Lekh lekha me'artsèkha
לך־לך מארצך
לך־לך מארצך
Le grand
départ, c’est aujourd’hui.
Après la
belle journée de dimanche, entre brame du cerf dans le Ventoux à l’aube, messe
solennelle au sanctuaire de Saint-Gens, au-revoir à la paroisse et celle de
lundi partagée entre les ultimes préparatifs et les derniers examens des
étudiants du Studium, il est temps de partir. Déjà lundi, en prenant l’apéro au
Café de Paris, avec quelques paroissiens mon nez avait été attiré par les
senteurs d’épices de l’étal du marchand (nous étions lundi matin, jour de
marché à Saint-Didier).
Lundi
soir, j’ai dîné à Notre-Dame de Vie pour saluer les uns et les autres et
surtout la maîtresse des lieux. En soirée, à la maison paroissiale, j’ai
partagé un excellent Glenfiddich avec Paul et Daniel pour se dire
au-revoir et même projeter une rencontre à Jérusalem... Derniers rangements en
fin de soirée: j’ai mis toutes mes affaires dans un placard de la maison
paroissiale. (Paul et Daniel remarqueront un détail dans la garde-robe)
Mardi
matin, messe aux aurores (et même avant) à la chapelle de la Vierge de l’église
de Saint-Didier, près du tombeau de l’abbé Alexandre Martin pour leur confier
toute cette année. Le petit déjeuner a suivi avec Paul et Daniel qui partaient
ensuite prier au Studium.
À 7h15
pétantes, j’étais dehors et Odile W. est arrivée pour me mener à l’Isle-sur-la-Sorgue.
Elle y enseigne l’allemand et son lycée est à deux pas de la gare. Billet de
train, au revoir et embarquement vers la gare VAMP (non, ce n’est pas une
histoire de filles – danger de mort –, ça veut dire Vitrolles-Aéroport
Marseille-Provence.) Navette vers le terminal 1, enregistrement des bagages. J’avais
droit à 20 kg et ma valise (généreusement mise à dispo par le P. Jean-François)
pesait 19,9 kg. Ouf, j’ai eu chaud car le bagage à main est deux fois trop
lourd.
À l’heure
dite, nous embarquons dans le Boeing 737 de Turkish Airlines mais notre vol
décolle avec 50 minutes de retard. La correspondance va être chaude à Istanbul,
avec les formalités israéliennes. J’ai tout de même mon billet pour le vol
Istanbul-Tel Aviv.
Nous
sommes passés au-dessus de l’Italie et nous avons même vu Venise et sa lagune.
J’étais tellement ébahi que je l’ai dit à ma voisine. Nous avions un choix de
films, j’ai mis le dernier Avengers... Je n’ai rien compris, ça castagne
à tout va mais le scénario est trop compliqué pour moi : qui sont les bons
(pas trop difficiles, ce sont les acteurs connus), que veulent les méchants…
Le repas
est frugal mais très bon, il y avait même du vin d’Anatolie. Le café n’était
pas turc, ouf !
L’avion
a donc eu 1h de retard à Istanbul, le temps de débarquer, de trouver son chemin,
et mon avion vers Tel Aviv était déjà en l’air... La séquence suivante fut
digne des grandes heures de l’administration. « Allez au guichet 215 »
Après un quart d’heure d’attente au dit guichet, en compagnie d’une foule aussi
perdue que moi, on me demande d’aller au Transfer Desk (suivre le
couloir à gauche, prendre l’ascenseur pour descendre au premier (j’en venais...) et là, on me renvoie vers
le guichet 215. Youpi !
Finalement, je trouve un guichet Turkish Airlines et j’ai
pu changer mon billet. Mon nouvel avion part trois heures plus tard, ce qui
laisse du temps pour prendre connaissance, si l’on peut dire, des services de l’aéroport
Atatürk. Parfums, cigares, loukoums... Ce n’est pas tout à fait l’échelle du Spar
de Saint-Didier. Juste un peu plus grand. En revanche, impossible de trouver un
WiFi ouvert...
J’ai aussi appris quelques mots de turc. Poussette, ça se
dit puset, par exemple. Change, c’est döviz...
Mercredi 30 septembre, 00h00...
Enfin arrivé à Tel Aviv. Je poireaute pour le contrôle
des passeports... Jamais vu autant de monde. Les employés font du zèle, ça n’avance
pas. « La patience obtient tout » dit-on, c’est le moment de vérifier
l’adage thérésien.
En revanche, si vous ne voulez pas subir d’interrogatoire
avant de décoller, passez par la Turquie. Le seul truc qui rappelait vaguement les
consignes de sécurité, c’est un pauvre tampon apposé sur ma carte d’embarquement
"checked Security". Cela laisse rêveur.
00h45, ça y est! J’y suis, on a tellement attendu le
contrôle des passeports que les bagages ne tournaient même plus sur leur tapis
roulant.
Il est un peu tard pour prendre la navette Nesher vers
Jérusalem, cela me ferait arriver en plein milieu de la nuit. Je trompe l’ennui
dans le grand hall de l’aéroport. Je dors un peu, en profite pour vider un peu
mon sac de cabine dans ma grande valise.
Sur les quatre heures du matin, je sors du hall et trouve
sans difficulté les navettes Nesher. C’est un taxi collectif pour une dizaine
de personnes. Quand le taxi est plein, il part. Sur la route, je pique du nez.
La patience a été de mise encore une fois, pour amener les uns et les autres
dans tel ou tel quartier de la ville. La navette m’a déposé à la Porte Neuve,
que je franchis aussitôt pour renter dans la Vieille Ville. Dans la rue, il
fait encore sombre ; une seule boutique est ouverte : je regarde à l’intérieur,
personne mais un sourire de jeune femme… C’est Thérèse qui m’accueille ;
le marchand a mis dans son échoppe un poster de la visite des reliques en Terre
Sainte, en 2011.
Devant le collège des Frères, le portail s’ouvre devant
moi pour laisser entrer la camionnette de livraison du pain. Je me présente au
portier, un vieil arabe qui m’embrasse comme du bon pain, tout heureux de me voir
débarquer. Il me fait monter chez les Frères. La cour de récréation du Collège
ne m’évoque aucun souvenir…
Même l’étage occupé par la communauté des Frères a
changé. Des travaux ont eu lieu et toute la partie cuisine salle-à-manger a été
réaménagée pour leur école hôtelière. Ma chambre est bien connue, c’est celle
que j’occupais en juin 2007. 3m x 4m, deux fenêtres, un grand placard, un
bureau et un lit, un petit cabinet de toilette avec WC, lavabo et douche
italienne. Les deux fenêtres donnent l’une sur l’Hôpital Saint-Louis (dit aussi
Hôpital français ou French Hospital) et la ville juive. Le tramway passe
sous les fenêtres et se reconnaît à son tintement ; ils ont voulu faire
une belle voie végétalisée comme par chez nous, mais ici, l’effet est raté. Le green
est plutôt yellow. L’autre sur la Vieille Ville et le Mont des Oliviers
(à cette heure-là, la lumière de l’aube approche). En ouvrant la fenêtre, une
odeur d’encens et de myrrhe me parvient. À nulle autre pareille, ça y est, je
suis à Jérusalem.
Vue de ma chambre, juin 2007... |
Lorsque vous regardez le bandeau de titre du blog, vous voyez la deuxième fenêtre juste au-dessus du « e » de Étienne.
Après un verre de jus de pamplemousse, je range mes affaires, prends une rapide douche et m’effondre sur le lit. Je dors presque trois heures. Sur les 10 h, je quitte le Collège pour rejoindre l’École et effectuer les démarches administratives d’inscription. C’est vite fait et je rentre au Collège en prenant le chemin des écoliers : Porte de Damas, le souk, le Saint-Sépulcre (quelle foule !) et retour à la maison par les petites rues. À un moment, un vieux commerçant assis devant sa boutique me dit : « Bonjour, comment ça va ? » dans un français parfait mais un peu lent. Je suis ébahi de me voir démasqué. Pour rentrer, me voilà avec un trousseau de clés que j’ai associé au porte-clés ecclésiastique tendance.
Après un verre de jus de pamplemousse, je range mes affaires, prends une rapide douche et m’effondre sur le lit. Je dors presque trois heures. Sur les 10 h, je quitte le Collège pour rejoindre l’École et effectuer les démarches administratives d’inscription. C’est vite fait et je rentre au Collège en prenant le chemin des écoliers : Porte de Damas, le souk, le Saint-Sépulcre (quelle foule !) et retour à la maison par les petites rues. À un moment, un vieux commerçant assis devant sa boutique me dit : « Bonjour, comment ça va ? » dans un français parfait mais un peu lent. Je suis ébahi de me voir démasqué. Pour rentrer, me voilà avec un trousseau de clés que j’ai associé au porte-clés ecclésiastique tendance.
Il est bientôt 13h, c’est l’heure du repas avec les
Frères. À table !