jeudi 27 octobre 2016

Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche (Ps 118,72)


טוֹב־לִי תוֹרַת־פִּיךָ

ṭôb-lî tôrat-pîkā


Chers amis,
Dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh… Quelle expédition pour y aller ! Normalement, il suffit de prendre le tramway jusqu’à la gare centrale, de marcher 150 mètres et de prendre ensuite le bus 185 qui passe toutes les 25 minutes et vous dépose à 300 mètres de l’Abbaye. À l’arrêt de bus, je retrouve inopinément le P. Dominic, un dominicain indien, et Sœur Mila, une dominicaine péruvienne. Et nous avons attendu en vain le bus… En plus, en ce moment, quand on sort vers 8 du matin, il fait frais et on emporte une petite laine mais dès qu’on est au soleil à 8h30, on cuit…
En dernier recours, nous avons pris un taxi. Et nous sommes arrivés à l’heure.
Belle messe comme à l’accoutumée. À la sortie, je retrouve toutes les familles de l’année dernière, sauf les A. repartis en France cet été.
Après l’apéritif avec les moines, me voilà embarqué vers Ramallah pour le repas au Mövenpick. Pour rentrer à Jérusalem, nous prévoyons un passage à Nabi Samwil. C’est le lieu traditionnel de la tombe du prophète Samuel, associé aussi à Miçpa, le lieu où Samuel jugeait Israël (1S 7,6). Le lieu porte bien son nom puisqu’en hébreu, Miçpa signifie « point élevé d’où l’on peut observer ». De fait, on voit la Cisjordanie au nord, Jérusalem au sud et quand il fait beau les montagnes de Jordanie à l’est et la Méditerranée à l’ouest.
Le gardien à l’entrée, un arabe israélien habitant Abu Gosh, nous a entretenu dans un anglais très sommaire de ce qu’il y avait à voir dans le lieu.
Profitant de la situation, les hommes ont occupé ce lieu depuis des siècles… Restes de l’époque du premier temple, de l’époque hasmonéenne… Évidemment les Byzantins y ont édifié une église. Les Croisés ont édifié une belle église sur ce lieu qu’ils ont appelé Montjoie. En effet, c’est de ce promontoire qu’en 1099, ils ont aperçu pour la première fois Jérusalem, but de leur chemin. On comprend qu’ils aient été heureux !
Nabi Samwil, vue d'avion
Le gardien nous a servi une étymologie bien capillotractée pour le nom de ce lieu… Pour lui, samwil (Samuel en arabe) aurait été compris comme smile par les Croisés et donc ils en auraient fait le mont de la joie… On n’a pas osé lui dire qu’à l’époque, même les croisés qui venaient d’Angleterre parlaient français… Il n’était pas du genre à tolérer la contradiction…
Sinon, je redécouvre la bibliothèque de l’ÉBAF. Je n’ai pas perdu mes repères (dautant que je suis toujours au même bureau). Mais je réapprends à allumer les lumières en me rappelant le principe d’ordre qui gouverne l’installation électrique de la bibliothèque : « le bouton de droite allume à gauche et vice-versa ». La variante sur le bouton du haut et du bas existe aussi.
Lundi, c’était l’anniversaire du Fr. Rafael (87 ans, bon pied bon œil). Les employés ont apporté un gâteau à midi pour célébrer. C’était un gâteau à la carotte ! Oui, ça existe ! Et c’est pas mauvais : il y a surtout du chocolat, des noix, de la cannelle et aussi des carottes râpées…
Le soir, c’était un énorme gâteau qui redresserait la glycémie d’un anorexique : une génoise avec crème, chocolat, caramel, noix de coco… Il était énorme et il a fallu trois jours pour en venir à bout.
C’était aussi la double fête juive de Yôm hašemînî ‘açeret et de Simħat Torah. La première se célèbre le huitième jour après le début de Soukkot qui dure sept jours (Yôm hašemînî signifie “huitième jour”). On en parle en Lv 23,36 : « Le huitième jour, il y aura pour vous une assemblée sainte. Vous présenterez au Seigneur un mets consumé. C’est solennité, vous ne ferez aucune œuvre servile » (cf. Nb 29,35). Simħat Torah signifie “Joie de la Torah”, c’est la fête qui célèbre la fin du cycle de lecture annuel de la Torah : en une année, on a lu toute la Torah et on se réjouit de cela. Les juifs chantent le grand Hallel (Ps 113-118) et ils dansent avec les rouleaux de la Torah.
Dans la rue, j’ai vu une publicité assez amusante pour un jouet : c’est la reproduction en carton du tabernacle dans lequel les rouleaux de la Torah sont conservés et du pupitre sur lequel on les pose pour la lecture. L’enfant sort un petit rouleau semblable à ceux de la Torah et il peut ainsi apprendre les lettres !
À Simħat Torah, ton enfant aussi se réjouira ! Seulement 199 ₪ !
Mercredi, le Consul général de France a fait son entrée solennelle au Saint-Sépulcre. Depuis 1535 et les accords diplomatiques entre François Ier et Soliman le Magnifique, la France est protectrice des Lieux saints. Pour cette raison, tout nouveau Consul général est accueilli solennellement par les diverses confessions chrétiennes qui gardent la basilique, dans les trente jours qui suivent sa prise de fonction. Cette fois-ci, le délai a été un peu plus long, sans doute à cause des fêtes de début d’années (Roš haššanah, Kippour et Soukkot) pendant lesquels le pays tourne au ralenti. Le Consul général visite la basilique, se recueille un instant dans la tombe du Christ.
Puis il continue son trajet vers l’église Sainte-Anne, domaine national français. Dans l’église, le Te Deum est chanté en l’honneur de la France suivi de l’antienne suivi de la prière Domine salvam fac Republicam. Puis le Consul général fait un discours. En voici une citation : « Cette visite officielle est destinée à montrer que la France entend assumer un héritage. Celui d’une longue histoire d’attention au destin de Jérusalem et au destin de ce qu’elle représente pour le monde entier. »
Fr Stéphane (ofm), Père Abbé Charles (osb, Abu Gosh), P. Luc Pareydt (sj, conseiller pour les affaires religieuses au Consulat général, M. le Consul général et son épouse, les P. blancs (sma).
 Sur le lien vous avez les photos publiées par le patriarcat. Malgré la solennité (et la rareté) de cette cérémonie, je n’y ai pas assisté : je suis resté collé à mon bureau de la bibliothèque. Je lis avec attention un bouquin important pour mon travail. Quel supplice !
Aujourd'hui, le Fr Albert est arrivé d'Amman pour une réunion du district Terre Sainte-Jordanie. Il y a quinze jours il était à Rome pour la canonisation du saint Fr Salomon Leclercq et, sur la place Saint-Pierre, il a rencontré mes cousins Jérôme et Marie-Hélène qui habitent à Rome !
À bientôt donc,
Je prie pour vous.
Étienne+

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