Cher tous,
Voici près de deux mois que je suis rentré de ce fabuleux séjour en Terre Sainte. Ce message, sans être nécessairement le dernier, voudrait être comme la conclusion de ces six mois denses, forts, riches de découvertes, que je commence seulement à “digérer”…
Le mois d’août a débuté dans la gare centrale de Jérusalem… drôle d’endroit pour renouveler sa promesse scoute. Je suis parti à 7 heures du matin en bus, direction Eilat. Arrivée à 11h, puis bus jusqu’à la frontière égyptienne. Le poste de frontière s’appelle Taba, ce qui occasionne quelque calembour lors du passage à Taba… Je craignais un peu le passage puisque j’avais un Laguiole dans mon sac. Justement, le douanier me demande : « Vous avez un couteau dans votre sac ? » Juste au moment où j’allais répondre, son collègue trouve dans mon grand sac à dos quelques livres…
– What is it ?
– A prayer book. (C’était mon missel)
– What is it ?
– The Bible.
– What is it ?
– A prayer book. (C’était mon bréviaire)
– A prayer book. (C’était mon missel)
– What is it ?
– The Bible.
– What is it ?
– A prayer book. (C’était mon bréviaire)
En plus, il a trouvé une liasse de dépliants touristiques des parcs naturels israéliens. Du coup, la question sur le couteau était oubliée… Ouf !
Là, j’ai pris un taxi vers le monastère Ste-Catherine. Ça faisait bien quinze ans que je voulais y aller. En fait, au 19°, un érudit allemand a trouvé, dans ce monastère grec orthodoxe, un des plus vieux manuscrits du Nouveau Testament, daté du 4° siècle : le manuscrit Sinaïticus.
Et puis, c’est le lieu où la tradition chrétienne situe la rencontre de Moïse avec le Buisson Ardent et la remise des tables de la loi après la traversée de la Mer des Roseaux.
J’ai attendu un bon moment que le groupe de la JF de Bitche arrive. Joie de retrouver certaines têtes connues et d’en découvrir d’autres… Je retrouve surtout Blandine, ma sœurette. Nous ne nous sommes pas couchés trop tard car nous devions nous lever tôt… En effet, à deux heures, nous étions debout et une demi-heure plus tard, en route. Il y avait un jeune bédouin qui nous guidait mais nous l’avons vite perdu au milieu de la foule et des chameaux : « Camel Ride ! Camel Ride ! Good price ! » En effet, la montée manque singulièrement de poésie… On voudrait imaginer Moïse, montant au sommet de la montagne coiffée par la nuée mais les circonstances n’apportent aucune aide.
Heureusement, la dernière demi-heure de montée n’est pas adaptée pour les chameaux. On pourrait penser que nous allons alors être tranquilles mais, au sommet, ce ne sont plus des chameaux que l’on nous propose mais… « Blanket, mattress, good price for you ! »
Avec Blandine, nous avons marché bon pas, régulièrement et nous sommes arrivés assez vite, vers quatre heures du matin. Encore pas mal de temps à attendre avant de voir l’astre du jour se lever. Prière, échange et…
À l’heure dite, une pâle tache rouge s’est montrée derrière les montagnes au loin… Quelle beauté… Nous avons célébré les Laudes mais comme une personne de notre groupe était restée en bas, nous avons dit la messe à l’hôtellerie du monastère. La descente m’a paru plus longue que l’aller. Visite rapide du monastère : l’église, le buisson ardent… J’ai regretté de ne pas avoir le temps de contempler les quelques manuscrits de la bibliothèque visibles par le public.
Nous avons bien roulé vers la frontière mais auparavant, nous avons mangé dans un de ces hôtels de luxe qui bordent le rivage de la Mer Rouge. Évidemment, nous nous sommes baignés.
En passant la frontière, nous avons retrouvé Nadine, notre guide. Ensuite, notre pèlerinage a été assez semblable au précédent. Ce fut tout aussi sympa.
Nous avons visité le sanctuaire du livre qui expose à Jérusalem quelques uns des manuscrits de la Mer Morte. En dessous, une exposition autour du Codex d'Alep, un manuscrit hébraïque du 10° siècle. Pour un étudiant en Bible, cela fait partie des manuscrits mythiques. J'ai, malgré l'interdiction, pu prendre une photo... La voici.
Le dernier jour, nous avons visité Césarée maritime et j’ai présidé la messe dans les ruines de la cathédrale Saint-Paul construite par saint Louis. Ensuite, nous avons filé vers l’aéroport. Là, nous avons dit au revoir à Nadine, notre guide et à Nabil, notre chauffeur. Le groupe avait son avion à 16h00, nous sommes donc arrivés à l’aéroport à 13h00… Mon avion était à 1h00 du matin… J’ai donc attendu avec mon sac jusqu’à ce que l’enregistrement commence… J’ai été l’objet d’une particulière attention de la part des services de sécurité. Ils avaient collé sur mon passeport des autocollants couverts de signes cabalistiques. Dès que je montrais mon passeport, je voyais leur visage se décomposer et le ballet des questions reprenait… Finalement, je suis passé.
Le voyage en avion eût été tranquille sans la présence à mes côtés de Binyamîn, un garçon israélien d’origine française. On a pas mal discuté, j’ai été soufflé par sa connaissance de la Torah, si tous nos enfants du catéchisme connaissaient leur évangile à ce point… Il était pourtant un brin capricieux et n’a pas cessé de faire tourner en bourrique les hôtesses de l’air, qui m’ont demandé (en hébreu) si c’était mon frère… Glups !
Enfin, me voilà à Paris. Retour en France.
Après un bon mois à Notre-Dame de Vie, me voici à Rome depuis une semaine. Maintenant, il faut se remettre au travail et retrouver la vie romaine pour un dernier semestre d’études.
Je commence à percevoir les enseignements de ce long séjour en Terre Sainte, tant du point de vue académique que spirituel. L’École Biblique est un lieu fascinant pour étudier ; le séjour à Jérusalem permet de vivre et prier sur les lieux saints mais aussi de rencontrer les chrétiens qui habitent sur ces lieux, avec les difficultés qu’ils ressentent sur cette terre déchirée, ce pays « qui dévore ses habitants ». Au bout de six mois, on n’éprouve qu’une envie y retourner. J’espère que j’en aurais la possibilité. Je prie pour vous, priez pour moi.
À bientôt,
Étienne+