vaut le retard...) L’embarquement donne l’occasion d’admirer une fois de plus la sereine courtoisie israélienne. Pour nous, Français qui passons souvent pour brusques et directs, nous réalisons que nous ne sommes pas si mal. C’est impressionnant de voir à quel point les rapports sociaux sont brutaux dans ce pays : ils ne communiquent pas, ils s’engueulent. Et ils ne savent pas se parler calmement en cas de désaccord. C’est sans compter le sans-gêne : je fais mes affaires sans me presser et si je te dérange tant pis pour toi, je prendrai tout mon temps. On existe comme on peut.
Je m’installe, le magazine est tout en turc (seules les pubs sont en anglais), la grille de mots fléchés est encore vierge (en turc, elle aussi) et les deux sudoku sont faits, ainsi que le labyrinthe... Du coup, j’écoute la Bible sur mon téléphone.
Arrivée tardive à Istanbul, nous devons franchir un contrôle de sécurité. J’avais envie de leur dire que c’était inutile puisque nous venions de franchir le plus efficace de tous les contrôles de sécurité aéroportuaire à Tel-Aviv... D’autant que les contrôles de sécurité à Istanbul, c’est un peu la fête foraine.
Au duty free d’Istanbul, j’achète un petit sac en toile pour y caser les livres que je transporte dans mon sac à dos. Du coup, il est tout léger.
L’embarquement dans le deuxième avion a été rocambolesque : l’écran TV du couloir d’embarquement ne fonctionnait pas et nous avons pris du retard... Mais cela n’a pas eu d’incidence sur l’arrivée. L’avion était à moitié vide. À un moment, il y a eu une altercation entre un passager et le steward : le passager exigeait qu’on lui serve le repas qu’il prétendait avoir commandé lors de la réservation mais qui n’apparaissait pas sur son billet... Étant au troisième rang, je n’ai rien perdu du dialogue sinon qu’il était en turc. Nous avons survolé la Bulgarie, Sarajevo, les îles de la Croatie, la plaine du Pô. Je récupère ma valise qui a été fouillée par la police. C’est systématique pour un ḥamesh. Il y a un petit billet qui avertit le passager, du style “avec les compliments d’Arsène Lupin”, mais reconnaissons qu’Arsène Lupin fait cela avec plus de finesse... Malgré ce qu’affirme le billet, j’ai retrouvé mes affaires sens dessus dessous... Mais tout est là. Ils ont ébréché le mug que l’on m’a offert pour mon anniversaire. Pignoufs ! Ça semble réparable.
Je cours acheter mon billet de train qui semble circuler... Je retourne au terminal où j’achète de l’eau (je suis en état de lyophilisation avancée) et de la compote. Ça n’existe pas là-bas. J’ai dû en manger une fois en huit mois (les Jonquet apprécieront l’ascèse providentielle qui m’a été imposée). La vendeuse est d’une amabilité surprenante (sourire, bonjour, bonne fin de journée) mais en fait, c’est NORMAL !
Mon train circule, c’est miraculeux et il n’a que cinq minutes de retard… Une petite heure de trajet et Paul m’attend sur le quai de l’Isle-sur-la-Sorgue. Je suis à Saint-Didier à 18 heures. C’est l’heure de la sortie du caté. Je célèbre la messe du Sacré-Cœur. Le soir après le repas, je range un peu et reprends mes marques. Mon lit est tout douillet. Je suis bien chez moi. Merci Seigneur.
Adisias !
Étienne+

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